Ilona Lazykwartz
Je rentre exténué de ma journée, au point que j'ai envie de m'écrouler à terre sur le seuil. Seulement, je me retiens. D'ailleurs, je me demande pourquoi c'est aussi calme. Je pensais trouver mon cher coloc mais je n'entends aucun bruit comme si la seule personne vivante ici, c'était moi. Plus j'entre dans l'appart, plus je me dis que je suis réellement seule. Je fouille un peu partout et lorsque je suis devant sa porte, j'enchaîne sur une grande inspiration avant de toquer. Aucun bruit. Cette fois-ci j'en ai la certitude, je suis seule et je me sens si bien.
Je m'étire les bras, satisfaite de cette nouvelle, pour m'avachir sur le canapé. C'est si confortable, bien mieux que ceux de l'hôtel. C'est si moelleux, j'ai envie de dormir mais j'oublie que j'ai autre chose à faire. Puis, je n'ai pas envie qu'il me voit avachi sur le ventre, mes jambes dans le vide et ma joue contre le canapé. Son canapé. J'ai encore dû mal à m'y faire car c'est aussi en partie chez moi. C'est surtout chez lui et quand j’y pense, j’ai l'impression d’être une punaise qui n'a rien à faire là. Je suis juste une mouche qui ne peut sortir d'ici par peur d'être de retour à une vie instable.
Alors que j'ouvre les yeux, je tombe sur une carte. Je la prends pour la poser à terre. Il s'agit d'une compétition de boxe. En vrai, c'est stylé. Mais, souvent c'est de la comédie. Il va vraiment payer pour regarder ça ? C'est débile. Il gaspille son argent.
Je repose le prospectus puis vient mon tour. Mon corps est si lourd. Dire qu'il faut que je me transporte moi-même jusqu'à la chambre…
À peine entré dans ma chambre que je me force à réviser mes cours, seulement, mes paupières tombent de fatigue.J'ouvre grand les yeux, mon cœur qui s'est arrêté recommence à battre. Je suis encore fatiguée, je baille puis m'étire et décide de confronter le mec qui a osé claquer la porte.
Je frotte les yeux quand je sors de ma chambre, et je remarque aussitôt son corps se terrer dans sa tanière.
— Tu pourrais faire moins de bruit la prochaine fois, crié-je à sa porte.
Je bondis d'un coup quand il se trouve face à moi en à peine une seconde avec un air glacial.
Je croise les bras et fuit son regard à la Shang dans Mulan. Sérieusement, on dirait le même regard quand Shang se lève du mauvais pied.
— Dégage, rétorque-t-il froidement.
L'adrénaline m'emporte mais je pose à peine les yeux sur lui que je découvre des bleus et du sang sur son visage. Aussitôt, chacun de mes membres tremblent et mon rythme cardiaque diminue. Je n'arrive pas à quitter ses yeux ni à reculer. Je suis comme figé sur place.
Son soupir me réveille. Cette fois, il ferme la porte plus calmement.
C'était quoi ça ? Il était blessé ? Ça fait flipper. Il s'est prit le choux avec qui ? J'imagine toujours le pire dans ma tête, un frisson longe mon dos jusqu'à ma nuque jusqu'à me faire grincer des dents. Je devrais retourner dans ma chambre mais je fais à peine un pas que mon ventre proteste jusqu'à demander à mon cerveau de me transmettre des tonnes d'images de plats délicieux. Comme une idiote, je ne résiste pas.
Je fouille dans chaque recoin de la cuisine pour savoir ce qu'il a, car comme une idiote, j'ai oublié de faire mes courses. Après, si je pique dans sa réserve personnelle, j'irai le rembourser évidemment.
Je soupire quand je constate qu'il n'y a plus rien. Soudain, je pense à une fantastique idée.
Je regarde, puis je commande. Dès la première note de la sonnette, je bondis hors de mon bureau pour courir en furie jusqu'à l'entrée.
Je rougis instantanément.
— Kevin ? Tu travailles ce soir ?
—Ilona ? S'exclame-t-il surpris. Tu n'habites plus à l'hôtel ?
Je secoue la tête.
— Je me suis trouvé un colocataire, c'est bien mieux que l'hôtel, murmuré-je les joues rougies.
Soudain, son regard devient glacial.
— Un ? Tu es avec un mec ?
— Ce n'est que temporaire, bégayé-je. Puis si t'es jaloux, tu n'avais qu'à me laisser être ta coloc…
— On est déjà deux, je te l'ai déjà dit, soupire-t-il. T'aurais pas été à l'aise. Par contre, t'aurais pu me le dire.
— Désolée…
— Pourquoi tu souris ? S'enquiert-il.
— T'es mignon quand t'es jaloux, murmuré-je avant de le prendre dans mes bras pour lui chuchoter à l'oreille. Il n'y a que toi dans mon cœur.
Il resserre l'étreinte puis m'embrasse le cou avant qu'on se sépare puis me dit en souriant discrètement.
— Bon, j'y vais. J'ai encore d'autres livraisons de prévu.
— D'accord, sourié-je.
Alors qu'il s'en va vers sa moto, il me lance une dernière parole :
— L'approche pas ce type, tu m'appartient !
— Tu m'appartient aussi, lui rappelé-je avant de lui faire signe tandis qu'il s'en va dans la nuit noir.
Lorsque je reviens à l'appartement, je sursaute en voyant mon coloc avachi sur le dos du canapé. Nos regards se croisent une vague de frisson longue l'échine.
— C'était qui ? Ton mec ?
Je lève les yeux au ciel.
— Pourquoi t'es si curieux ?
— C'est marrant. Il s'appelle comment ? Demande-t-il en me suivant jusqu'à ma chambre mais je l'arrête avant même qu'il passe le pas de la porte.
Je prends quelques secondes de réflexion.
— Kévin, bégayé-je.
Soudain, il pouffe de rire.
— Quel nom de merde. Il te donne des paillettes au moins ? Rigole-t-il encore plus.
— T'as quoi contre ce prénom ? Axel c'est pas mieux non plus, c'est plutôt féminin.
— Hé, c'est plus classe que Kévin au moins.
Agacé par ses idioties, je lui dis :
— J'aimerai manger en paix, maintenant. Dégage, tu veux ?
Il n'a pas le temps de dire un mot de plus que je lui claque la porte au nez.
— Ça va ! Je m'excuse ! Cri-t-il derrière la porte avant de murmurer, après…c'est quand même nul…
— Je t'ai entendu, crétin ! Hurlé-je.
Il est agaçant.
C'est pas si mal, Kevin. En plus, ça lui va bien. Et il est si beau, si attentionné. Dire qu'il était jaloux que j'ai un coloc. C'est mignon, adorable.
Je rigole et le secoue dans mon lit avec le cœur qui bat la chamade. Seulement, mon estomac arrête mon euphorie. J'avais oublié. J'ai faim. En plus, ça été livré par mon copain. Ce serait dommage que ça refroidisse.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...