Chapitre XIII

63 5 2
                                    

Ilona Lazykwartz

Accompagné de ma valise, je marche dehors sans but. Je frissonne lorsqu'une perle glacée longe ma peau, se fond dans mes vêtements lorsque ses copines arrivent. Je lève la tête vers le haut et aussitôt, une multitude de larmes de pluie cogne mon visage. Je n'ai pas envie d'aller à l'hôtel alors je cours à l'arrêt de but éclairé pas les lanternes tandis que l'ombre envahit la rue. J'écris un message rapide.
Il met du temps pour répondre. Mon corps grelotte. Ce n'est pas dans ses habitudes. Surtout qu'il ne travaille pas ce soir. J'ai peur qu'il ait eu un accident. Le vibreur de mon téléphone s'active d'un seul coup. Mon sourire s'estompe. Il n'est pas disponible. Je ne peux pas aller chez lui.
Je m'affale sur le banc et sursaute. Il a fallu que ce soit mouillé.
Je regarde les dégâts. Une grosse tâche sur les fesses. Oh, et puis merde. Je m'assois quand même.
Au bout de plusieurs minutes à regarder la pluie tombée, les lumières des phares qui se reflètent à travers les gouttes, entendre les moteurs et les voitures rouler sur le bitume, mon ventre commence à crier famine. Il va falloir que j'aille à l'hôtel.
Je commence à m'étirer puis je me lève pour marcher droit devant. Alors que l'eau recouvre mon corps glacé, la lumière de la rue commerçante me réchauffe doucement. L'autre rue, des bars et des restaurants. Tandis que dans ma rue, une immense discothèque avec des leds roses qui m'auveugle.
- Oh aller, viens !
Une voix bien mielleuse. La fille doit être ivre. Je regarde à la droite, du côté de la boîte, une femme avec un short court. On pourrait presque voir la lune. Soudain, elle attire quelqu'un à elle pour une embrassade des plus torrides.
Je me fige aussitôt, mon cœur tombe en miette sur le bitume. Le temps semble s'arrêter, sauf pour eux. Les voitures ne cessent de me casser les oreilles, les brouhaha des bars restaurants cessent aussitôt quand je vois cet homme pour qui je pouvais offrir mon corps.
Occupé ? Mon cul, oui.
Mes doigts tapent sur le clavier mon téléphone tandis que ma poitrine s'étouffe à travers mes sanglots serrés par ma mâchoire. C'est comme des centaines de coups de poing en continu dans mon ventre. Ils s'embrassent follement, je le vois mettre la main aux fesses et d'un coup mes jambes fléchissent. Une larmes puis deux se fondent avec la pluie. La gorge serrée, je lui écris ce mot :

<<GARCE>>

Aucun mot n'est plus fort que celui-ci. Le seul que je suis capable d'écrire, je me sens trop fatiguée à force de les voir se galocher à tout va. Il ne pense même pas à moi, c'est comme si je n'existais pas, que je n'étais rien alors qu'il était tout pour moi.
Ma voix s'étrangle, ma poitrine m'étrangle et pourtant je n'arrête pas de les observer. Je ne peux pas détourner le regard de leur danse torride alors que leurs corps se collent et s'apprivoisent.
La pluie continue de tomber, mais je m'en fiche. Ça n'a plus d'importance. Mon cœur est brisé alors, que je sois trempé ou non, ça ne mérite pas toute mon attention.
Je décide de baisser la tête, mes poings se serrent tout comme mon cœur que j'ai cessé d'écouter. Cependant, je le sens s'arrêter quand des pas cours dans ma direction sous la pluie battante, sur les flaques d'eau qui parsèment la route et les trottoirs.
- Eh beh, tu fais peine à voir.
Cette voix, je ne la supporte plus.
Je n'ai pas le temps de crier, de le frapper, de faire quoique ce soit, qu'une veste chaude enveloppe soudainement mon corps.

GARCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant