Chapitre IX

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Axel Grenat

Je ne sais pas pourquoi ça me plaît autant de la taquiner. Je trouve ça marrant de la voir froncer les sourcils. On dirait un hamster. Ces derniers mots me font rire. Elle est vraiment trop sage. Par contre, je suis assez curieux de ce qu'elle va faire. Elle est partie en furie. Mon instinct me pousse à la suivre et c'est bien ce que je compte faire.
Malgré le vibreur de mon téléphone qui s'active, je continue sur ma lancée. Je ne la lâche pas du regard même si je dois esquiver une horde d'étudiants pressés. Je ne regarde même pas les regards curieux de certaines, trop occupés à la suivre. Soudain, il n'y a plus personne.
- Encore toi ? Entendis-je.
Aussitôt, je me planque à un couloir perpendiculaire au sien. Je suis collé au mur. J'ai l'impression d'être un ninja, ce qui me fait assez marrer mais je me retiens de rire pour éviter de me faire repérer. Je jette un léger coup d'œil, j'aperçois le pull noir de ma coloc et deux autres filles en face d'elle. Elles n'ont pas l'air commode.
- Je voulais savoir un truc, c'est de vous les rumeurs ? Demande-t-elle.
Celle aux cheveux tressés se met à ricaner. Elle est trop flippante, elle. L'autre reste de marbre et répond :
- Je ne vois pas pourquoi on s'abaisserait à ça. C'est fini le temps des gamineries.
- Et je suis d'accord avec toi pour une fois, affirme ma coloc. Seulement, je ne sais pas qui d'autre, que vous, ferai ça.
La brune psychopathe soupire.
- J'y vais, j'ai cours. À plus, la garce.
C'est violent ça. Mon cœur loupe un battement quand je vois cette goutte de sang s'échouer sur le sol du bahut. Lorsque je remonte à la source, c'est le doigt de ma coloc que je vois ensanglantée.
Elle est folle ?
Je lâche un gémissement inconsciemment. Une vive douleur, comme celle d'une aiguille, à ma lèvre inférieure.
- Ne nous revoyons plus, précise-t-elle avant de laisser ma coloc.
J'ignore ce qui se passe mais si elle se met en sang pour ça, c'est que ce n'est pas banal.
D'un geste lent, je recule pour sortir du couloir.

~✧~

Je sursaute, mon corps a décidé de me réveiller. J'aurai préféré dormir. Le prof est un vrai zombie l'aprèm.
- T'as pas dormi cette nuit ou quoi ? Se moque Matthias.
Quand je me tourne pour rétorquer, la porte du fond de la salle s'ouvre discrètement pour laisser apparaître ma chère coloc. Elle a toujours la capuche baissé sur son front. Elle porte toujours des vêtements sombre, elle est souvent recroqueviller sur elle-même sauf la fois où elle m'a répondu droit dans les yeux. À part ça, une mine obscure traverse sa peau blanche. Je ne sais pas pourquoi j'y pense maintenant. C'était quoi la rumeur déjà ? Une chaudasse qui embrasse les mecs des autres. Je n'ai pas envie d'y penser et de ressentir la moindre empathie pour elle. C'est une croqueuse d'homme. Pourquoi j'irai la plaindre ?
Je me focalise soudainement sur ses doigts pansés.
- Pourquoi t'as l'air énervé ?
Je croise Matthias qui m'observe comme si je n'étais pas son pote. Il me regarde complètement de travers en faisant des va-et-vient entre mon regard et ma main droite que je regarde presque immédiatement. Je n'avais pas remarqué que j'avais serré le poing.
- C'est rien, lâché-je pour passer à autre chose.
Il devient blasé. C'est clairement la tête de quelqu'un qui n'y croit pas.
- C'est en rapport avec Inès ? Suppose-t-il.
- Non et d'abord, comment t'as su pour elle ?
Oh non. Ça y est, je pense savoir. Lexi.
- Finalement, répond pas...
Il hausse les épaules avant de reprendre le cours.

~✧~

En sortant, je récupère mon casque et sur le chemin de la sortie, je croise le regard glacial de mon ex. Je l'ignore en enfilant mon casque puis je monte sur ma moto que je prends le temps d'admirer. Elle est si belle. De toute beauté.
Sur la route, le vent me gifle le torse mais c'est une sensation kiffante. C'est la sensation de la vitesse avec le cœur qui s'accélère au même rythme que ma moto comme si les deux étaient en pleine course. Cette sensation prend forme dans tout mon corps, une vive énergie addictive qui rend amnésique le temps de rouler. Soudain, une silhouette attire mon attention lorsque je m'arrête à un feu rouge. Sur le chemin longé d'arbre où les feuilles tombent par dizaines. Une silhouette marche, la tête baissée. C'est elle. Je la reconnais avec sa capuche toujours sur sa tête. J'ai presque envie de la lui enlever pour savoir sa réaction. Peut-être bien qu'elle a une calvitie. Mais j'oublie vite cette idée quand je la revois enroulé d'une serviette. Ce souvenir était rapide alors il est encore flou mais j'aurais aimé mieux observer ses formes et son visage éclairé par la lumière vive de la salle de bain.
Quand le feu passe au vert. J'oublie de rouler le temps d'une seconde. J'hésite à aller la voir et lui proposer de monter mais je me ravise aussitôt. Je pose mon pied sur ma moto et démarre pour la laisser marcher.
J'ai accepté de faire d'elle ma coloc mais pas de jouer les gars sympa. J'ai d'autre chien à fouetter.

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