Chapitre 49

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     Romuald et Anissa s'assirent à une table abritée du soleil, leur verre à la main.

— Alors, tu es bien rentré vendredi ? se renseigna la jeune femme.

— Le taxi a un peu tardé mais je suis bien revenu et j'ai dormi comme un bébé.

—    Tant mieux alors, si ton mal est passé.

— Oui, et tu sais, je suis encore désolé pour la dernière fois...

— Non, ne t'inquiète pas, c'est pardonné, oublié, tout ce que tu veux. Pas grave vraiment ! le rassura Anissa en sirotant sa limonade.

— C'était sympa comme boite m'a dit Clarke en plus. Vous vous êtes bien amusés ?

     La jeune femme le fixa soudainement. Elle sentit ses joues s'empourprer. Était-il au courant pour Clarke et elle? Elle n'en savait rien mais le ton employé par Romuald ne semblait pas être chargé d'un quelconque soupçon. Dans le doute, mieux valait faire comme si de rien n'était.

— Oui, la musique était sympa, comme l'ambiance d'ailleurs. Je suis sûre que tu t'y serais bien plus !

— Oh, je ne suis pas très bon danseur, tu sais ! confessa Romuald.

— Tu te débrouilles mieux que Clarke je pense en tout cas. En même temps ce n'est pas très difficile !

—    Ah oui ? Il danse si mal que ça ? questionna le jeune homme intrigué.

— Comme un manche ! Deux pieds gauches ! Et peu de coordination, mentit Anissa pour s'amuser.

     Elle lui devait bien ça après tout, c'était le minimum syndical qu'elle puisse faire.

— Je ne pensais pas ça de lui ! J'avoue qu'il me déçoit fortement ! plaisanta Romuald.

     Tant qu'on parle de lui, autant mettre les pieds dans le plat.

— Et tu savais toi qu'il avait une femme ?

— Fiancée il me semble. Eh oui, je l'ai appris il y a quelques jours seulement en écoutant une conversation téléphonique.

     Anissa s'en étonna. Elle ne put réprimer des yeux ronds. Il avait donc caché la vérité à tout le monde, même à une personne qu'il qualifiait « d'ami ». Il n'est vraiment pas celui qu'il prétend être !

— C'est bizarre tout de même qu'il n'en parle pas ! Même à toi ... Je ne voudrais pas d'un homme qui m'assume si peu ! s'insurgea la jeune femme pour pousser Romuald à prendre parti.

— Oui, si tu veux mon avis, dès lors qu'un homme ne se présente pas comme en couple, c'est qu'il semble regretter de s'être engagé. Pour moi, Clarke, il pense encore à sa vie lorsqu'il était libre et essaye d'en retrouver des souvenirs dès qu'il en a l'occasion.

     Je ne te le fais pas dire.

— Ça ne m'étonnerait pas qu'il la trompe après tout. Les hommes infidèles se présentent souvent comme célibataires ! D'ailleurs je l'ai vu la dernière fois au spa avec une autre femme, raconta Anissa. Il s'est peut-être passé quelque chose entre eux.

     Romuald plissa les yeux un instant pour réfléchir, faisant disparaître ses yeux verts derrières ses paupières. Sa bouche pincée renfonça ses lèvres. Il ne va pas tarder à disparaître s'il continu.

— Blonde ? Et pas très grande de taille non ?

— Blonde oui. Et pour la taille c'est possible. Pourquoi tu la connais ?

— Oui, c'est Samantha. Mais cette fille n'intéresse pas Clarke. Elle ne fait que lui coller au basque depuis qu'il est arrivé.

— Ah oui ? Enfin, il a peut-être pu tromper sa femme avec une autre qui sait.

     Romuald sourit à ces propos.

— Et ça t'amuse ? observa Anissa. Pauvre Mélonie, elle s'enterre dans une relation vouée à l'échec.

