En corps de toi

Chapitre 24

— Clarke !

     Aucune réaction. La musique l'emportait sur la voix. Peut-être y mettait-il aussi un peu de mauvaise foi.

— Oh... Clarke !

     Il daigna tourner la tête.

— Quoi ? bougonna-t-il un brin agacé.

— La boîte va fermer ! informa Mathilde tout en montrant sa montre. Ils vont bientôt couper la musique, qu'est-ce que vous faites ?

     Les deux jeunes gens se séparèrent à contre cœur devant bien admettre qu'il était temps d'y aller. Anissa fut heureuse de passer son bras sous celui de Clarke avant de sortirent de la salle car ses pieds commençaient à lui faire regretter ses talons élégants mais étroits. En atteignant l'extérieur, une chape d'air humide s'abattit sur eux et vint porter le coup de grâce à leur peau brulante. Déjà, des taxis attendaient sur le bas-côté de la route dans la pénombre qui précédait l'aube. Marie et Mathilde furent les premières à monter dans l'un d'entre eux. Avant de faire de même, Sarah s'adressa à Clarke resté en retrait :

— Tu ne viens pas ?

— Si, j'arrive dans deux secondes, lui répondit le jeune homme.

     En se tournant vers Anissa, il se dit qu'il avait bien envie de prolonger le moment... Enfaite, il n'avait surement jamais désiré autant une femme de sa vie.

— Ça a été une agréable soirée en ta compagnie, dit-il une fois arrivé devant les véhicules.

— Ressenti partagé, répondit Anissa en lui déposant un baiser sur la joue. Ce fut un plaisir, Clarke.

     Et avant qu'il n'ait pu rajouter quelque chose, elle se dégagea de son étreinte et monta dans le second véhicule en lui adressant un large sourire.

— Anissa ? interpella-t-il tout en retenant la portière de la voiture dans laquelle elle se trouvait.

     La jeune femme releva la tête vers lui. Les yeux du jeune homme étaient sombres et sa mâchoire crispée. Ce froncement de sourcil, symbole récurrent de sa contrariété, se trouvait lui aussi présent. Cet air mécontent le rend encore plus sexy bordel !

— Alors tu fuis comme ça ... Et fuiras-tu demain ?

— Tout dépendra des conditions.

— Que dis-tu d'un dîner ?

     La joie s'éploya dans son ventre mais bien à elle de le lui montrer.

— Demain soir ? Il faudra voir avec mon agent, plaisanta la jeune femme. À demain, Clarke.

— À demain, Anissa, répondit-il tout en laissant échapper un sourire contrarié.

     Il referma la portière sans insister. Anissa donna le nom de l'hôtel au chauffeur et la voiture démarra. La jeune femme se renversa dans son siège et soupira. Elle avait dû se faire violence pour ne pas finir la soirée avec lui. L'alcool redescendu, elle s'était rendue compte qu'elle ne voulait pas encore mettre fin au jeu de séduction entre eux bien en place maintenant. C'était l'une des parties qu'elle préférait et le faire durer ne pourrait qu'intensifier le passage à l'acte.

     La jeune femme s'étonnait elle-même d'avoir réussi à résister à Clarke ne serait-ce qu'une soirée de plus et s'en trouva satisfaite. Même les hommes qui l'attiraient irrésistiblement ne pouvaient plus faire d'elle ce qu'ils voulaient. Elle tenait les rênes, et ça, ça lui plaisait terriblement.

     Dans le véhicule qui empruntait les routes encore sombres de l'île, elle se demandait maintenant ce que pouvait bien lui réserver demain. Clarke, sans doute insatisfait de la veille, promettait d'être terrible.