Chapitre 30

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     Elle le trouva à quelques mètres d'elle en train de chanter avec Théo et Iguel, rejoint par le couple qui avait fini par détacher leur bouche l'une de l'autre. En le voyant là, assis avec sa chemise ouverte qui dévoilait ses abdos bien tracés et ses cheveux légèrement en bataille, Anissa fut prise d'un fort désir sexuel. Elle vint s'asseoir à ses côtés. Clarke posa ses yeux sur elle et arrêta de chanter.

— Ça va ?

— Tu ne t'intéresses pas à moi... Je suis triste, se plaignit Anissa avec une moue boudeuse.

— Qu'est-ce que tu dis, tu as l'air de plutôt bien t'amuser. Tu ris depuis tout à l'heure, la reprit Clarke en se tournant vers elle.

— Tu n'es même pas venu me voir, s'indigna la jeune femme.

     Elle posa alors l'arrière de sa tête sur les jambes en tailleur de Clarke. Il la regarda et ne put s'empêcher de sourire. Sa petite tête calée sur lui avec un visage mécontent l'amusait. Il avait l'habitude de la voir joyeuse et elle ne semblait plus elle-même avec ses pupilles dilatées. Il recommença à chanter avec les autres tout en caressant les cheveux de la jeune femme.

— Tu es encore plus beau vu d'ici, remarqua Anissa. J'aime bien ton menton. Et tes lèvres.

     Mais ses compliments n'étaient plus perceptibles pour Clarke qui mettait toute son énergie à chanter en chœur avec le groupe. Contrariée de voir qu'il ne réagissait pas à ses avances et sentant son désir augmenter, Anissa commença à laisser aller sa main le long de la cuisse de Clarke. Il la regarda malicieusement de côté. Un sourire se dessina sur son visage alors qu'il entamait le refrain. La jeune femme, amusée de le troubler ainsi, continua de faire aller sa main jusqu'à son entre-jambe. Il l'arrêta alors dans son élan et porta sa main à sa bouche avant d'embrasser la naissance de ses doigts.

— Arrête, si tu ne veux pas la voir se réveiller, lui chuchota-t-il.

— Et si j'en avais envie justement ? lui répondit Anissa en se mordant la lèvre inférieure. Les chants c'est bien beau, mais ça ne fait du bien qu'aux oreilles, et encore...

— Mais c'est toi qui voulais venir avec eux. Il fallait être comme ça tout à l'heure. Tu ne sais pas ce que tu veux lui reprocha-t-il en reposant sa main.

— Si, toi. Allez, ne me dis pas que tu n'as pas envie de moi, le sermonna Anissa tout en se caressant doucement la poitrine.

     Clarke détourna les yeux.

— Ça non, je ne peux pas dire le contraire. Mais je veux Anissa à l'état normal.

— Je suis plus coquine comme ça, non ?

     Clarke rit.

— Je suis sûr que tu l'es tout autant d'habitude.

     Il a pas tord.

— On a besoin de notre chanteur principal ! Notre ténor se fait désirer, s'exclama Théo qui avait cessé de danser.

— J'arrive, j'arrive. On en reparle demain Anissa ?

— Ah très bien. Tu les préfères à moi. J'ai compris.

     Elle se releva alors un peu trop vite et tituba.

— Où tu vas comme ça ? demanda Clarke en riant.

— Les amis, je vais me baigner. Je reviens après.

— Bonne baignade ! s'exclama Iguel en interrompant sa discussion.

     Clarke la regarda s'éloigner.

— Elle va vraiment se baigner, vous pensez ? interrogea le jeune homme.

— Dans son état, elle ne risque pas de nager longtemps, s'amusa Klanine.

     Clarke fronça les sourcils. Il n'était pas rassuré de voir Anissa qui s'enfonçait seule dans la broussaille en direction de la plage. Le jeune homme se leva à son tour :

— Bon, je vais aller voir ce qu'elle fait. Je reviendrai sans doute après. Vous serez encore là ?

— Bien sûr, il n'est que cinq heures ! s'exclama Théo.

*

— Mais lâche moi ! Je ne suis pas un sac à patates ! Et où est-ce que tu m'emmènes comme ça ?

— Au lit ! C'est l'heure pour toi.

— Au lit ? Tu veux dire, dans ton lit ?... Je ne suis pas contre en fait.

     Clarke avait mis Anissa de force sur son dos et se dirigeait maintenant vers l'hôtel.

— J'aime bien quand tu prends les commandes comme ça. Qu'est-ce que ça te rend excitant ! s'exclama-t-elle tout en appuyant ses ongles dans le dos de Clarke.

— Arrête ça ! répondit-il en souriant.

     Bien qu'il la désirait comme il n'avait jamais désiré personne, Clarke ne voulait pas Anissa qui ne savait plus ce qu'elle faisait. Et puis, qui dit qu'elle en aurait eu envie si elle avait été dans son état normal ? Profiter d'une personne qui n'était plus maîtresse d'elle-même était un viol. Et Clarke, lui, souhaitait la jeune femme pétillante et douce qu'il connaissait. Il voulait qu'elle se rappelle pleinement la nuit qu'il prévoyait pour elle. Et si tout se passait comme prévu, elle n'était pas prête de l'oublier.

     Ils traversèrent le hall déserté de l'hôtel et saluèrent le gardien comme si de rien n'était.

— Bon, c'est laquelle ta chambre ? lui demanda Clarke une fois arrivé à l'étage. Droite ou gauche ?

— Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu dirais toi ?

— Passe-moi ta clef plutôt. Ça ira plus vite.

— Qu'est-ce que tu me donnes en échange ?

— Tu es vraiment redondante quand tu t'y mets.

— Redondante ?... Très bien, chambre 22 à ta droite, rétorqua Anissa. Il y a ma clef dans ma pochette qui est dans ta main gauche.

— Et susceptible aussi. Je te laisserai une fois que tu seras dans ton lit pour être sûr que tu ne t'en ailles pas.

     Clarke atteignit le bout du couloir et ouvrit la porte en bois de la suite. Refermant derrière lui, il se dirigea vers le lit et déposa Anissa dessus. Il la regarda soucieusement.

— Ça va aller ? Tu ne vas pas sauter du balcon ?

— Je ne sais pas. Il faudrait que tu restes pour t'en assurer. Je risque de faire une bêtise sinon, chuchota Anissa tout en laissant aller sa main le long de sa hanche.

     Elle souleva sa robe jusqu'à dévoiler un bout de sa culotte à une lenteur exquise.

— Tu ne voudrais pas dormir maintenant ? demanda le jeune homme en détournant les yeux pour éviter toute tentation.

     Il s'assit sur le siège à côté du lit pour s'éloigner de cette femme qui ne réclamait que lui.

— Tu te rappelles quand j'étais sur le fauteuil où tu es maintenant, dans la chambre de Romuald ? On dirait que les rôles s'inversent, s'amusa Anissa tout en s'allongeant en étoile de mer sur le lit.

     Clarke passa sa main dans ses cheveux, ennuyé, et la regarda pensivement.

— Oui, mais ce soir-là, tu étais toi. 

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant