Chapitre 75

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— Qu'est-ce que tu fais ? s'étonna la jeune femme.

— J'ai attrapé un gros poisson, dit-il tout en la soulevant et en la plaçant sur son épaule d'un geste souple.

     Le visage d'Anissa s'épanouit en un sourire. Inconsciemment elle le savait, ce contact physique lui plaisait énormément, même si elle se trouvait à sa merci. Clarke pénétra alors sur la terrasse en tenant fermement ses jambes contre son torse.

— Où est-ce que tu m'emmènes comme ça ? demanda la jeune femme d'une voix enjouée.

— Je rends à la mer ce qui vit sous l'eau.

     Il la lança alors dans le lagon avec facilité. Anissa disparut quelques secondes sous l'eau. Elle refit surface, amusée de la situation mais quelque peu désorientée.

— J'ai bu la tasse à cause de toi. Ose descendre et tu vas me le payer !

— Très bien, dit-il tout en sautant dans le lagon à son tour.

     La jeune femme se retrouva brusquement éclaboussée. Mais dès que Clarke sortit la tête pour respirer, elle ne le laissa pas faire et la lui remit dans l'eau. Il réapparut à la surface, les cheveux dégoulinants, un grand sourire sur le visage.

— C'est de bonne guerre, j'avoue. J'ai tout de même eu le temps de croiser quelques-uns de tes cousins dans les profondeurs.

— Très drôle, marmonna-t-elle en effectuant sa plus belle brasse. Je ne t'ai jamais vu te baigner depuis que nous sommes arrivés.

— J'y suis déjà allé plusieurs fois. Mais je ne reste pas ici, je vais nager plus loin.

     Clarke la suivit alors et tous deux s'éloignèrent du bungalow du jeune homme. L'après-midi était bien agréable même si les rayons du soleil étaient partiellement brouillés par quelques nuages qui n'attendaient que leur moment de gloire.

— Tu as dû croiser de belles espèces...

— Quelques raies. Et des requins aussi. Mais c'est vrai que tu n'aimes pas ça toi.

— Non, je crois que je ne m'y ferais jamais. Il y en a un là-bas en plus qui tourne depuis tout à l'heure. Sauf qu'il à l'air de se rapprocher de plus en plus. C'est donc le moment pour moi de rentrer à mon bungalow !

     Clarke lui attrapa alors le bras. Elle se retourna vers lui et croisa son regard bleu profond assorti au lagon. L'eau qui ruisselait sur son visage et dans ses cheveux assombris lui donnait un charme sincère tout à fait désarmant. On aurait pu lui donner le monde.

— On va le voir si tu veux.

— Ah ! Ah ! Alors là pas question ! cria Anissa qui essaya de se dégager de son étreinte.

     Clarke ne lui laissa cependant pas le choix. Il se mit dos à elle et lui ordonna :

— Monte.

— Non Clarke, je ne suis vraiment pas à l'aise.

— Monte je te dis. On va aller le voir ensemble. Sur mon dos tu ne risques rien. Au pire s'il a un comportement agressif c'est moi qui vais prendre.

— Raison de plus pour ne pas le faire.

— Allez, tu vas voir, c'est magique d'être à leur contact. Il est tout seul en plus. Aie confiance.

     Anissa ne put résister à son regard rempli d'attente et accepta à contre cœur. Elle passa ses jambes autour du bassin de Clarke et s'accrocha à lui. Pourquoi est-ce que je suis si faible quand il s'agit de cet homme ?

     Cette peau douce, ce parfum boisé et ces bras forts autour de ses jambes... Une vague de tristesse passa fugacement dans le corps d'Anissa en se rappelant l'euphorie qui l'avait submergée la première fois qu'elle s'était retrouvée ainsi avec Clarke.

— Cette situation a comme un goût de déjà vu non ? remarqua-t-il comme s'il lisait dans ses pensées.

— Je me le disais aussi... Tiens, regarde, il vient par-là ! lança-t-elle comme pour changer de sujet.

     Un requin se dirigeait droit sur eux, laissant dépasser sa nageoire dorsale à pointe noire. Il semblait plus rapide et furtif que ses congénères, sûrement dû à sa petite taille.

— Bon. Je l'ai vu. On peut rentrer maintenant.

— Non, regarde. C'est un jeune requin ça.

— Arrête d'avancer vers lui, s'il te plaît. Je ne suis vraiment pas en confiance.

— Je sais, tu me serres comme si ta vie en dépendait, s'amusa Clarke. Il est juste là. Ça va ?

— J'ai connu mieux, répondit-elle amèrement.

     Le squale passa à quelques dizaines de centimètres d'eux. Clarke tendit sa main pour le toucher sous les yeux écarquillés d'Anissa qui manqua de s'évanouir.

— Qu'est-ce que tu fous ?

— Tu vois, il n'a rien fait.

— On rentre ?

— C'est bon, j'arrête de te torturer.

     Il la raccompagna jusqu'aux marches de sa terrasse et s'arrêta pour la regarder monter. Anissa hésita quelques secondes avant de se retourner vers lui. Et puis merde.

— Tu peux venir si tu veux.

     Le regard de Clarke s'illumina.

— Tu ne devais pas travailler ?

— Un peu mais ça ne me dérange pas que tu sois là.

     C'est ainsi que Clarke se retrouva en train de siroter une limonade sur le lit à baldaquin de la terrasse de la jeune femme. Elle ne pouvait s'empêcher de le regarder du coin de l'œil subrepticement.

     Anissa avait réussi à le reconsidérer en peu de temps. Et Clarke se retrouvait maintenant une nouvelle fois si près d'elle, sans personne qui puisse entraver leur moment. Elle avait peur de ce qu'elle pouvait faire, mais il l'attirait tellement... Son sexe était en feu depuis qu'elle l'avait aperçu à son bungalow. Non, pense travail, pense travail !

En corps de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant