26. Four

498 21 3
                                    

I Can't Handle Change- Roar



Maria
Château, 20h06

Papa reviens j'ai besoin de souffrir.

J'ai besoin de la douleur que tu m'infligeais sans remord.
J'ai besoin de tes coups.
J'ai besoin que tu me poignardes.
J'ai besoin que tu m'étrangles jour après jour pour maximiser mon temps d'apnée.
J'ai besoin que tu me forces à ingérer du poison à chaque repas pour m'y habituer.
J'ai besoin que tu m'enfermes dans de minuscules cages et que tu m'y laisses des jours jusqu'à ce que je m'en libère seule.
J'ai besoin que tu m'enterres vivante.
J'ai besoin que tu verses de l'acide sur mes plaies.
J'ai besoin que tu chauffes du fer dans la cheminée pour me le coller à la peau.
J'ai besoin que tu m'arraches les ongles en priant pour que la racine ne parte pas avec.
J'ai besoin que tu me prives de sommeil jusqu'à ce que j'en devienne folle.
J'ai besoin que tu m'attaches par les cheveux et que ma seule solution soit de me les arracher.
J'ai besoin que tu m'enfermes dans la pièce qu'on appelait le four et me laisses brûler jusqu'à ce que ma peau soit recouverte de cloques.
J'ai besoin que tu me ligotes et m'abandonne dans une forêt au milieu des sangliers qui ne souhaitent que me dévorer.
J'ai besoin que tu me mutiles jusqu'à ce que je tombe dans le coma par manque de sang.
J'ai besoin que tu ordonnes à dix hommes de me tabasser quand je suis au sol.
J'ai besoin que tu m'enfermes dans une salle de plongée dans le noir complète avec cinq hommes armés et possédants des lunettes à vision nocturne.
J'ai besoin que tu m'obliges à ingérer des tonnes de médicaments pour me faire frôler la mort et analyser ma réaction.
J'ai besoin que tu me forces à me prostituer.
J'ai besoin que tu m'ordonnes de me taire et de subir.
J'ai besoin que tu m'appelles ma poupée.
J'ai besoin de retrouver la souffrance que tu m'infligeais.
J'ai besoin que tu me fasses éprouver de la terreur.
J'ai besoin que tu réveilles mon instinct de survie.
J'ai besoin que tu m'aides à me sentir vivante papa.

Assise dans le lit de la chambre rouge, me tirant les cheveux je me mis à réaliser l'erreur que j'ai commise de tuer mon père, grâce à ses tortures je me sentais vivante, je ne l'étais à présent plus.

Plus rien n'avait de sens, mes pensées étaient délirantes, ma respiration était erratique, mes membres tremblants, je me berçais moi même en me balançant d'avant en arrière, mes genoux contre ma poitrine.

Je fixais sur le plateau d'argent déposé avec soin sur les draps de soie de la poudre blanche, perdant la raison par la peine j'avais pris la décision d'utiliser la technique d'Elias pour faire taire mes maux, me droguer.

Si durant ces quatre mois j'avais été clean, est-ce que j'aurais ordonné que des travaux commencent dans le château ? Est-ce que j'aurais ordonné de façonner le château tel l'était ma maison d'enfance ? Est-ce que j'aurais ordonné de reconstruire toutes les salles de torture de mon enfance ? Est-ce que je me serai creusée la tête pour en créer d'autres ?

Et si j'avais été clean en ce moment même, est-ce que je serais en train de parler à la cuve qui contenait la tête de mon père ?

Et si j'avais été clean en ce moment-même, est-ce que je serais en train de me diriger vers la salle nommée « le four » ?

Je marchais, chancelante, mes épaules frappant une fois un mur, une fois l'autre. Je me forçais à reprendre contenance en arrivant dans le salon, jonché de sept de mes soldats. Ils me fixèrent avec admiration, les traces de speed sous mon nez ne dégradaient pas mon image d'après eux, beaucoup de parrains de mafias se droguaient, ils avaient même dû se demander si je me piquais secrètement pour ne m'avoir jamais vu me droguer .

Ils étaient admiratifs pour plusieurs raisons, toutes plus tordues les unes que les autres, toutes plus banales les unes que les autres dans mon quotidien. La première était que je laissais une traînée de sang derrière moi à chaque pas que je faisais et pourtant j'étais toujours debout. La deuxième était que malgré mon état de défonce phénoménale je continuais à superviser les affaires avec ferveur. La troisième était que j'avais employé cinq hommes la veille pour me tabasser et me mutiler pendant une heure. La quatrième était que cela faisait quatre semaines que j'enchaînais pièce de torture après pièce de torture. La cinquième était qu'ils savaient très bien que j'étais ici pour cela.

The Mafia's Doll / 1-2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant