Chapitre 43

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     Ses yeux peinaient encore à s'ouvrir.

— Tu es si belle quand tu prends du plaisir Anissa.

     Lorsqu'il ramena son corps contre le sien, elle eut envie de lui dire un je t'aime. Mais le pouce de Clarke finit sur sa bouche avant qu'un son ne puisse en sortir et il posa doucement ses lèvres sur celle de la jeune femme.

     Remise de ses émotions, Anissa grimpa de nouveau sur lui. Quelques mèches de cheveux chatouillèrent son torse sous l'assaut de ses baisers sur son corps. D'une main, elle caressa et titilla un téton. Elle commença à le lécher, le mordiller, le sucer et l'aspirer.

— Je crois que l'autre est jaloux, murmura Clarke les yeux fermés.

     Anissa réserva le même sort au deuxième tandis que le jeune homme lui caressait les cheveux.

— Ton corps me rend dépendant putain.

     Elle le fit taire à coups de baiser délicats.

— Je sais.

     Sa belle caressa son corps, le découvrit sous ses paumes, écouta sa respiration s'harmoniser à la sienne.

     C'était ce genre déchange, de complicité, de découverte de soi et de l'autre qu'elle appréciait plus que tout. Bien loin de l'idée classique et ancrée que la sexualité n'était qu'une affaire de pénétration. Déconstruire ce cliché et comprendre que deux corps avaient tout un panel de déclinaisons infinies à explorer. Elle eut une idée mais craignit la réticence de Clarke. Elle inspira alors et se lança.

— Ça te dit que je m'occupe de ta prostate ?

     Clarke écarquilla les yeux, ne s'attendant pas à une proposition de la sorte. Et merde, je n'aurai pas dû.

— Je n'ai jamais vraiment testé

— Ça peut être l'occasion si tu le souhaites.

     Clarke acquiesça en tentant de dissimuler une légère appréhension toutefois. Cette zone érogène pouvait donner à son détenteur des orgasmes tout aussi riches et complexes que les orgasmes féminins. À condition bien sûr, que l'homme en question soit prêt à passer au-dessus de l'idée grotesque que cela puisse remettre en cause son orientation sexuelle.

     Clarke se plaça en chien de fusil, position qu'il jugea la plus agréable pour lui. Anissa passa sa tête entre les jambes du jeune homme après les avoir légèrement écartées. De là, elle commença par stimuler la partie sous la base du pénis et les testicules jusqu'à l'anus par de légers baisers avant d'y laisser glisser sa langue. Un sentiment agréable comme une caresse chaude s'initia en Clarke et le détendit.

     Elle continua sa descente jusqu'à l'anus de Clarke quelle lécha à pleine bouche pour le lubrifier. De sa main libre, elle caressa en même temps son pli fessier avant de faire pression dans la raie de ses fesses. Elle s'attarda sur son petit trou et le pénétra avec sa langue pour réveiller doucement la zone avant d'y faire aller les deux premières phalanges de son index. Au souffle que Clarke laissa échapper, la jeune femme comprit quelle était sur la bonne voie.

— On ne me l'avait jamais fait avoua le jeune homme les yeux fermés. Et autant dire que j'aime beaucoup.

— Concentre-toi sur les sensations. Et surtout, lâche prise, ne cherche pas à contrôler quoi que ce soit.

     En touchant du bout du doigt le point P, Anissa le sentit prendre du volume. Elle caressa d'abord extrêmement doucement cette petite boule molle de la partie antérieure du rectum avant de la tapoter. Puis elle augmenta progressivement l'intensité de ses mouvements, qu'ils soient de haut en bas, en cercle ou de gauche à droite. Le jeune homme approuva plus ce dernier mouvement et sa respiration s'en ressentit.

     Il sentait son corps entier se réveiller progressivement sous l'assaut de son périnée et de sa prostate par les doigts et la bouche de fée de sa partenaire. En la guidant sur ses préférences, le plaisir commençait à monter de plus en plus fortement et des sensations jusqu'alors inconnues s'offraient à lui, telles des vagues de plaisir diffuses dans tout le corps.

