37. Vingt-trois

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Bored- Billie Eilish



Maria
Villa, 09h21

J'avais l'impression d'être de retour des années en arrière, dans ce bus que nous avions pris Elias et moi pour nous rendre à l'université. Non, encore une fois je mentais c'était bien pire, c'était comme si Elias et moi nous nous n'étions jamais rencontrés.

De parfaits inconnus vivant dans la même maison.

Avant mon séjour chez la Kline je n'avais jamais imaginé que quelqu'un puisse nous manquer alors que nous étions juste à côté, mon Elias n'était plus mon Elias, il était Elias Aryan, le dirigeant des Aryan Brotherhood.

J'étais sûrement pitoyable, quelle personne se réjouirait d'entendre toute la nuit des femmes gémir dans la chambre de son mari ? Finalement sans aucun doute j'étais pitoyable, au moins je me disais qu'Elias n'était pas dans le même état que moi, il ne passait pas ses journées à pleurer.

Le minutes semblaient durer des heures, chaque jour se ressemblait. Je me levais, je me douchais, j'allais petit-déjeuner, je croisais Elias qui partait se chercher à manger, je retournais m'enfermer dans ma chambre, je sortais déjeuner, je croisais Elias qui faisait de même, j'allais m'entraîner, je dînais, je croisais Elias, j'allais dormir.

Lorsque nous passions l'un à côté de l'autre je lui jetais un regard, il ne le faisait pas. J'étais devenue une ombre qui se baladait sans but dans sa maison, je me demandais parfois s'il ne voulait juste pas que je parte.

Je ne pouvais me résoudre à m'en aller, j'attendais qu'il me le demande.
J'avais déjà été bien trop lâche, je ne pouvais plus fuir.

Deux semaines que j'étais rentrée auprès de lui, pourtant je n'avais jamais été aussi éloignée de lui.

Assise sur l'une des chaises hautes du bar je faisais tourner mon petit-déjeuner dans mon assiette, j'étais consciente que j'avais perdu beaucoup de poids car j'avais beau me préparer trois repas par jour c'était magnifique si j'arrivais à prendre plus de cinq bouchées.

Des pas dans l'escalier firent naître des frissons sur ma peau, lentement Elias vint juste en face de moi, dans la cuisine se chercher à manger. Je tentais un contact visuel qui se soldait par un énième échec.

Et si avec son silence il me demandait de partir ?

-Elias est-ce que je peux te parler ? Demandais-je d'une voix faible.

Il ne me répondait pas ni ne me regardait mais il s'appuya tout de même contre le plan de travail, signe qu'il m'écoutait. Je ravalais la boule qui s'était logée dans ma gorge et me lançais.

-Si tu veux que je m'en aille demande le moi, je partirai.

Je fermais mes paupières juste après cela, comme si j'allais à nouveau sentir son regard brûlant m'analyser, c'était stupide car évidemment cela n'arriva pas. Nous fûmes écrasés par une ambiance tendue, de longues secondes passèrent sans qu'aucun de nous ne prononce un seul mot.

-JOYEUX ANNIVERSAIRE !

Je me retournais brusquement, faisant tomber ma fourchette sur le carrelage. Je vis mes cadets pénétrer dans la villa et courir vers moi, je descendais de ma chaise et m'abaissais légèrement pour les prendre dans mes bras.

Je me rendais vite compte que cela ne servait à rien, ils avaient bien grandi. Leïla avait à présent douze ans.

D'autres voix résonnèrent dans la pièce, Antoine et Max arrivèrent. Antoine avait un gros gâteau dans ses mains sur lequel étaient plantées des bougies qui représentaient un 2 et un 3, Max, lui, tenait je ne sais combien de sacs remplis de cadeaux plus immenses les uns que les autres.

The Mafia's Doll / 1-2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant