The Mafia's Doll / 1-2

17. Tirer

Heartbeat-Childish Gambino

Maria
Château, 20h34

Les habitants de notre petite ville s'entassaient, les voitures bloquaient la route, les camions de pompiers activaient leurs sirènes, les ambulanciers couraient.

Tout ce bruit était une véritable mélodie pour moi.

Tous m'avaient lancé au moins un regard, beaucoup continuaient à me fixer avec insistance, certains n'osaient pas le faire par peur.

Je les comprenais, une jeune femme vivant dans un château qui le regarde brûler avec un sourire aux lèvres oui cela paraissait étrange, non ça l'était totalement.

J'adorais cet étrange.

Je fumais ma cinquième cigarette lorsque quelqu'un s'assit sur le banc à mes côtés. Je soufflais ma fumée toxique, en regardant le brasier qu'était devenu un quart de ma maison.

-Je te trouve culotté de te ramener Elias.

Il ne répondait rien, à la place il s'alluma une cigarette. Il n'y avait pas à chercher évidemment qu'il serait venu, un incendie chez ses pires ennemis comment louper ça.

-T'as un trop grand sourire. Me dit-il.

Je ricanais, je ne pouvais réprimer mon rictus, cacher ma joie était une épreuve bien trop compliquée. Je ne voulais d'ailleurs même pas le faire.

-C'est toi. Affirma Elias.

Je ne comptais pas dire un mot, rien qu'à en voir mon visage il avait sa confirmation. Que la Terre entière soit au courant, à cet instant précis c'était le dernier de mes soucis. Je vivais le plus beau moment de ma vie, et dire qu'à la base je voulais simplement fuguer comme une enfant et que j'avais fini par brûler mes sœurs.

Quel retournement de situation magnifique.

-Pourquoi t'as fais ça ?

-Chut laisse moi profiter.

Les yeux remplis d'étoiles je continuais de fixer les flammes qui dansaient une valse parfaitement maîtrisée.

-Y'a que la p'tite qui a l'air normale dans ta famille.

Je baissais mon regard jusqu'à l'entrée, là où je vis toute ma famille si on retirait mes deux sœurs aînées. Je me levais de mon banc et abandonnais cet enfoiré pour les rejoindre. Je traversais lentement la route sous tous ces regards insistants.

Lorsque Leïla me vit elle courait le plus vite qu'elle le pouvait, je me baissais pour qu'elle puisse me sauter dans les bras. Elle pleurait toutes les larmes de son corps et pourtant je n'arrivais pas à ressentir un minimum de regret.

Elle nichait sa tête dans mon cou, l'un de mes avant-bras était sous ses fesses, ma main libre était dans ses cheveux.

-Maria- Era et Rosa elles sont dedans-

-Elles sont en vie ?

Ok ce n'était pas bien de demander cela à une si jeune enfant mais ma curiosité était bien trop intense.

-Oui, mais elles vont pas bien du tout Maria. Pleurait-elle.

Bon c'était triste qu'elles ne soient pas mortes mais le fait qu'elles ne soient "pas bien du tout" me rapportait la satisfaction que je cherchais.

Je reposais Leïla et entendis des ambulanciers crier, mon sourire s'étirait en les voyant arriver avec deux brancards.

-Arrêtez. Dis-je.

-Mademoiselle nous ne-

-Je veux voir mes sœurs elles risquent de ne pas tenir jusqu'à l'hôpital.