Chapitre 3

822 23 2
                                    

     Après presque un jour de voyage avec des escales à Los Angeles et Tahiti, Anissa arriva enfin au sud de l'île devant l'hôtel qui se dressait face au lagon. La fatigue accumulée durant le voyage pour rejoindre ce lieu difficile d'accès laissa alors place à un fort enthousiasme.

     En effet, d'abord éblouie par le soleil, Anissa le fut ensuite par la magistrale façade qui s'offrit à son regard. Pour cause, elle avait devant elle un bâtiment blanc d'une grande beauté dont le sommet, une coupole décorée de fleurs de Tiare, rayonnait sous le ciel bleu azur. L'accès à l'hôtel se faisait par un large escalier agrémenté de part et d'autre de hauts palmiers et de fontaines. Une végétation tropicale et luxuriante décorait l'allée principale et de magnifiques bougainvilliers ornaient la façade du bâtiment. Le tout se mettait en scène dans un ensemble très harmonieux et visuellement spectaculaire.

     La température était lourde, l'air moite, et le vent chaud, mais cette nette opposition avec le temps, même estival de Paris, fit un grand bien à la jeune femme. Ce n'était pas la même chaleur, vous empêchant de bouger et émanant en grande partie de la pollution, non. C'était de celles qui vous confirment que le temps des vacances est arrivé. 

     Le bagagiste vint alors à la rencontre d'Anissa et récupéra ses valises. Lorsqu'elle monta une à une les marches, elle sentit ses muscles se détendre au gré du chemin parcouru. Tout en admirant la beauté du lieu où elle allait séjourner, quelques gouttes d'eau des fontaines éparpillées par le vent la rafraîchirent.

     Une fois arrivée en haut, Anissa s'engouffra alors avec plaisir dans ce palace en traversant une imposante porte tambour, surplombée du nom de l'hôtel, Le Placeo. Lorsqu'elle prit la direction de la réception en face de l'entrée, Anissa regarda autour d'elle : la grande hauteur sous plafond mettait en valeur le toit fait en pandanus tressé. À la gauche de la jeune femme se trouvait respectivement un bar tandis qu'à sa droite, elle put lire les enseignes de quelques prestigieuses boutiques. Anissa remarqua également le double escalier circulaire au bout du hall qui menait au premier étage. L'endroit aurait été idéal pour un défilé à Paris.

— J'ai réservé une chambre au nom de Morau.

— Oui, bien sûr... Anissa Morau, s'exclama la réceptionniste avec un large sourire. Alors... voilà, vous avez la suite numéro 22, à la pointe de l'hôtel, comme convenu. Je vous invite à suivre le bagagiste juste ici, il va vous y conduire.

— Et pour l'accès à internet, c'est possible d'avoir un code ?

— Oui, bien sûr, il est déjà dans votre chambre. Si vous avez la moindre demande, n'hésitez pas. Je vous souhaite un bon séjour, dit poliment la réceptionniste avant de se retourner vers ses collègues impressionnées par l'arrivée de cette styliste de renommée mondiale.

     Amusée de cette petite scène, Anissa emboîta le pas au bagagiste. Lorsqu'elle monta les marches de l'escalier, son regard fut alors attiré vers le haut. En effet, au-dessus d'elle, se dressait le somptueux dôme décoré de fleurs de Tiare, laissant filtrer une douce lumière tamisée.   

     Arrivée au premier étage, l'ambiance du lieu suivit  la même ligne directive : la combinaison d'un savoir-faire local et de l'utilisation de matériaux nobles se perpétuait ici, et imprégnait le lieu d'une ambiance détendue et délicieuse.

     Anissa eut l'impression de se trouver dans un de ces bungalows caractéristiques de Bora Bora.  Pour cause, les murs étaient d'un blanc immaculé et percés d'ouvertures qui donnaient sur l'extérieur : se mélangeaient ici simplicité et volupté. Le plafond tressé était mis en valeur par la pureté de l'endroit. Juste en face d'elle, un balcon embrassait une partie du dôme de fleurs, et offrait une vue à cent quatre-vingts degrés qui vous coupait le souffle. Le lagon, d'un bleu azur, ceinturait l'île principale de Bora Bora dont le volcan, éteint depuis des millions d'années, était des plus impressionnants. Les hublots de l'avion avaient déjà habitué Anissa à une vue magnifique.

     Talonnant le pas au bagagiste, elle prit le couloir sur sa droite puis tourna au bout pour atteindre l'aile Est de l'hôtel. C'est finalement devant une vingtaine de portes qu'ils passèrent, ce qui lui confirma que ce n'était malgré tout, pas un grand hôtel. Il serait donc aisé de travailler dans de bonnes conditions.

     Arrivé à l'entrée de la chambre 22, le bagagiste se tourna vers Anissa tout en prenant soin d'ouvrir la porte pour l'inviter à entrer, avant de se retirer. Après avoir emprunté le vestibule, elle remarqua tout d'abord un spacieux dressing à sa droite tandis qu'une salle de bain  sur la gauche disposait en son centre d'une large baignoire en pierre blanche. Une double vasque en céramique, un imposant miroir et quelques plantes venaient rajouter du charme à cette dernière. Aussi, un mur en verre dépoli sur lequel de l'eau ruisselait délimitait la salle de bain du reste de la suite.

      Continuant la visite jusqu'à la chambre, Anissa constata que le luxe régnait ici en maître. Dans cette pièce, séparée par quelques marches en deux niveaux, trônait un lit à baldaquin King Size qui attira tout de suite son attention. On pourrait bien caser trois ou quatre hommes là-dedans.

     En balayant du regard le reste de la suite, elle observa le salon meublé qui lui parut fort confortable. Les deux espaces étaient séparés par un large pot rectangulaire qui contenait de petits bougainvilliers et hibiscus. La décoration épurée permettait de ne pas alourdir la pièce. Anissa s'approcha d'une des baies vitrées qui bordait la chambre sur toute la longueur et put ainsi admirer une vue imprenable sur le reste de l'île. Choisir cette suite était vraiment une bonne idée !

     Elle décida alors d'aller faire un tour sur la terrasse et se saisit au passage de la télécommande posée sur la table basse pour allumer les enceintes Bluetooth. Lançant sa playlist « détente », elle s'accouda à la rambarde et se délecta de la vue offerte par cet impressionnant lagon de camaïeu de bleus.

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant