Épilogue

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-Qu'est-ce que tu veux faire Maria ?

J'étais la seule responsable de cette décision, aucune autre personne d'autre que moi ne pouvait contester ses ordres.

Qu'allais-je faire ?

Dire à nos hommes de le faire et enfin pouvoir soulager les consciences de tous ?

Dire à nos hommes de le faire et enfin pouvoir comprendre pourquoi l'état d'Elias était si catastrophique ?

Dire à nos hommes de déterrer le corps d'Adèle et enfin pouvoir comprendre d'où venaient ses bleus ?

Dire à nos hommes de déterrer le corps d'Adèle et enfin pouvoir comprendre pourquoi personne n'avait le droit de s'approcher de sa tombe ?

Je ne répondais pas, tout ce poids reposait sur mes épaules, aucun des gardes n'écoutait la famille Aryan, ils ne pouvaient contester les ordres d'Elias mais moi je pouvais le faire.

Ils voulaient savoir.
Ils voulaient faire leur deuil.

Mais lui dans cette histoire ? La détresse dans son regard m'avait marqué à jamais je ne pouvais me contraindre à prendre cette décision à sa place.

Seul lui savait.

C'était lui qui l'avait enterré, qui l'avait enterré après l'avoir gardé plus de dix heures dans ses bras devant le trou de sa tombe.

Les mouches, l'odeur de putréfaction, son corps devenu rigide, sa peau devenue froide, le sang devenu sec, rien ne l'avait empêché de protéger sa petite sœur, une toute dernière fois.

Lorsqu'il l'avait recouvert de terre j'avais pleuré, oui j'avais pleuré, absolument tout le monde avait pleuré. Pas seulement pour cette pauvre fille mais aussi pour cet homme.

J'avais offert ma dernière carte, j'avais abandonné mon moyen de pression sur les Aryan Brotherhood uniquement pour voir une minuscule lueur de bonheur dans ses yeux.

Mais même lorsque Elizabeth était descendue de l'avion il était resté vide, elle lui avait fait un câlin mais la seule chose qu'il avait été capable de faire c'était de poser une main dans son dos.

-Je ne l'ai jamais vu comme ça, même lorsque Salvatore Nostra l'a relâché il n'était pas dans cet état.

Les seules choses que faisait Elias durant ses journées étaient s'entraîner et travailler pour la mafia. Je m'étais chargée de vérifier la quantité de nourriture qu'il mangeait et lorsque je voyais ses assiettes pleines ou à peines touchées revenir en cuisine j'avais une terrible envie de vomir.

Le pire n'était même pas cela, c'était définitivement l'entendre hurler le nom de sa sœur durant son sommeil.

Un jour sur deux, il criait à l'agonie.

Un jour sur deux il dormait à peine trois heures.

Quand je venais le réveiller dans ses cauchemars, quand j'arrivais dans sa chambre mon cœur se fracturait toujours un peu plus. Il se débattait comme un malade, des sueurs froides perlaient sur son front, et des larmes tranchantes coulaient de ses yeux.

À chaque fois je passais à peu de me faire assassiner, j'étais toujours sur mes gardes car il tentait de me frapper par réflexe mais lorsqu'il me reconnaissait il se figeait et une nouvelle partie de son âme se brisait.

Je n'avais parlé de ça à personne, j'avais interdit à Léo, Ambre et Max de dormir à la maison. Ils voulaient être là pour lui en toute circonstance mais je savais qu'Elias ne voulait pas que cela se sache.

Il y a pile une semaine Max et moi l'avions trouvé dans sa salle d'entraînement, évanoui, les poings en sang. Son meilleur ami se doutait qu'il dormait très mal, cela se voyait dans tous les cas dans ses cernes mais je supposais qu'il n'imaginait pas l'envergure de ses courtes nuits.

Personne ne pouvait s'imaginer l'enfer de son sommeil.

Je rêvais de lui parler, de lui demander de me raconter afin de porter sa douleur avec lui mais il n'arrivait même pas à regarder sa famille en face. Ce n'était pas le moment, trois mois n'étaient pas suffisants pour qu'il puisse m'avouer ce séjour monstrueux avec Adèle.

Ses hurlements nocturnes s'étaient gravés à jamais dans mon cœur.

Je m'étais jurée de rester avec lui, de ne pas le laisser plus seul qu'il ne l'était déjà. Je m'occupais de gérer les comptes des Aryan Brotherhood comme si c'était les miens car plus les mois passaient plus son travail devenait catastrophique.

Son esprit était si embrouillé que cela se répercutait sur tout ce qu'il touchait.

Alors je corrigeais tout ce qu'il touchait, de A à Z. Je faisais des calculs, j'imprimais des tonnes de fiches, j'avais visité absolument tous les locaux, j'avais rencontré les membres importants de sa mafia.

Comme je le pouvais je devenais une épaule sur laquelle il pouvait s'appuyer.

J'étais assez forte pour le faire, j'étais assez forte pour subir sa peine, j'étais assez forte pour affronter sa colère, j'étais assez forte pour pallier à sa détresse.

Enfin, je l'espérais.

The Mafia's Doll / 1-2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant