38. Froid

464 20 22
                                    

The Beach- The Neighbourhood



Maria
Villa, 13h04

Je ne pouvais expliquer ce que j'avais ressenti après l'annonce d'Elias, sa phrase avait tourné en boucle dans mon esprit comme un ouragan qui tentait de m'emporter.

-Y'a plus rien entre elle et moi.

Le regard qu'il m'avait lancé, il s'était gravé dans mon esprit. Le premier qu'il m'avait accordé depuis des semaines et le plus dédaigneux qu'il m'était arrivé de recevoir, même mes ennemis semblaient avoir moins de mépris pour moi.

Je n'avais pas pleuré, je n'avais pas crié, je n'avais pas parlé, en réalité je n'avais même pas réagi. Mes yeux s'étaient simplement fixés dans ceux de Max, puis dans ceux d'Antoine pour finir dans le vide, qu'ils n'avaient pas quitté.

Mon parrain n'avait arrêté de sourire depuis l'annonce d'Elias, celle qui disait que lui et moi c'était fini mais surtout très loin de recommencer.

Les mots d'Elias étaient une aubaine pour lui et ses projets à mon égard.

J'étais si perdue dans mes pensées que je l'avais laissé me poignarder à maintes et maintes reprises sans même lever le petit doigt, il disait que ma peau était trop blanche et manquait de couleur, sa couleur préférée était le rouge il m'avait donc coloré avec mon sang pour l'obtenir.

Je m'étais fait tabasser par cinq de mes oncles, j'avais senti l'une de mes côtes se déplacer mais je n'avais rien laissé transparaître. Ce que m'infligeait mon parrain n'était rien d'autre qu'un test psychologique, il savait bien que la douleur j'y résistais mais mes peines de cœur il n'en savait rien.

Mon manque de réaction était loin du bordel à l'intérieur de ma boîte crânienne, lorsque nous nous étions séparés officiellement avec Elias j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps et pourtant je souffrais bien moins qu'après sa fatidique phrase.

J'avais tellement mal.
Tellement mal que mon corps ne réagissait plus.

Ma famille était partie depuis quelques minutes déjà, ce n'était pour autant qu'Antoine, Max ou moi n'avions prononcé le moindre mot. Que dire ? Parler de ce qu'il venait de se passer n'avait aucun intérêt, nous ne pouvions débattre de ces dernières heures, nous étions bien d'accord, elles étaient devenues un sujet tabou.

Je ne comptais pas raconter aux garçons que je sentais mon cœur battre de plus en plus lentement, ni même que le sang qui tapissait le canapé sur lequel j'étais assise était bien trop abondant pour que ma tête ne tourne pas.

Je transpirais à grosse goutte et j'étais persuadée que les garçons allaient dans peu de temps le remarquer alors je pris l'initiative de me relever, malheureusement mon corps était bien trop faible pour un mouvement si brusque.

Mes jambes me lâchèrent, je me rattrapais de peu à la table basse en faisant tomber le verre à vin qui avait servi à mon parrain, il avait bu mon sang à l'intérieur, me poignardant à chaque fois qu'il était vide.

Les garçons crièrent, ils me retinrent pour que je ne tombe pas dans les débris de verre qui avaient déjà entaillé mes doigts, je prononçais des quelques « ça va » en me mettant à marcher vers les escaliers.

Ils essayèrent de m'aider à me déplacer mais je les repoussais à chaque fois, je ne voulais pas de leur aide, je ne voulais pas qu'ils se rendent compte qu'il me restait très peu de temps.

Je le sentais.
Mon cœur allait lâcher.

Chaque marche fut un calvaire, les nausées devinrent plus violentes, le mal de tête insupportable. Lorsque je finis par les gravir, les garçons toujours à mes trousses mes jambes chancelaient.

The Mafia's Doll / 1-2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant