Chapitre 80

98 10 16
                                    

     Clarke essaya de la retenir, mais elle le repoussa violemment et se dirigea vers le groupe. Anissa la vit venir de loin, le regard noir, une fureur à peine masquée peinte sur le visage. L'humeur plus légère d'il y a quelques instants s'envola. Une boule de tension gonfla dans le ventre d'Anissa. Je dois me préparer à me battre là, sérieusement ?

— Clara, je crois qu'on a un problème, lui souffla la jeune femme.

— Quoi ?

— Regarde !

Les gens assis se tournèrent comme un seul homme vers Mélonie qui arrivait telle une tornade.

— Toi ! s'exclama-t-elle en montrant du doigt Anissa. Oui, toi, là !

     Anissa ne broncha pas. Rester calme face à une personne hystérique était difficile, mais d'autant plus déstabilisant pour son adversaire. L'alcool coulant dans ses veines lui donnait de l'assurance.

— Tu m'as menti droit dans les yeux ! Tu m'as dit qu'il ne s'était jamais rien passé entre Clarke et toi !

     Toutes les conversations se turent. Ne restait ironiquement plus que la musique festive en bruit de fond. Les quelques personnes encore en train de se baigner dans le lagon sortirent de l'eau pour venir observer la scène. Les gens ne savaient à qui dédier le monopole de leur regard mais tout le monde attendait la surenchère d'Anissa. La jeune femme sentit que Jemma allait sauter à la gorge de Mélonie et la retint.

— Anissa, je suis désolé, je ne voulais pas en arriver là ! s'exclama Clarke qui s'était placé à côté de Mélonie.

     Ses yeux fiévreux semblaient s'excuser par avance de tout ce qui allait se passer. Anissa les dévisagea tour à tour, le visage inexpressif, la bouche sèche. Elle tentait de maîtriser la myriade de pensées et d'émotions qui lui assouvissaient l'esprit. Elle s'avança alors vers eux et prit la parole.

— Bon Mélonie, viens plutôt parler là-bas, on ne va pas gâcher la soirée de tout le monde. Quel est le problème ? demanda-t-elle placidement tout en l'invitant à la suivre.

— Le problème ? Tu m'as affirmé, je dis bien affirmé que tu ne lui avais parlé qu'en coup de vent ! Et là, qu'est-ce que j'apprends ? Que tu as dansé avec lui collé-serré ? Tu ne te fous pas un peu de ma gueule ? s'emporta la jeune femme qui s'arrêta de marcher.

     Anissa s'arrêta à son tour, en laissant une distance de quelques mètres entre elles. Clarke et Jemma les rejoignirent.

— Mélonie calme toi pourquoi tu te sens obligée de parler comme ça ? s'exclama Jemma d'une voix tranchante.

     Mélonie ne releva pas la remarque, ses yeux empreints de rage restèrent fixés sur Anissa.

— Oui, on a dansé et après ? Nos discussions sont restées succinctes malgré tout.

— Et quand t'es passé dans son lit, c'était succinct aussi ?

     Anissa sentait le rouge lui monter aux joues. De quel droit se permettait-elle de faire un scandale comme si elles n'étaient que toutes les deux ? Et de quel droit se permettait-elle de penser que c'était à la maîtresse qu'elle devait s'en prendre avant même d'aller voir son fiancé ?

— Tu sais quoi ? lui demanda Anissa tout en plongeant ses yeux dans ceux de Mélonie.

     Cette dernière laissa échapper un rire sardonique et croisa les bras.

— Je t'écoute, vas-y. Suce-moi comme tu l'as fait ce matin vu que tu n'es bonne qu'à ça.

— Mélonie, tais-toi un peu, dit Clarke.

     Le jeune homme se prit la tête entre les mains. Comme il aurait voulu être ailleurs. Il avait tellement redouté ce moment, tellement eu peur que les choses tournent de cette façon... c'était pourtant inévitable tant qu'ils se trouvaient tous les trois sur l'île. Bordel, qu'est-ce que j'ai fais ?

     Clarke jeta un coup d'œil nerveux vers Anissa. Ses traits se voulaient étonnamment sereins. Pourtant, le jeune homme l'avait cerné maintenant. Le trouble dans ses yeux la trahissait : Anissa souffrait beaucoup de cette situation. Cette situation dans laquelle il l'avait mise et dont-il était responsable. Clarke laissa échapper un juron. Sa tête bourdonna en présageant ce qu'Anissa allait dire.

— Tu sais quoi ? Il y a eu une conversation qui n'a pas été succincte hier soir. Hier soir quand tu es partie plus tôt. Ton fiancé m'a expliqué en détail toute la pression psychologique que tu lui fais subir et pourquoi ton vice est la seule raison pour laquelle il est obligé de rester avec toi. Et tu n'as même pas honte, conclut Anissa.

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant