Chapitre 18

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     Il avait à peine eu le temps de penser à la soirée de la veille. Pour cause, sa journée avait été éprouvante et pleine de sensations fortes. Clarke avait adoré le jet-ski sur l'eau bleu profonde de Bora Bora, et encore plus apprécié le flyboard. Il avait eu la chance de croiser un banc de requins et quelques raies pastenagues.

     La beauté de la nature et de la faune sauvage de cette île le charmait inlassablement. C'était sans aucun doute son plus beau voyage. Ressourçant, revigorant. Le genre d'endroit où une fois passé, on ne rêve plus que de s'y installer.

     La tête pleine de bons moments, Clarke revint à l'hôtel d'humeur guillerette. Il alla voir en premier lieu Romuald pour prendre de ses nouvelles. Celui-ci lui ouvrit la porte au bout de quelques minutes, la tête encore dans les vapes :

— Ah ! C'est pas trop tôt ! Alors Romuald ? Pas bien réveillé ? s'amusa le jeune homme tout en entrant dans la chambre. Sympa ton pyjama.

— Je me suis recouché après le petit déjeuner. Il est quelle heure au fait ? demanda-t-il en se retournant vers son ami qui semblait vérifier si la chambre avait été correctement nettoyée.

— 19 heures.

     Romuald écarquilla les yeux et s'assit sur son lit comme abasourdi. Continuant d'observer la propreté de la chambre, Clarke laissa aller son regard vers le fauteuil au coin de la pièce Il se figea. Les images d'une Anissa torride qui s'apprêtait à venir à sa rencontre s'imposèrent à lui. Il serra les paupières et secoua rapidement sa tête comme pour les contraindre à l'oubli. Un frémissement ne put s'empêcher de parcourir sa peau.

— Déjà 19 heures ? Mais j'ai hiberné ou quoi ? J'ai eu un de ces maux de crâne.

— Allez ! Il faut se bouger ! N'oublie pas que ce soir on sort ! s'exclama Clarke avec enthousiasme tout en ouvrant les rideaux et la baie vitrée comme pour se changer les idées. Ça sent le bouc ici.

— Ah ! Oui, c'est vrai on sort, mais je ne sais pas si...

— Non, non. Pour une fois qu'il y a quelque chose à faire ! Tu n'as pas le choix. J'ai bien besoin d'une nouvelle soirée après celle que tu m'as faite passer hier !

— D'ailleurs à ce propos, j'ai croisé Anissa.

     Clarke stoppa toute activité et se tourna vers Romuald. Il concentra alors entièrement son attention sur lui sans que son ami, le regard dans le vide, semble s'en rendre compte.

— Et ... ?

— On a parlé un peu, mais tu sais que je me souviens à peine de la soirée que j'ai passée avec elle. Un peu décevant ! Elle n'avait pas l'air de m'en vouloir. Peut-être je n'ai pas fait tant de conneries que ça finalement.

— Ce n'est pas que tu as fait n'importe quoi, c'est juste que c'était une catastrophe, se gaussa Clarke. Je vois qu'elle n'a pas dû tout te raconter.

— Vraiment ? questionna Romuald qui commença à prendre peur.

— Non, vraiment, tu étais bourré à 22 heures à peine je pense. J'ai été obligé de te faire sortir du bar pour pas que tu t'en prennes à la serveuse. Tu ne devrais pas boire autant, réellement.

— J'étais stressé, tu ne peux pas t'imaginer. Cette femme m'impressionne, c'est fou. Heureusement qu'après j'ai arrêté les dégâts et je suis allé me coucher.

     Un sourire s'échappa des lèvres de Clarke lorsqu'il s'assit sur le siège d'Anissa la veille. Il hésita quelques secondes avant de reprendre :

— En fait, pas vraiment.

— Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait encore ?

— Quand t'étais dans ton lit l'alcool est remonté. On a dû appeler quelqu'un pour nettoyer.

— Pourquoi on ? Anissa était toujours là ? s'inquiéta le jeune homme désemparé.

     Clarke acquiesça en haussant les épaules.

— Oh ! Non, après ça, elle doit être dégoûtée de moi. Oh ! Et puis, tant pis ! je trouverai bien une autre femme, se dit Romuald pour se rassurer.

     Cela enchanta Clarke. Pas qu'il craigne Romuald, non ! Mais être en concurrence avec son ami était la dernière des choses qu'il aurait voulue.

— Bon allez, j'ai besoin d'une douche, le sel a irrité ma peau. Je passe te chercher quand je suis prêt ? proposa Clarke en repartant de la chambre. On ira prendre l'apéro et manger assez tard comme ça on pourra partir direct après.

— Ça marche, à ce soir !

     Une fois revenu à sa suite, Clarke décida de se faire couler un bain. Éreinté, il retira en vitesse sa tenue de sport souillée par la terre et versa au hasard quelques flacons de savon fournis par l'hôtel dans la baignoire. S'enfonçant alors dans l'eau délicieusement brûlante à travers la mousse parfumée, il s'allongea puis ferma les yeux. Doucement, il commença à se laisser sombrer dans le sommeil en sentant ses muscles se détendre. L'image d'Anissa finit alors par s'imposer à son esprit. Il la revoyait hier soir, assise sur le fauteuil et lui sur le lit, tous deux se regardant dans un silence avide.

     L'illusion se confondit au réel. La jeune femme se leva et s'arrêta devant lui, si près qu'elle le poussa sur le lit. Un désir aigu et chaud monta inexorablement en Clarke avant de grésiller dans son ventre. Elle se tenait là, debout comme une prédatrice devant sa proie, le regard flamboyant. Il la regarda faire, descendre les bretelles de sa robe le long de ses épaules et la retirer sensuellement pour lui apparaître presque entière. En sous-vêtements de dentelle rouge, toujours avec ses talons, elle posa ses mains sur le lit de part et d'autre de son corps et commença à s'avancer sur lui, un sourire égrillard sur le visage. Le sang battu dans ses tempes et son corps tout entier s'anima en sentant son parfum vanillé chatouiller ses narines.

     Au moment où elle se tenait au-dessus de lui, le regard envoutant, et se baissait pour entrer en contact avec sa prise, la vision de Clarke se brouilla.

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant