30. Casse

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Ne me ramène pas- Lomepal


Maria
Base, 16h04

Respiration erratique, tremblements incessants, douleurs cardiaques, impression de gorge nouée, tempête mentale, boule au ventre, muscles contractés, lacunes de concentration.

Solitude.

J'avais l'impression d'être déconnectée de la réalité, comme si cette vie n'était pas la mienne, que je n'étais que devant une télévision, là où un film défilait en boucle. Malheureusement on venait d'appuyer sur la télécommande, j'étais de retour dans le monde horrifique qu'était mon existence.

L'enfer.

J'eu la confirmation que j'étais seule, seule face à tout, une montagne de responsabilité s'était écroulée sur mes épaules, en soit cela ne changeait pas du passé j'étais juste en train de voir la vérité en face.

J'étais déjà responsable de mes cadets, je n'étais pas pour autant leur sœur du moins je n'avais jamais été considéré comme tel. Je ne leur en voulais pas, ils m'avaient très peu vu, j'avais très peu joué avec eux, j'avais très peu été présente. Leur famille c'était eux quatre.

J'étais comme la directrice de leur orphelinat, leur assurant la sécurité que des enfants avaient tant besoin. Ils m'aimaient oui sans aucun doute mais si je disparaissais cela ne leur ferait jamais aussi mal que si l'un d'eux partait.

C'était comme ça.

La mafia Costello, j'aurais pu la laisser couler, garder l'argent et partir à l'autre bout du monde en prenant les petits avec moi mais je ne l'avais pas fait, et ce pour plusieurs raisons. La première était que je venais de leur créer une nouvelle vie, ils allaient à l'école et s'étaient déjà fait des copains. La deuxième était que cette mafia était la seule chose qui me restait, j'étais à présent résumée en tant que chef des Costello.

Maria Costello était morte le jour où Frank Costello avait été assassiné.

Après tout je n'avais jamais été considérée comme une humaine à part entière, une arme et un portefeuille voilà comment la Terre me voyait.

Même dans cette immense pièce blanche ils ne me voyaient pas en tant qu'humaine normalement constituée, peut-être était-ce normal ? Peut-être que mon expression du visage était trop sombre pour paraître banale ?

La véritable question à tout cela était « Est-ce que je voulais vraiment une réponse ? ».

Mon regard était braqué sur les iris de mon grand frère qui étaient parties vers le haut, j'avais l'impression que le monde s'était arrêté, je ne savais depuis combien de temps j'étais restée sur ce cadavre à ruminer.

Pourquoi j'avais l'impression que tout allait aussi mal que bien ?

Irrécupérable voilà ce que mon père avait fait de moi, une personne qu'on ne pouvait sauver, c'était impensable d'espérer retrouver un être avec tous les sentiments qui le constituaient.

Je me relevais, les jambes si tremblantes que je me retenais de m'écrouler, mes yeux passaient de Mattia à Era et Rosa, tous étaient décédés par ma faute, est-ce que je culpabilisais ? Je ne pensais pas, je n'y comprenais plus rien j'étais coincée dans un ouragan et étais incapable d'en sortir.

-Je veux leurs têtes, conservez les.

Voici les premiers mots que j'avais prononcé depuis un temps inconnu. Quelques secondes ? Quelques minutes ? Des heures entières ? La salle était restée silencieuse, du moins c'était ce que je supposais jusqu'à ce que je lève la tête vers mes clients.

The Mafia's Doll / 1-2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant