Chapitre 45

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— Quel enculé !

     C'est la gorge sèche et la respiration difficile qu'Anissa tenta de se remettre de ce qu'elle venait d'apprendre. De la bouche de son amie, même pas de celle du principal intéressé.

— Comment j'ai pu ne rien voir venir ? Comment !

— Je suis désolée, si j'avais su avant que c'était lui je te l'aurais dit, se reprocha Clara en la prenant dans ses bras.

     Anissa perdit tout contrôle. Elle crépitait d'une rage non contenue. C'était trop de sentiments et d'émotions différentes qui se bousculaient dans son corps. Elle se sentait à la fois perdue, dévastée, stupide.

— Et fiancé en plus souffla la jeune femme les larmes aux yeux. Comment a-t-il pu faire ça ? Et sa femme... C'est dingue, j'ai l'impression que c'est moi qui ai été trompée, mais j'ai été que l'amusement, celle qu'on baise quand on est en manque, putain !

     Cette situation faisait ressurgir en elle des sentiments qui ne lui étaient que trop familiers.

— Ne dis pas ça Anissa. Vois plutôt qu'il n'a pas su te résister malgré Mélonie, tenta de réconforter son amie sachant par avance la difficulté de la chose.

— Mélonie... Et en plus Mélonie ! Non qu'on m'enterre, ce n'est pas possible ! Cette Mélonie ? Je n'arrive pas à y croire ! On n'a absolument rien en commun !

     Anissa se dégagea de l'étreinte de Clara. À la colère se rajoutait maintenant la douleur et elle avait grand besoin de s'exprimer. Marchant de long en large dans la chambre, elle sentit ses nerfs se serrer et son sang bouillonner. Ses larmes lui brûlaient les yeux. Elle n'avait qu'une envie, se rendre dans la chambre de Clarke et le gifler.

     N'écoutant que son instinct qui la dominait, Anissa se dirigea vers la porte de sa chambre, mais Clara la retint de justesse.

— Et, Et ! Qu'est-ce que tu fais ? Tu ne vas quand même pas aller là-bas !

— Je vais me gêner, tiens ! Peut-être même que j'arriverais au bon moment, quand ils seront en train de copuler là où on la fait il y a quelques heures ! vociféra Anissa.

     Une larme de rage coula le long de sa joue. Clara attrapa ses poignets et la força à aller sur la terrasse. On entendrait sûrement moins ses cris dans tout l'hôtel et il lui fallait de l'air. Vite. Elle la fit s'asseoir et se plaça à côté d'elle.

— Sèche-moi ça chérie. Tu n'es pas à ton avantage quand tu pleures. Écoute, tu es énervée, enragée même. C'est légitime. Mais prendre des décisions dans cet état ne va pas arranger la situation, je t'assure.

— Qui a dit que je voulais arranger la situation ? Il ne va pas s'en sortir comme ça.

     Elle avait parlé d'une voix si rauque et basse que Clara eut du mal à l'entendre. Cette dernière avait rarement vu son amie dans cet état. Sentant le chagrin la transpercer, Anissa rejeta la tête en arrière, les yeux fermés. Clara la força à la regarder.

— Pense un peu à toi. Tu crois vraiment que débarquer dans sa chambre à une heure pareille dans cet état va être bénéfique pour toi ? demanda son amie dune voix douce et compatissante. Tu iras le voir demain si tu veux. Pour tout lui dire, lui cracher au visage même si l'envie t'en prend. Mais sil-te-plaît, aie au moins l'intelligence de réfléchir à tout ça et d'agir seulement à tête sera reposée. Crois-moi, une vision avec plus de recul sur la situation te permettra une bien meilleure attaque. Et tu risques d'avoir beaucoup de regrets d'agir à chaud comme ça. Alors, tu peux le faire pour moi ?

     Anissa avait écouté son amie en silence, la bouche tordue, les mains tremblantes. Elle étouffa un sanglot.

— Je pense, oui...

     Clara se rapprocha de la jeune femme et prit sa tête entre ses mains. Elle essuya une larme qui coulait encore le long de sa joue rougie. Son amie hoquetait toujours douloureusement malgré ses larmes taries.

— Et si tu veux pleurer de dégoût, de rage ou même de tristesse, eh bien pleure, fais le maintenant. Personne ne te jugera et certainement pas moi. Mais je veux que ce soit les seules et dernières larmes que tu verses pour ce salaud. Demain, je ne veux plus voir cette Anissa triste et vulnérable d'accord ?

— Demain sera un autre jour... Je vais me le faire mais d'une toute autre manière, chuchota la jeune femme avant de ravaler ses larmes.

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant