Chapitre 91

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     Le vent était glacial ce matin. Clarke regarda sa montre : 17h15. Il fallait qu'il presse le pas s'il ne voulait pas arriver en retard.

     Deux mois s'étaient écoulés depuis ses vacances et sa vie n'en avait été plus que chamboulée. Les deux derniers jours sans Anissa avaient feint d'être calmes. Il régnait une hypocrisie où tout le monde s'arrangeait pour faire comme si la présence de la jeune femme avait été la cause de toute la tension qui régnait.

     Clarke n'était pas retourné sur le bateau pour autant, le yacht restait celui d'Aymen. Et loin de lui l'idée d'y remettre les pieds. En revanche, Mélonie ne s'en était pas gênée le dernier jour. Et Anissa avait alors terriblement manqué à Clarke. Il aurait voulu passer cette soirée avec elle. Il n'avait cessé de se demander s'il avait agi différemment quelle autre issue il y aurait pu y avoir pour eux.

     Il avait peur de ne jamais la revoir. Le manque de sa présence, de son sourire et de sa voix ne l'avait jamais quitté. Il ne cessait de regarder son bungalow, comme si elle allait sortir sur la terrasse, lui faire signe et l'appeler. Cette terrasse où ils avaient refait l'amour pour la dernière fois. Où cela avait été si fort... Deux mois après, il n'avait rien oublié. Le goût amer d'histoire inachevée régnait encore dans sa bouche et n'avait eu de cesse de croître. Cette femme l'avait aidé dans sa vie et lui avait ouvert les yeux.

     Ils étaient partis le mercredi matin avec Clara qui avait pris son dernier vol direction Nice. Mais le retour à Paris n'avait pas signifié le retour au calme plat, bien au contraire. Mélonie ne lui laissait plus une minute de répit, plus un temps de libre et ne voulait rien entendre concernant Anissa. Un matin, peu de temps après être rentré de Bora Bora, Clarke avait rassemblé ses affaires et claqué la porte. Cette femme était folle.

     Il avait quitté Mélonie. Il avait rompu avec elle, même avec la menace qu'elle donne les messages à la police. Il avait trouvé la force de se détacher de cette femme qui parvenait auparavant tant de fois à le faire revenir vers elle. Cette femme qui savait où le toucher, qui savait comment l'atteindre et le garder près d'elle pendant ces deux années de relation.

     Depuis cet instant, pas un jour ne s'était écoulé sans qu'il ne reçoive des appels et des menaces. Mais il n'en avait plus rien à faire. C'était une autre femme qui occupait son esprit depuis tous ces jours durant. En se concentrant, il pouvait encore sentir sa main sur son corps, ses lèvres dans son cou et les orgasmes si intenses qu'elle avait su déclencher en lui. Tout devenait magique à ses côtés...

     Cependant Anissa ne lui avait donné aucune nouvelle. Ils ne s'étaient jamais revus, ou même parlé. Clarke avait tenté à maintes reprises de la joindre, mais personne ne décrochait au bout du fil. Il était alors passé par l'assistante d'Anissa après avoir réussi à obtenir son numéro. Mais celle-ci lui sortait toujours la même chanson, que madame était trop occupée et qu'elle allait l'informer qu'il souhaitait la joindre. Elle recevait donc ses appels. Mais elle n'avait pas cherché à le recontacter pour autant. Elle avait promis !

     En marchant dans les rues de la capitale, Clarke repensa à toutes leurs discussions. Toutes ces fois où il lui avait témoigné son indécision alors qu'elle essayait tant bien que mal de lui faire ouvrir les yeux. Cela avait dû être tellement frustrant pour elle. Et c'est cette indécision qu'il payait maintenant. Une phrase qu'elle avait prononcée à son égard, une des dernières avant qu'ils ne se quittent et qui ne cessait de tourner en boucle dans sa tête : « Je ne pense pas que ce soit une bonne chose pour nous deux tant qu'elle est dans ta vie ».

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant