Eyes on Fire- Blue Foundation
Maria
Voiture, 06h54Mon aller-retour en Italie avait été de courte durée, mon parrain m'y avait emmené uniquement pour me remémorer la vie que j'avais exilée de mon esprit.
Il était arrivé, il avait tout foutu en l'air et était parti juste après, comme il l'avait fait des années plus tôt.
Mon cerveau était en vrac, mon sang s'écoulait sur le siège à chacun de mes mouvements, pourtant je ne ressentais aucune douleur, j'étais trop embrouillée pour cela.
Ma main autour du volant, je lançais un regard à l'ongle de mon auriculaire ayant été en partie arraché par mon parrain. Je roulais de plus en plus vite, fumant ma cigarette tachée par mon sang, à chaque inspiration je ressentais des bribes de fer s'imprégner dans ma gorge.
J'augmentais le son de ma musique espérant me faire ressentir quelque chose, la moindre émotion serait la bienvenue mais elles ne virent pas, aucune ne me fit l'honneur de posséder mon corps.
J'oscillais entre musique triste, violente, heureuse mais rien, strictement rien. Ma cigarette entièrement grillée j'écrasais le mégot sur ma cuisse ensanglantée mais la brûlure ne me fit rien.
Ma main serra ma peau, mes cloques immondes ne me firent aucun effet, je m'étais dis que lorsque mon oncle me quitterait la douleur reviendrait mais ce n'était pas le cas.
Je n'étais pas heureuse, mais je n'étais pas triste, je n'étais pas enjouée, mais je n'étais pas énervée. J'étais juste vide, je ne voulais pas me reposer je ne voulais pas me torturer je ne voulais pas tuer, je ne voulais rien.
Je tentais pourtant de faire réagir mon corps et mon esprit mais rien n'y faisait, j'étais comme amorphe.
J'arrêtais le contact de ma voiture lorsque j'arrivais devant le château, mes hommes baissèrent la tête en signe de respect le tout en prononçant un « Madame Costello » en guise de salutation.
Je balançais mes clés à l'un de mes soldats lui ordonnant silencieusement d'aller garer ma voiture, il y alla sans réfléchir. J'avançais vers les portes du château que deux gardes m'ouvrirent, je pénétrais à l'intérieur du bâtiment et entendais trois voix que je connaissais par cœur.
Je me souvenais, il y avait Antoine, il était arrivé et avait appelé Elias à l'aide, en disant « vous » donc Max était venu aussi.
S'ils savaient qu'ils étaient venus à Parshall alors que j'étais en Italie, quelle ironie.
Je m'allumais une cigarette, pris la direction des voix et avançais vers le salon principal, lorsque j'y pénétrais les trois hommes se tournèrent vers moi et arrêtèrent de respirer.
Je vis la pomme d'Adam d'Antoine bouger, signe qu'il avalait sa salive. Il avait vu mes cloques et coupures mais il y en avait bien plus qu'avant mon départ.
Je vis le visage de Max se décomposer sous l'horreur que mon corps lui infligeait, lui n'était pas au courant d'à quel point ma peau avait été malmenée, il était arrivé pile au moment où elle était dans le pire des états.
Et je vis Elias.
Ses phalanges étaient blanches tant ses poings étaient serrés, ses épaules descendaient et remontaient au rythme de sa respiration effrénée, la terreur se lisait dans son regard brûlant.
Je restais neutre, je n'exprimais aucun mépris ni aucune joie, toute rancune avait disparu mais ce n'était pour autant que j'allais leur sauter dans les bras. Je pris une nouvelle bouffée de nicotine et recrachais ma fumée, ce fut à cet instant qu'ils bougèrent.
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The Mafia's Doll / 1-2
RomanceMaria Une simple étudiante âgée de vingt ans emménage dans la petite ville de Parshall. Tout ce qu'elle souhaitait dans ce nouveau départ c'était de trouver une vie parfaitement normale, se mêler à la foule comme elle ne l'avait jamais fait, paraîtr...