Chapitre 37

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     Anissa referma la porte de sa chambre.

— Oh putain ! s'exclama-t-elle en s'y adossant.

     Elle resta plantée là plusieurs minutes, un sourire égrillard sur les lèvres, les yeux dans le vide, se demandant si ce qui venait de se produire n'était pas juste le fruit de son imagination. Son coeur battait encore à tout rompre. Les nerfs lui picotaient le visage. Son ventre criait toujours famine.

— C'était tellement, intense. Il m'a fait avoir un de ces orgasmes ! rit la jeune femme tout en parcourant sa chambre.

     Elle se remémora la scène dans les moindres détails. Lui, arrivant à l'improviste, puis cette envie si forte et cette union incroyable. Elle n'aurait pu imaginer meilleur scénario. Le moment avait été si fusionnel, si charnel. Le désir installé ces derniers jours avait explosé de toute sa puissance cet après-midi. En voilà un qui sait baiser.

     Elle n'aurait pas dit non à un second round. Mais la forte excitation ajoutée à la peur de se faire surprendre avait accéléré les choses. Anissa était d'ailleurs sortie un peu avant Clarke du hammam pour s'assurer que personne ne les voit ensemble. Bien qu'ils ne se soient pas fait surprendre, les cris poussés étaient peut-être tombés dans l'oreille de quelqu'un passant à proximité. Elle avait alors filé à sa chambre, trop remuée pour retourner comme si de rien était dans un jacuzzi.

     La fatigue et la libération d'endorphines l'envahissaient maintenant. Mais avant de pouvoir profiter de son lit, Anissa devait passer par la case douche. Seulement une fois dans la salle de bain, lorsqu'elle retira son maillot, une expression hagarde remplaça son sourire béat. Pensant tout d'abord à ses propres sécrétions, la jeune femme se rendit compte qu'il n'en était rien.

— Merde ! On ne s'est pas protégé ! s'exclama Anissa horrifiée. Putain mais ce n'est pas possible d'être aussi bête !

     Dans le feu de l'action personne n'y avait pensé. Anissa commença à paniquer. Ce n'était pas de tomber enceinte qui lui faisait peur, elle avait un stérilet. Mais les infections sexuellement transmissibles, elles, ne s'arrêtaient pas à ça.

— C'était trop beau ! S'il a le sida je ne suis pas dans la merde ! s'inquiéta la jeune femme devant l'acte accompli.

     Se protéger. Là était le problème de beaucoup de monde. Et même en prenant les dispositions adéquates, certaines maladies se transmettaient par simple contact de muqueuses. Anissa le savait mieux que personne puisqu'elle avait elle-même attrapé par le passé la chlamydia, cette maladie sexuellement transmissible qui rend stérile sur le long terme. Aucun symptôme. Cela s'était fait par une simple fellation à un ancien petit ami.

     Elle avait confiance en lui. Une confiance aveugle. Un jour, il l'avait trompé, sous prétexte qu'Anissa ne voulait pas encore lui donner son corps. Mais c'est quelques mois plus tard, lorsque poussée par une amie elle était allée faire un dépistage, qu'elle s'était rendu compte de sa maladie, et du même coup, de la tromperie de son ancien compagnon. Une chance pour elle que ce n'est pas été une maladie incurable.

     Depuis cette période, elle faisait maintenant partie de la minime fraction de la population française sexuellement active à aller se faire dépister. Dès lors, elle ne s'était jamais donnée à un homme sans être sûre de lui. Puis, il y a eu Clarke... On ne peut être sûr de personnes et de rien tant ce n'est pas écrit noir sur blanc.

     La douche eut un goût amer. Le bonheur était parti. Mais pas la fatigue. Malgré son inquiétude, Anissa s'écroula sur son lit et ne mit pas longtemps à s'endormir. Elle sombra dans un sommeil léger et perturbé.

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant