Axel Grenat
Il y a des habitudes qui nous lassent et d'autres où l'on refuse de s'en détacher. Comme toutes ces matinées où nous sommes assis sur nos tabourets à manger nos céréales.
— T'as repris les rouges ? demandé-je en faisant référence aux céréales.
Elle acquiesce.
— C'est les meilleurs.
J’imite son geste avec un sourire.
Au bout de quelques minutes, elle se précipite après avoir jeté un coup d'œil sur son téléphone. Même sa précipitation fait partie des habitudes que j'aime bien. Je ne m'en lasse pas. Chaque matin, je m'amuse en la regardant s'empresser dans sa chambre alors que moi c'est tout l'inverse. Je suis complètement détendu. Je ne me souviens pas avoir stressé une seule fois le matin pour aller en cours. Depuis le collège, j'y suis toujours allé à mon rythme sans jamais être en retard même s'il arrivait qu'il y ait des exceptions. Par exemple, le jour où je devais réveiller Logan. Le comble pour un grand frère, c'est le plus petit qui est obligé de le réveiller. Il y a une autre mâtiné qui m'a marqué, ce jour-là, je suis arrivé en cours à midi. Mais si j'avais le choix à ce moment-là, je serai rester à la maison toute la journée.
Elle sort enfin de la salle de bain, ses mains serrant sa demi-queue de cheval. Elle change de coiffure mais elle conserve le pull. Rien qu'à la voir, j'ai déjà chaud alors que je suis en short.
— Hey, t'es pas obligé de te presser. Je t'emmène.
Elle me regarde l'air de dire que même si je l'emmène, elle ne veut pas être en retard. À la voir, je n'ai pas l'envie de rétorquer ou plutôt la motivation. Alors qu'elle enfile déjà ses baskets, je décide de me lever pour rapidement me changer. Cette fille stress beaucoup trop alors autant que je me dépêche.
— Tu me donnes chaud avec ton pull, soupiré-je en sortant de ma chambre et en lui passant mon casque au passage tandis que j'enfile ma veste ensuite.
— Ça va, il fait pas si chaud.
Parfois je me demande si ce n'est pas un alien qui vit sur une planète brûlante pour qu'elle me sorte ça. J'enfile à peine mon t-shirt que la transpiration commence à faire son apparition pour me coller la peau. Avant que je ne démarre, elle s'installe et ses mains s'accrochent à mon t-shirt par devant. Mon ventre se serre et ma poitrine se bloque au contact de ses bras sur mes côtes.
Les roues glissent sur le bitume tandis que je repense à hier. On n'a pas eu le temps d'en parler, trop occupé et pris par le temps pour le faire. Seulement, ma langue me démange. Ça fait depuis le début de l'année qu'on vit ensemble, on s'approche de la fin de la première année. En vérité, je ne sais pas grand-chose sur elle. Après, elle n'en sait pas plus sur moi. Excepté la boxe ou plus récemment que je me suis fait larguer. Les amis parlent souvent entre eux mais je me rends compte que même si on est pote, on a une drôle de relation.
On arrive rapidement près de l'université alors je m'arrête et elle descend seulement, je n'arrive pas à partir, mon pied refuse de se poser sur la moto. Son regard se pose sur moi, les sourcils froncés.
— J'ai une question.
Elle croise les bras, prête à entendre.
— C'est quoi ta passion ?
Elle lève les sourcils.
— Lire et écrire.
Je souris au premier mot. J'avais oublié. C'est vrai que je l'avais vu lire. Plusieurs fois même avec son expression “cucul la praline”. Je remet mon casque avant de démarrer pour de bon direction la fac où je gare ma moto.
— Yo ! s'exclame-t-elle en passant son bras sur mon épaule. Ça s'est arrangé entre vous ?
Je regarde la brune avant d'acquiescer.
— Ouais. Disons qu'on s'est défoulé à coup de Smash Bros.
Lexi pouffe de rire avant me taper l'épaule.
— Tant mieux alors ! Du coups tu es allée chez elle ou est allé chez toi ?
Je dois répondre comment ? C'est chez elle et c'est chez moi.
— Ne me dit pas que vous êtes allés chez toi ? s'exclame-t-elle avec stupeur. On n'a même pas pu aller chez toi, Matthias et moi, à la place on est allé au bar…
Je lâche un soupir d'exaspération en même temps que je me dirige vers l'amphithéâtre. Elle me colle et n'arrête pas de me demander si c'est ça. Décidément, elle est trop curieuse tandis que je ne sais pas quoi répondre. Elle ignore qu'on vit ensemble. Je ne peux pas lui dire. Mon corps s'arrête soudain en plein milieu du couloir tandis qu'elle esquisse un sourire malicieux.
— Vous êtes en couple, c'est ça ?
Je manque de m'étouffer surtout qu'à ce mot “couple”, je pense à la nuit qu'on a passé ensemble et m'a tête qui s'est rapprochée d'elle inconsciemment.
— Non. Qu'est-ce que tu racontes comme connerie encore ?
— Bon, je te laisse ! J'ai cours, glousse-t-elle avant de s'échapper.
Je lâche un soupir et aussitôt une image malsaine apparaît dans ma tête. Je la secoue tout de suite avant de me frotter le visage tout en entrant dans l'amphithéâtre. Pourquoi j'imagine ses lèvres poser sur les miennes ? Je dois être fou.
Mes paupières se ferment d'elles-mêmes, mes mains font sauter le ballon pour atterrir dans ces dernières à nouveau. Seulement, le son de la porte me réveille. Matthias entre et s'installe à côté de moi.
— Sacré bosse, se moque-t-il.
— Je t'en merde.
Il rattrape le ballon aussitôt en riant. On se fait quelques paniers, toujours assis comme deux vieux dans un bar. Il faut dire que même à dix-neuf ans, je sens la vieillesse me coller.
— Mec, ça fait quoi d'être amoureux ? demandé-je soudainement.
— Tu es sorti avec plus de nana que moi et tu me poses la question ?
J'acquiesce en soupirant.
— J'ai beau sortir avec plein de filles, ça ne fait pas de moi quelqu'un qui s'y connaît.
— Pourquoi tu me poses la question tout à coup ?
— J'ai…j'ai besoin d'être certain d'une chose, soupiré-je.
Pour seule réponse, il acquiesce sans me demander plus de précisions.
— Je ne suis pas le mieux placé pour y répondre. Je suis encore un gosse dans la tête, je ne pense pas aux relations sérieuses. Mais, apparemment si tu penses souvent à elle ou si ton corps réagit comme un aimant alors pose toi des questions.
J'acquiesce, l'air paumé. Comme un aimant ? Penser à elle ? Ça serait difficile de l'admettre. J'ai besoin de réfléchir. Ça se trouve, je suis peut-être aimanté à elle sans le savoir.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...