Chapitre XII

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Ilona Lazykwartz

  Quel connard !
  Je ravale mes larmes mais c'est si dur, j'ai mal à la poitrine. C'est comme se faire jeter à la poubelle. C'est agaçant et douloureux.
  Dans un élan de stupidité, mon pied cogne contre le pied de lit. Aussitôt, je saisis mon pied, la mâchoire serré pour m'empêcher de hurler. J'aurai dû le prévoir. J'aurai dû voir qu'il était ce genre de type à faire des soirées, à les organisées chez lui. C'était si évident. Il va falloir que je range mes affaires dans ma valise, pas tous. Je vais devoir me préparer, mentalement, à retourner à l'hôtel.
 
  Le lendemain, quand je sors de ma chambre. Je suis encore énervé par ce qu'il a dit. C'est avec mépris que je le regarde quand nos yeux se croisent. Il ne réagit pas, il continue de me fixer sans rien dire. Son ignorance m'agace. Au dernier moment, il me dit :
—  La soirée, elle sera vendredi.
  Je ne reste pas plus longtemps dans les parages, je sors en trombe de l'appartement.
  Il a l'air de s'en foutre complètement. Ça ne devrait même pas m'étonner. À la base, il n'a pas voulu qu'on soit colocataire. C'est grâce à sa sœur que j'ai véritablement un toit sur ma tête, pas grâce à lui. Il a accepté sous les yeux doux de sa sœur, c'est sûr. Alors, j'imagine que ça l'arrange bien que je m'en aille le temps d'une soirée. J'entends déjà ses pensées de réjouissances.
 
  Lorsque je rejoins l'enceinte de l'université, je remarque déjà les rires de ses amis que j'ai repéré dès mon arrivée. Celui qui a embarqué Axel  est ici. Celle qui m'a parlé aussi. Cette brune au teint noir, les tresses dressées en queue de cheval et un trait d'eye liner très marqué. Je les entends faire signe derrière moi. Je me retourne discrètement pour découvrir Axel, le visage animé d'un sourire. Comme si je n'existais pas. Après tout, ce problème, c'est le mien et non le sien. Si je suis mise de côté, il s'en fiche. Ce n'est pas ses affaires. J'ai une idée satisfaisante qui me vient en tête. Il m'a dit de ne rien dire au sujet de la colocation. Seulement, je suis tellement énervé, que j'ai envie de crier sur tous les toits qu'on vit ensemble. Mais les paroles d'une citation connue, défile dans ma tête. Je m'arrête sur ma lancée.
  Ça ne me ressemble pas d'agir ainsi, de me venger pour me faire remarquer. Je lâche un soupir tandis que mon corps avance tout droit vers l'amphithéâtre. 

~✧~

  Mon cœur palpite, un rythme stressant qui grimpe crescendo jusqu'à serrer ma poitrine. Je pourrais étouffer dans la rue mais je m'en empêche. Cette dernière journée était lassante. Je n'ai pas cessé de penser à ce soir. L'hôtel n'est pas si mal. C'est simplement, instable pour une étudiante. En plus, je vais pas tarder à être à court d'argent. Ça me serre la poitrine quand j'y pense.
  Aujourd'hui, c'était comme hier. Nos regards se sont croisés mais je les ai ignorés. Seulement, je fais face à un problème. À force d'avoir enduré ces pensées nocifs, je suis comme une bombonne de gaz qui compte exploser à la moindre faiblesse.
  Lorsque j'arrive dans l'appartement, je sors aussitôt mes affaires dans l'entrée quand soudain je cesse de respirer au son de sa porte qui s'ouvre sur lui.
— Prête ? Demande-t-il.
  Je ne veux même pas lui répondre et il semble plutôt bien le comportement car il me regarde avec incompréhension à cause de mon silence. Seulement, je n'arrive pas à exprimer le moindre mot. J'ai la sensation que dès que mes lèvres s'ouvriront alors des mots aussi cru que possible apparaîtront pour tabasser sa gueule d'ange. Le seul mot que je parviens à exprimer, c'est celui-ci lorsque je vois ses pas s'avancer :
— Dégage.
  Il s'arrête d'un seul coup tandis que je me redresse après avoir lacet à nouveau mes chaussures.
— Pourquoi t'es agressive d'un coup ?
— Tu réagirais comment si on te mettait à la porte juste pour une fête ?
  Il hausse les épaules.
— Ça va, c'est temporaire, lâche-t-il aisément.
  Je ne me contrôle plus.
— Temporaire ? J'aimerai bien t'y voir. Je suis chez moi aussi, la chambre en tout cas. Et je me fais virer comme ça ? Je trouve ça… dégueulasse…
  Il lève les yeux au ciel.
— Tu n'as qu'à partir alors.
  Mon cœur cesse de battre à la seconde où sa voix résonne dans mes oreilles. Une vague de frisson chamboule mon corps qui manque de tomber. Puis, soudain, je perds le contrôle et lâche un rire avant de lui répondre :
— Parfait. Finalement, l'hôtel sera mieux que de vivre avec toi.
— Pars, alors.
— C'est ce que je fais, crétin, soufflé-je.

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