Chapitre XXXIII

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Ilona Lazykwart

  Les jambes superposées, je glousse le long de mon lit tandis que mes pensées lisent avec attention ses messages. La phase avec Axel et Emma n’était qu’une petite phase de rien du tout. Je dois me ressaisir car cette fois je le sens, mon homme capable c’est lui. Il a tout pour plaire. Il est drôle, prévenant, sympa et attentionné. Enzo est vraiment un gars en or. La porte d’entrée se claque brusquement alors après un long blanc, les yeux rivés sur la portent, je finis par scruté le haut de mon téléphone pour bondir hors de mon lit. J’étais trop prise dans notre conversation que j’ai oublié les cours. Je ne dois pas oublier les paroles de ma prof de maths, celle de ne pas me laisser bercer par la mélodie des sirènes. Elle pourrait m’éloigner du droit chemin. Je dois me concentrer sur mes études, ne pas faire comme avant en me préoccupant des beaux garçons qui me rendent étourdie. En vérité, ce n’est pas de leur faute mais plutôt de la mienne et celle de mon imagination débordante.
  Mes jambes s’élancent vers la sortie tandis que ma main agrippe la poignée pour fermer la porte avant que je tourne la clé deux fois dans la serrure. A peine sortie de l’immeuble qu’une moto se gare face à moi. Ma poitrine se serre avec un goût d’incompréhension qui dévale ma gorge jusqu’à atterrir dans le creux de mon ventre. Je force le sourire lorsque l’homme masqué dévoile son visage.
— Monte !
  Je ne comprends pas pourquoi je ne ressens rien alors qu’il n’y a même pas vingt minutes je souriais comme un asticot. Néanmoins, je suis soulagée qu’il soit venu me chercher. Vu l’heure, je serai arrivé en retard à l’université. Et ce n’est pas mon genre. A chaque imprévu mes membres tremblent, je déteste ça.
— Merci d’être venue. Au fait, comment tu as su ?
— Je passais dans le quartier et je t’ai vu en panique. Puis, ça me stress tout autant d’être à la bourre alors…je suis venu.
  Lorsque j'aperçois l’établissement, mon corps palpite et tout mon épiderme frissonne. Toujours focalisé sur l’école, je tape plusieurs fois sur son épaule.
— Grouille !
  Son rire résonne à mes oreilles puis soudain il accélère brusquement alors mon corps penche vers l’avant pour cogner ma poitrine contre son dos. Nos regards se croisent sur le rétroviseur, c’est comme si le temps s’était arrêté aussi brusquement que son accélération. Lorsqu’il se gare sur le parking, je ne lui fais qu’un signe de la main avec un sourire maladroit avant de me précipiter en vitesse jusqu’à ma salle.
  Les battements de mon cœur commencent à s'essouffler jusqu’à ce qu’il rebondisse aussitôt à cause de cette silhouette qui s’échappe d'une intersection. Elle aussi est essoufflée. Tandis que mes doigts s’accrochent à mon pendentif, sa main est posée sur sa poitrine. Ma vue est floue, je ne distingue pas tous les traits de ce qui se trouve devant moi. Lorsque ma vue devient plus nette, une image s’affiche dans ma tête. Ça date de la rentrée mais son visage…
— Je te reconnais…
— Lexi, se présente-t-elle avant que je ne lui demande.
  Mon buste se remet droit tandis que nos yeux se scrutent sans dévier de leur trajectoire. J’ignore qui elle est exactement. Dois-je la voir comme une ennemie. Car à notre première rencontre, je dois bien avouer que je ne l'ai pas pris par gentillesse. Je sais bien qu’elle était curieuse, mais ça ne se dit pas. Alors maintenant que nous sommes face à face, que va-t-il se passer ?  Sans crier garde, sa main se tend droit vers moi. Les doigts écartés, qui me laissent apercevoir un tatouage sous forme de serpent qui entoure son majeur. Il y a également ses quatres bagues qui décorent sa main.
— On est parti sur de mauvaises bases toi et moi. Pardonne-moi pour ton premier jour, ce n’était pas très poli de ma part.
— C’est oublié, répondé-je à sa poignée de main.
  Néanmoins je demeure dans le doute. Elle a beau se montrer gentille soudainement, je préfère conserver ma méfiance envers elle quelque temps.
—Tu vas  à l’amphi ? relance-t-elle pour combler mon manque de parole.
  J’acquiesce.
— Suis-moi, on y va ensemble.
    Je la suis sans bronché, de toute façon je n’ai pas le choix car on a cours ensemble donc ça ne servirait à rien de la suivre à part me mettre davantage en retard.

~✧~

Mes poumons inspirent le plus d’air possible jusqu’à la limite. Les étudiants s’en vont, franchissent les portes pour s’éloigner dans les rues tandis que la lumière du soleil commence à prendre une douce teinte orangé. Mes jambes décident d’avancer pour prendre le premier bus. Deux, trois personnes passent devant moi. Puis vient le moment où je dois poser ma carte sur le bipeur.
— Ilona !
  Je me retourne, surprise de voir Enzo sur le trottoir.
— Tu viens t’entrainer à la salle ce soir ?
  J’acquiesce et son sourire s’élargit en même temps que ses mains me font signe de descendre. C’est le raclement de gorge du chauffeur qui me pousse finalement à descendre, toute frissonnante.
  C’est comme une sensation de déjà vu, et ça ne s’est pas passé plus tard que ce matin. Je me demande bien ce qui le pousse à agir aussi, de façon si intentionnée.
  Lorsqu’on arrive dans la petite ruelle, j’ai le cœur serré quand je découvre la moto de mon colocataire. Il a dû finir plus tôt. Quoique, non. C’est impossible car mon dernier  cours c’est celui qu’on a en commun. Il aurait séché ? Tout bêtement ? Ce n’est pas la première fois que je me pose des questions sur lui. Ça à commencé quand il prenait son petit déjeuner sans se presser tandis que je courais déjà partout car je pensais être en retard. Si j’avais su qu’il possédait une moto, je n'aurais pas perdu mon temps à penser à lui. Sauf que là, je me demande pourquoi a-t-il séché ? Tandis que je m’inquiète pour mon avenir, lui, vit sa vie tranquillement.
  Quand je passe la porte grise, mes yeux scrutent automatiquement le mouvement inhabituel qui se déroule dans le fond de la salle, pas loin du ring principal. Je m’approche aussitôt comme aveuglé par une curiosité dévorante . Je tente de m’appuyer sur mes pointes pour tenter de voir ce qu’il se passe devant cet homme baraqué, au débardeur blanc tout transpirant, qui me gâche la vue.
— Hé ! L’interpellé-je comme je refuse de le bousculer au risque de devoir l’affronter pour un combat perdu d’avance. Pourquoi il y a une scène ?
  Le grand mastodon se tourne face à moi pour scruter les alentours à sa hauteur. Je tousse un peu pour qu’il me remarque et soudain il affiche un air surpris. Je n’ai pas besoin de magie pour déchiffrer ses pensées. Ce n’est pas moi qui suis trop petite, c’est lui qui est trop grand. Il touche presque le plafond avec ses deux mètres. Un large sourire se dévoile, ce qui efface le préjugé que je m’étais faite de lui.
— Oh ! Ca ? C’est un concert pour se décontracter avant le combat. C'est même là qu'il y a plus d'ambiance. Il y a un monde fou ce soir là. Et tu sais quoi ? Axel les fait toutes craquer. Il est doué.

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