En corps de toi

Chapitre 5

— Excusez-moi, je vous observe depuis un petit moment et vous êtes plus que ravissante. Je peux vous offrir un verre ?

— Oh nein, halt die Klappe !

— Ah vous n'êtes pas française Ça ne va pas être possible désolé !

     Romuald tourna les talons et fit chemin inverse. Il aperçut alors son ami qui sortait de l'hôtel.

— Clarke, quoi de prévu cet après-midi ? lui demanda-t-il en arrivant à sa portée.

— Je pense aller à la piscine et toi ? Toujours en chasse ? J'imagine que ça n'a rien donné, le railla ce dernier.

— Et bah détrompe-toi ! J'ai réussi à obtenir un rendez-vous avec une fille un mi-ssi-le ! s'exclama Romuald les yeux brillants. Cette Alice c'est une déesse tombée du ciel ! Il ne faut pas que tu la voies, tu vas vouloir me la piquer.

— Je ne m'y risquerais pas. Et tu penses que tu l'intéresses ?

     Clarke se voulait faussement intrigué. En l'espace de quelques jours seulement, il avait vu son ami s'enthousiasmer au moins deux ou trois fois pour finir par ne jamais rien concrétiser. Il fallait toujours qu'il en fasse beaucoup, même trop. La réponse que lui donna ce dernier vint une fois de plus confirmer l'impression de Clarke.

— Je pense surtout que c'est plus qu'une question de jours. Là tu vois, je lui ai tapé dans l'oeil et elle va penser à moi toute la nuit, c'est sûr ! Sa manière de feindre de me repousser puis d'accepter avec précipitation... Tout un stratagème ! Je suis sûr qu'elle se languit déjà d'être demain soir.

— Tu en as de la chance toi ! Bon ce n'est pas qu'il fait chaud mais j'irais bien prendre un cocktail au bar de la piscine. Tu m'accompagnes ?

— Je dois passer à ma chambre avant. Je vais en profiter pour jeter un coup d'oeil dans le hall. Il n'y a pas des nouvelles arrivées tous les jours.

     Retournant alors chacun à leur occupation respective, Clarke se dirigea vers le bassin à débordement. C'est un mojito à la main qu'il s'affaira à choisir la meilleure place où s'installer. Par chance, il n'y avait presque personne aujourd'hui. Après avoir monté quelques marches qui encerclaient l'impressionnante piscine, il trouva le transat parfait à un endroit où les ombres des cocotiers s'amusaient avec le soleil.

     Une fois installé, la chaleur fut trop forte pour résister à l'appel de l'eau bien longtemps. Clarke nagea alors quelques mètres dans ce bassin entouré de bougainvillées et d'hibiscus. Il arriva à l'endroit qui s'était imposé à lui ces derniers jours comme son coin préféré ; le côté du bassin à débordement avec une paroi en verre qui offrait une vue imprenable sur le lagon.

     Clarke s'allongea alors sur un des sièges dans la roche au raz de l'eau pour se délecter de la vue. Cet endroit l'apaisait tellement. Mais lorsqu'il tourna doucement la tête du côté de la piscine pour observer les alentours, c'est là qu'il la vit. Il se figea en l'apercevant. Bien loin de s'attendre à voir pareille créature, il resta le regard cloué sur elle pour s'assurer quelle n'était pas mirage. Mais non, elle se trouvait bien là, à quelques mètres de lui, s'apprêtant à entrer dans le bassin telle une divinité. Il ne loupa pas une miette du spectacle.

     Ce fut d'abord ses longues jambes fuselées qui embrassèrent l'eau avec délicatesse en troublant à peine son sillage dans leur passage. Puis ses hanches et sa fine taille accompagnèrent le doux mouvement qu'elles avaient créé. Une légère crispation parcourut son visage devant sans doute la fraîcheur de l'eau mais il resta néanmoins d'une pureté dans ses traits et... Stop.

     Clarke tourna la tête. Pendant quelques secondes il n'avait pas réussi à détacher son regard de cette femme mais il ne pouvait plus se permettre de dévisager, voir même, de désirer une inconnue. Il avait pris sa décision depuis quelque temps à ce sujet, et avait énormément travaillé sur lui car il aimait beaucoup les femmes. En s'efforçant de garder son visage fixé vers l'horizon, il tenta de se persuader un instant qu'elle n'était pas réelle. Mais il ne réussit à résister plus longtemps. Et puis merde !