     Clarke sentit son système veineux se gonfler et ses muscles se tendre. Ses jambes commencèrent à trembler et le plaisir à son apogée déboucha sur un orgasme bouleversant et très long qui exposa toute sa vulnérabilité. Anissa le laissa reprendre son souffle avant de lancer.

— Tu veux que je continue ?

— La même chose ? Je peux avoir d'autres orgasmes ? demanda-t-il intrigué.

— Ce n'est pas un organe éjaculatoire Clarke. Le nombre d'orgasme c'est toi qui le choisi.

     Il ne fallut pas plus d'argumentaire au jeune homme qui accepta. Anissa prit le temps de refaire monter l'excitation. Les mêmes mouvements, la même envie de donner du plaisir et les mêmes caresses.

     Clarke se sentit partir dans un orgasme encore plus fort que le premier qui transporta son corps entier en le prenant de l'intérieur. Le jeune homme, bouleversé et la tête en coton, trembla jusqu'au bout des orteils et il eut l'impression qu'une tétanie asservissait ses muscles. Il s'écroula sur le dos, abattu, encore transporté.

     Ce soir-là, il comprit que la disponibilité des organes génitaux ne signifiait rien face à l'envie de partager un moment avec une personne qu'on appréciait.

*

     Son corps était un refuge à ses peurs, ses doutes et ses problèmes. Dans ses bras elle oubliait tout. Son odeur la rassurait, sa peau contre la sienne l'apaisait. La tête posée sur sa poitrine, Anissa ne se sentit jamais aussi vivante qu'en écoutant le coeur de Clarke battre. Ses baisers, elle les avait ancrés sur son corps.

     Anissa s'accouda et l'observa un instant. Il dormait à en entendre la respiration plus forte que ses lèvres ourlées et entrouvertes laissaient échapper. Ses traits étaient d'une grande douceur et elle put remarquer que son front commençait à présenter les traces du temps. Sans doute son habitude de froncer les sourcils lorsqu'il était contrarié.

     Après un moment, la jeune femme finit par se lever à contrecoeur pour se rhabiller. Clarke se réveilla en sursaut et s'assit sur le bord du lit étonné. Il l'observa faire.

— Tu vas où ?

     Anissa releva les yeux vers lui, attendrie de voir sa mine encore endormie.

— J'ai mon amie qui arrive tout à l'heure et il faut que je me prépare. Tu peux rester si tu veux.

     Clarke ouvrit plus grands les yeux pour lire l'heure indiquée sur l'horloge derrière Anissa.

— Tu vas attendre jusqu'à 3h du matin les nouvelles arrivées ? Il n'est même pas deux heures.

— Elle compte sur moi pour l'accueillir et j'ai très envie de la revoir.

— D'accord, comme tu voudras. Je pense que je vais rentrer. Je suis fatigué, expliqua Clarke en se relevant. Ça ne te dérange pas ?

— Non, pas de souci, je comprends. Va te reposer. On se voit demain.

     Clarke enfila alors son short et remit à la hâte son tee-shirt.

— Au fait, il faut que je te dise hésita-t-il en palpant ses poches pour trouver sa clef de chambre.

     Anissa décela dans sa voix une certaine retenue. Il s'arrêta de chercher et plongea ses yeux dans ceux de la jeune femme. Il y lu une légère crainte et tenta de paraître rassurant.

— Non, laisse, on en parlera demain ce n'est pas grave.

— Comme tu voudras.

     Clarke se baissa alors pour attraper sa clef sur le sol.

— Elle était là ! s'exclama-t-il l'air victorieux.

     Anissa gloussa et le raccompagna jusqu'à l'entrée. Il lui déposa un baiser tendre et lui souhaita bonne nuit. Devant la porte de sa chambre, il se retourna et la vit sur son palier, un grand sourire sur le visage avant de disparaître de son champ de vision.

     Qu'est-ce que j'ai fait ?

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant