Chapitre 12

558 24 10
                                    

     Il voulait la revoir. Son image l'avait absorbé toute l'après-midi. Clarke éprouvait un désir incontrôlé pour elle, sans même comprendre pourquoi tant d'obsession l'habitait. Il est vrai qu'Anissa avait un visage d'une grande douceur et était dotée d'un corps agréable à regarder, mais c'était plus que ça, c'était un désir charnel que le jeune homme ressentait à son égard. Celui-ci n'avait fait que grandir depuis la veille : il devait la retrouver. En espérant qu'elle ne soit pas partie, même si elle ne semblait pas être là depuis bien longtemps.

     Refermant la porte de sa chambre, il décida d'aller se balader dans le complexe de l'hôtel avec l'espoir de l'apercevoir. Le premier endroit où il se rendit fut le bar de la piscine à débordement, lieu prisé à cette heure-ci. Mais pas de traces d'Anissa. Autre déception au bar de la plage. Lorsqu'il remonta vers le bâtiment principal, Clarke énuméra dans sa tête les quelques lieux où elle pouvait encore se trouver si elle n'était pas sortie de l'enceinte de l'hôtel. Peut-être même était-elle dans sa chambre. Il commença à devenir anxieux et se demanda de plus en plus s'il avait bien fait de s'être autant apprêté, avec cette chemise blanche cintrée et ce pantalon chino.

     Clarke s'avançait maintenant vers le Miestro Bar sans grand espoir. En passant à proximité, il ralentit le pas et reconnut quelques visages, notamment ceux de couples avec qui il avait déjà discuté une ou deux fois. Mais, il eut vite fait le tour car il n'y avait que peu de monde.

     Toutefois, un visage plus familier attira son attention. Il aperçut dans un coin du bar, accolé à une rambarde et pris dans une houleuse discussion, son ami Romuald. Mais il ne parvint pas à apercevoir avec qui il tenait ce débat animé car la personne se trouvait cachée derrière un mur de plantes grimpantes. Se souvenant que celui-ci lui avait confié avoir un rendez-vous avec une magnifique femme ce soir, une certaine Alice, il décida d'entrer dans le bar pour assouvir sa curiosité.

     Sans regarder le couple, il se plaça alors à quelques tables d'eux de telle manière à être dos à Romuald et de pouvoir apercevoir la femme en question. Clarke commanda un verre de vin et feignit d'apprécier la vue sur le lagon.

     Il essaya tout d'abord d'entendre leur conversation mais seules quelques bribes de mots comme « enfants » ou « mariage » lui parvinrent. Pour le moins déconcertant... Il finit par tourner la tête dans leur direction, mais la jeune femme disparaissait derrière la carrure de Romuald. Seules quelques mèches de cheveux blonds lui apparurent. Attisant de plus en plus sa curiosité, le jeune homme finit par attendre le moment propice où l'un des deux bougerait pour X raison.

*

     Elle n'avait plus aucune envie d'écouter Romuald. Bien trop distraite par l'homme qui était venu s'asseoir non loin de là il y a quelques minutes, Anissa voulait attirer son attention.

     En mauvaise posture après avoir vu ses techniques pour repousser Romuald se solder par des échecs, il était apparu comme par enchantement. Le destin, c'était ça pour elle. Elle y croyait, comme au karma. Il était peut-être sa sortie de secours !

     Le jeune homme ne l'avait pas vu et il semblait seul. Une montée d'adrénaline s'insuffla peu à peu en elle, comme une irrésistible envie de faire quelque chose, n'importe quoi pour se montrer. Elle ne voulait pas le laisser filer, c'était le moment. Réfléchissant désormais à comment le mettre au courant de sa présence, elle pensa d'abord prétexter quelque chose pour s'en aller et ainsi passer devant cet inconnu. Mais Anissa balaya cette idée, la probabilité que l'homme la suive était mince.

     Une pensée s'imposa alors dans son esprit : il fallait quelle s'acquitte un moment de la présence de Romuald. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas cessé son monologue sur elle ne savait quel sujet insipide.

     Elle remarqua cependant que l'alcool avait rendu ses joues rouges et qu'il commençait à s'exprimer avec difficultés. Il était peut-être temps pour lui d'arrêter de boire. Mais ironiquement, qu'il se lève pour aller reprendre un verre était une solution. Et puis, un grand garçon comme lui, il s'en remettrait...

— Et donc voilà, je considère ça comme vraiment important. Et toi qu'est-ce que tu en penses ? demanda Romuald, fier de sa vision des choses qu'il venait d'expliquer en détail.

— Oh, oui Pourquoi pas après tout, approuva Anissa, complètement perdue dans la discussion. Mais comment se fait-il que votre verre soit vide ? Ce n'est pas votre genre...

— Mais oui ! Tu as raison ! s'étonna-t-il démesurément. Tu reprends quelque chose toi ?

— Oh ! Non, merci, ça ira, je n'ai pas encore fini mon cocktail.

     Romuald se retourna vers la serveuse pour l'interpeller. Alors, Anissa ne perdit pas une seconde pour détourner les yeux vers l'inconnu. Un frisson lui parcourut l'échine. À sa grande surprise et pour son plus grand bonheur, il la regardait déjà. Il la scrutait même intensément, d'une immobilité glacée, la prunelle assombrie. Une bouffée d'adrénaline s'insuffla en une fraction de seconde dans tout son corps. Son coeur s'accéléra et elle sentit son estomac se tordre douloureusement.

     Le regard impénétrable de l'homme qui se faisait de plus en plus insistant était magnétique. Comme une douce brûlure, une piquante caresse. Elle fut bouche bée de se sentir aussi désarmée. Il n'y avait pas à dire, il lui faisait de l'effet.

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant