Nᴇᴍᴇsɪs [TERMINÉ]

~Seventy-nine

-"Qu'est-ce que tu fais debout ?"

Irène leva la tête vers Théo qui la fixait depuis la cuisine.

Elle termina de descendre les escaliers, pieds nus sur le marbre blanc, et s'approcha de lui à petites enjambées.

-"Je venais boire." Avoua-t-elle en chuchotant. "Et toi ?"

-"Pas sommeil." Répondit à son tour le garçon.

Il s'écarta pour la laisser remplir son verre et l'observa un instant.

C'était différent, désormais qu'elle n'avait plus ses longs cheveux. Elle semblait plus grande, en taille, mais quelque chose aussi se dégageait de son âme.

Quelque chose de bien plus fort qu'avant.

Son regard le croisa, resta un instant interdit.

-"Qu'est-ce que tu as sur le cœur ?" Souffla Irène en ressentant son besoin de s'ouvrir.

La bouche de Théo se fit plus sèche, il tenta vainement de déglutit, les reins collés au rebord du plan de travail.

-"Rien." Il eut un sourire. "Je suis content que tu te sois réconciliée avec Mattheo."

Elle ne dit rien. Elle avait cette capacité assez impressionnante de maîtriser ses émotions, et Théo ne comprenait même pas comment est-ce qu'elle arrivait à apprécier Mattheo qui, au contraire, n'arrivait à en contenir aucune.

Mais après tout, les sentiments ne se maîtrisaient pas, eux.

Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas prit le temps de parler à Théodore.

Elle avait toujours trouvé chez lui une oreille attentive et une épaule diligente, mais le temps les avaient séparés bien brutalement.

Elle regarda son bras caché sous sa large chemise en lin.

-"Es-tu heureux ?" Demanda-t-elle soudainement.

Surpris par la question, Théo ne répondit pas immédiatement.

Suivant son regard, il comprit alors de quoi elle parlait et serra son bras de son autre main, comme pour tenter de cacher ce qui ne se voyait même pas.

-"Je suis heureux quand je suis avec vous." Il voulut s'approcher pour ébouriffer ses cheveux mais elle recula d'un pas.

-"Mais dans la vie, Théo, es-tu heureux ?"

Il referma sa bouche, semblant réaliser qu'effectivement, avec une certaine pointe de nostalgie, Irène était devenue bien différente.

-"Tu es mignonne." Avoua doucement le garçon en souriant tristement. "Et toi, Irène, es-tu heureuse ?"

Elle ouvrit la bouche, puis la referma.

Que dire ? Elle n'y avait pas songé.

-"Je pense que oui." Répondit-elle alors perdue dans ses pensées. "Je me réveille le matin en ayant hâte de la journée, qu'elle soit bonne ou mauvaise, parce que je sais que je serais avec vous." Elle releva la tête. "Et même si je ne suis pas avec vous, je me lève pour aller vous retrouver."

Il se pinça les lèvres, se rendant compte de quelque chose.

Il fut sur le point d'ouvrir la bouche, de dévoiler ce qui le pesait, ce qui le hantait, lorsque du bruit se fit entendre dans les escaliers.

Ils se tournèrent comme un seul homme vers Pansy qui les descendait, les yeux toujours fermés.

-"J'ai faim." Minauda-t-elle en s'approchant. "Pas vous ?"