—  Leur couple n'est pas une exception. C'est le problème de bien des hommes malheureusement !

— Une belle bande de connards ! plaisanta Anissa.

     Romuald s'éclaircit la gorge et bomba le torse.

— Ne généralisons rien, il existe encore de vrais hommes, comme moi !

— Ah oui ? Arrête, tu aimes bien les femmes toi aussi !

— Non mais... tenta-t-il de se justifier en levant les yeux au ciel. Bon oui, c'est vrai je te l'accorde ! Mais aussi il y a tellement de belles femmes dans ce monde, c'est invivable ; c'est vrai que des fois on craque!

— Waouh ! Quelle excuse incroyable ! Non, je pense que quand tu auras trouvé la bonne, ce sera inconcevable pour toi de la tromper.

— C'est sur que dès que tu t'octroies le droit d'aller voir ailleurs, c'est que tu n'es pas amoureux. Mais, il y a des femmes aussi qui se plaisent bien à ce petit jeu !

— Oh, beaucoup moins j'ai l'impression ! Vous, vous trompez pour la chair, nous, on trompe plus par amour. Ou alors c'est que le cul a connu des jours meilleurs !

— Oui, mais dans tous les cas, c'est insultant pour nous ! s'exclama Romuald en riant. Tu caches bien ton jeu en vrai ! On ne dirait pas comme ça hein, au premier abord, tu as l'air plutôt calme, posée et ...

— Et quoi ? demanda la jeune femme amusée.

— Et grande diva, je l'avoue.

— En vérité, on me le dit souvent mais ce n'est qu'au premier abord, non ?

— Oui, en fait tu es très simple comme fille, pas du tout hautaine ou désagréable loin de là. Et puis marrante, tu rigoles sur bien des sujets.

— Oh ! Merci, et toi je pensais que tu étais, eh bien, ... lourd ? avoua Anissa légèrement embarrassée.

— Lourd ? Comment ça ?

— Eh bien, au premier abord, tu avais l'air d'être très entreprenant avec les femmes, peut-être même un peu trop... Mais pareil, une fois qu'on apprend à te connaître, tu es vraiment quelqu'un de gentil.

— Ah oui ?

— A-do-ra-ble je dirais même ! articula Anissa en souriant.

— Oh arrête ! Je vais finir par rougir ! plaisanta Romuald en détournant le regard.

     Il porta alors son verre de jus à sa bouche comme pour se rafraîchir de cette déclaration. Mais en avalant une gorgée, il perdit soudainement son sourire et prit un ton sentencieux.

— Alors, tu t'en vas bientôt toi, non ?

— Oui, demain dans la matinée... Comment tu sais ça ?

— Déjà ! Ce sera passé si vite ! Clarke m'a dit partir demain aussi pour un autre hôtel. J'en ai déduit que vous y alliez sûrement tous ensemble vu que vous avez des amis en commun.

     Anissa acquiesça. Elle était tout de même attristée de quitter ces lieux. L'endroit était splendide et l'avait pleinement inspiré pour son travail.

— Tu verras, les bungalows de Bora Bora, c'est vraiment quelque chose ! C'est un autre monde, au contact même de l'eau ! J'ai déjà loué une maison comme ça, et c'est la meilleure chose que j'ai pu faire sur cette île.

— Oui, c'est vrai que ça doit être incroyable... Et toi alors, qu'est-ce que tu vas faire une fois qu'on sera parti ? Tu vas être perdu !

— Oh tu sais, mes vacances vont enfin pouvoir commencer !

— Arrête ! On va te manquer, je le sais !

— Affreusement !

     En effet, Romuald comptait encore rester une grosse semaine ici. Peut-être même deux. À vrai dire, il ne le savait pas lui-même. Mais la présence de certaines personnes au sein de cet hôtel le motivait à ne pas partir.

— Ah, Mathilde va passer à la casserole ?

— Ah ! Ah ! Qui sait ?

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant