Chapitre 54

243 14 21
                                    

     Il l'attendait depuis vingt bonnes minutes, assis sur le canapé, en proie à ses pensées.

— Je suis belle comme ça ? demanda Mélonie en sortant de la salle de bain.

     Un large sourire se dessinait sur son visage. Clarke eut un léger sursaut.

— De quoi ?

— Ma tenue ? Comment tu me trouves ? réitéra-t-elle en revenant dans le salon.

— Ravissante ma chérie. Cette robe noire te va à ravir.

— Tu es ailleurs en ce moment. J'espère que ce n'est pas le mariage qui te met dans cet état ! plaisanta la jeune femme.

     Si tu savais.

— Ah oui ? Je n'en ai pas l'impression...

— Tu es souvent dans tes pensées toi de toute façon, conclut Mélonie en attrapant sa pochette. Allez, on y va chéri.

     Clarke lui emboîta le pas et referma la porte de la suite en jetant un regard discret vers la chambre 22. En s'avançant dans le couloir, il pria pour ne pas tomber nez à nez avec Anissa.

— On mange que tous les deux, non ? demanda-t-il un brin inquiet.

— Oui, pourquoi ?

— Non, comme ça. Il n'y a pas tes amies ?

— Clara ? Non, elle n'avait pas faim. Et puis Anissa, je suppose qu'elle travaille. Enfin, de toute manière, on n'aurait pas mangé avec elle.

— Tu ne l'apprécies pas ? interrogea Clarke surpris, alors qu'ils arrivaient devant l'escalier.

— Disons que je la tolère. Elle est un peu trop superficielle à mon goût.

     Décidément, les femmes se lient contre elle.

— Vous aimez bien vous détester entre vous.

— Oui, on peut le dire. C'est une ancienne tradition, s'amusa Mélonie.

     En traversant le restaurant principal, le couple aperçut Romuald déjà attablé avec deux, trois connaissances. Il leur fit signe de se joindre à eux.

— Venez manger avec nous si vous voulez ! Il y a encore de la place !

— Pour notre dernier repas, avec plaisir ! s'exclama Clarke avec entrain.

     Il avait autant envie de profiter de cette soirée avec son ami que de fuir un tête-à-tête avec Mélonie. Ses pensées l'assaillaient bien trop pour qu'il puisse tirer un trait dessus. Leur plat commandé et leur boisson apporté, Clarke fut soulagé que Romuald aborde un sujet où ils pouvaient échanger sans qu'il soit obligé de faire attention à ce qui allait être dit.

— Alors, bientôt le départ ?

— Oui, on doit rendre les clefs à 10h00, expliqua Mélonie.

— Tu vas me manquer Clarke. C'est ta dernière soirée ici... regretta Romuald en attrapant son ami assis à côté de lui par les épaules.

— Toi aussi mon compagnon de débauche ! Mais t'inquiète pas, ce n'est pas la dernière fois qu'on se voit ! On t'invitera à passer des soirées avec nous.

     Romuald se pencha alors légèrement vers Clarke, un air malicieux sur le visage.

— Est-ce qu'il y aura de nouvelles filles ?

Clarke ne put s'empêcher de rire. Décidément, il y a des choses qui ne changent jamais !

— Incorrigible ! Oui, au moins deux ou trois qui peuvent te plaire.

     Romuald se renversa sur son dossier de chaise en soupirant.

— Tu dis ça, mais je vais arriver elles seront toutes mariées avec enfants !

— Non, non. Pas elles, ne t'inquiètes pas.

     Clarke vu le visage de son ami se fendre en un sourire trahissant une pensée sans doute amusante.

— Au pire, il y aura toujours Anissa !

     Clarke lui jeta un regard noir contre sa volonté. Fort heureusement pour lui, personne ne le releva. Pourquoi est-ce qu'elle revient toujours dans les discussions...

— Je croyais que tu avais lâché l'affaire avec elle.

     Il avait déclamé cette phrase d'un ton plus tranchant qu'il n'aurait voulu.

— Non, je sais, je plaisante. Elle ne restera qu'une amie bien qu'elle ait longuement insisté cet après-midi ! plaisanta Romuald.

     Clarke inspira et se détendit quelque peu. Être autant sur la défensive quand il était question de cette femme ne pouvait que lui nuire.

— Ah oui ? Elle ne t'aurait pas demandé en fiançailles aussi par hasard ?

— Elle était à deux doigts de le faire avant que tu arrives. Tu as tout gâché ! D'ailleurs, tu lui as dit quoi quand tu l'as prise à part ?

     Clarke s'empourpra et regarda furtivement Mélonie. En pleine conversation de courtoisie avec sa voisine de table, elle ne semblait pas avoir entendu ce que venait de dire Romuald. Elle aurait su qu'il avait menti et n'était pas revenu à la chambre comme prétexté pour s'éclipser de la plage.

— Parle moins fort. Mélonie ne le sait pas, chuchota Clarke.

     Romuald, légèrement décontenancé, posa sur lui un regard interrogateur.

—  Et alors ? Il n'y avait rien de personnel, si ?

     Clarke agitait ses mains nerveusement sous la table. Il lui fallait vite une excuse un tant soit peu crédible. Il s'éclaircit la gorge et affronta le regard de son interlocuteur.

—  C'était... C'était pour, pour savoir si elle m'aiderait à organiser une petite fête en l'honneur de Mélonie durant le courant de la semaine.

—  Ah oui ? Mais tu aurais pu en parler devant moi de ça, hein !

— Je te connais un minimum Romuald ! Tenir ta langue c'est pas vraiment ton fort, surtout quand tu as bu !

— Oui, pour le coup, c'est vrai ! N'oublie pas de m'inviter !

     Merde.

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant