En corps de toi

Chapitre 50

— Mais si, c'est bien Clara devant ! Je reconnais Anissa en plus à côté d'elle !

— Ah ... Si tu le dis.

— Les filles !

     Clarke déglutit. Tout mais pas ça. Pas se retrouver dans cette situation, avec la femme et la maîtresse au même endroit ! Mais il ne pouvait pas fuir maintenant. Est-ce qu'elle sait ?

     Ce n'était tout de même pas bien dur à deviner. Et Mélonie ne cachait pas leur couple. Son rythme cardiaque était à son paroxysme. Bien qu'il aimait l'adrénaline, ce cocktail molotov était plus que son corps ne pouvait supporter. Il chercha le regard d'Anissa, mais celle-ci ne lui donna aucun signe d'attention. Si elle n'avait pas été au courant, elle aurait déjà parlé, demandé, posé des questions.

     Or, aucun son ne sortit de sa bouche et ses yeux fuyaient, Clarke en était sûr.

— Tu vois, je te l'avais dit que c'était elles ! lui reprocha discrètement Mélonie.

— Tiens donc ! Te voilà toi ! s'exclama Clara en arrivant à la portée du couple. Et qui est-ce ?

     Comme si elle ne savait pas ! Elles ont dû casser du sucre sur mon dos toute la nuit !

— C'est Clarke, mon fiancé. L'homme qui partage ma vie depuis maintenant deux ans.

— Ah oui, bien sûr, le fameux Clarke, articula machinalement Clara en l'analysant de haut en bas. Enfin on se rencontre...

     Le jeune homme intercepta son regard glacial. Si cette dernière avait pu lui sauter à la gorge, elle l'aurait fait. Mais étonnamment, aucune des deux femmes en face de lui ne dit mot. Faire comme si de rien n'était fut plus facile que prévu. Personne ne semblait réagir !

     Clarke en profita alors pour regarder discrètement les réactions d'Anissa. Elle était là, plus en beauté que jamais dans son ensemble kaki qui faisait ressortir la couleur de ses yeux. Ses formes étaient joliment mises en avant... Putain, à quoi je pense encore !

     Mais, il avait voulu jouer à ce jeu dangereux et commençait à se brûler les ailes. Il ne put s'empêcher de la chercher du regard, attendant un geste de sa part, une attention, même un sous-entendu... Rien de tout cela, elle semblait déconnectée, distante, sans vie.

     Sous l'insistance de son regard, Clarke réussit à attirer celui d'Anissa le temps d'une seconde peut-être. Ses yeux verts s'engouffrèrent dans les siens sans retenue, comme si elle n'attendait que ça. Croiser son regard si agressivement doux le remua. Au lieu d'essayer de l'oublier, de faire comme si de rien n'était, il cherchait sa présence. Clarke ne faisait rien comme il devait et il le savait.

     Il aurait voulu la prendre à part, s'excuser, tout lui expliquer... Mais lui expliquer quoi ? Qu'il avait été trop faible pour lui résister ? Trop lâche pour lui avouer être déjà pris ? Trop égoïste pour accepter de la voir partir ? Il n'était pas excusable et obtenir le pardon d'Anissa ne changerait rien à la donne, la faute était commise. Sa conscience en serait peut-être juste moins meurtrie. Mais le premier pardon à obtenir restait de toute évidence celui de Mélonie.

     Pour l'heure, elle ne savait rien de ce qui s'était passé, mais mieux valait qu'elle reste dans l'ignorance. Cela était obligatoire aussi bien pour lui que pour leur relation. Et si elle l'apprenait, elle ne lui pardonnerait jamais... Et puis merde, quelle idée cet engagement quand on n'est même pas fichu de rester fidèle !

     Enfin il l'aimait, ça il en était sûr...Tout comme il était sûr aussi de ne jamais la tromper avant de partir pour Bora Bora... Mais Anissa avait l'expression du visage si pure, le corps si délicieux et ce qu'elle dégageait était si exquis ! Oh, Anissa !

— Ah, excusez-moi deux minutes, il faut que j'aille voir un ami, coupa cette dernière en s'éclipsant.

     Clarke revint à lui. Ses pensées agitées se dissipèrent. Il n'avait rien écouté à la conversation, comme Anissa très certainement. Il était resté le regard fixé sur elle sans même s'en rendre compte. Le jeune homme l'observait maintenant tourner les talons et s'éloigner d'eux. De lui. S'enfuir.

     Il ne savait plus quoi faire, comment agir. Il ne parvint pas à regarder ailleurs jusqu'à ce qu'elle tourne au bout du chemin en compagnie de Romuald... Romuald ? C'est lui son ami ?

     Cela résonna comme une provocation aux oreilles de Clarke.

— Depuis quand sont-ils amis ces deux-là ? souffla le jeune homme.

—   Qu'est-ce qu'il y a chéri ? demanda Mélonie en s'arrêtant dans sa conversation.

— Non, non rien. Mais vous ne vouliez pas aller à la plage ?

— Ah si, bien sûr ! Tu viens avec nous Clara ?

— Oui, c'est aussi là-bas que j'allais justement !

     Il fallait de toute évidence qu'il soit plus prudent. Il commençait à évoquer ses pensées tout haut et à laisser inconsciemment ses yeux se poser sur Anissa. Elle n'aurait en fait même pas besoin de parler qu'il allait se démasquer tout seul s'il continuait ainsi ! Oh, Anissa !