Chapitre LXVII

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Ilona Lazykwart

  Les souvenirs sont tel des torrents qui se bousculent dans ma tête comme une danse endiablée qui me rend folle réchauffe mon corps d'une flamme ardente. Je peine à réaliser. Je suis perdue entre rêve et réalité. Tout ça à commencé avec un baiser. Mes doigts se posent aussitôt sur mes lèvres brûlantes. Il m'a allongée sur ce lit, derrière la porte qui est en face de moi. Sa main m'a déshabillé tendrement en faisant glisser ma robe le long de mon corps avec délicatesse comme si c'était une chose fragile. Encore là, enveloppé dans cette couverture, je ressens ses caresses passées qui ont découvert mon corps. C'est le premier homme qui me voit nu. Je frissonne à une pensée menaçant mon cœur de le suivre à nouveau malgré mes erreurs. Il a capturé ma virginité. Rien qu'à cette pensée, mes joues virent au rouge. Soudain, deux coups cognent à la porte.

— Ilona ? 

  La voix de Lexi parvient à mes oreilles, aussitôt je sors de la salle de bain enroulée dans la couverture épaisse. Les yeux de la brune se figent lorsqu'elle me voit avant de me scruter de haut en bas. Un sourire coquin de place sur son visage. 

— Je vois que tu as été occupé cette nuit.

  Lorsque les perles salées me montent aux yeux, son sourire s'arrête et elle redresse les sourcils, inquiète. Je fonce vers elle et la prends dans mes bras. 

— Lexi, j'ai besoin de vider mon sac.

  Sa main caresse le haut de mon crâne avant d'acquiescer. 

— Allons dans ma chambre, ils sont tous partis. 

  Je n'arrête pas de penser à cette nuit et rien qu'à ça, un long frisson me parcourt l'échine jusqu'à faire trembler mon corps. Mes souvenirs sont à la fois clairs et brouillés. Ce sont seulement ses touchés qui restent gravés dans mon esprit. Son visage reste flou. 

  Toujours enroulé dans ce nuage blanc, je me recroqueville sur son lit les jours roses tandis qu'elle s'assoit près de moi avec une oreille attentive. 

— Dit moi, qui est l'abruti qui t'as fait du mal ? 

— Axel…

— Quoi ? crie-t-elle.

  Mon corps sursaute et je me précipite pour changer le sens de mes paroles.

— Non, bredouillé-je. Je veux dire qu'on l'a fait avec…Axel. Mais il ne m'a pas fait de mal ! 

  Ma tête tombe dans mes mains. Je n'arrive plus à exprimer le fond de mes pensées. 

— Vous…

  Lorsque je lève le regard vers Lexi, sa tête est baissée, perdue dans le vaste atmosphère de son esprit. Je fais la moue puis elle me bredouille :

— Ok. Explique-moi calmement…

  Je déglutis avant de laisser passer quelques secondes.

— On a couché ensemble et…je.

— Tu n'étais pas consentante ?

  Ma tête se baisse immédiatement pour fixer la couverture qui m'entoure.

— Je n'en sais rien. Il faut dire que j'ai beaucoup bu hier. Mais dans mes souvenirs, j'ai aussi…on a tous les deux fait le premier pas vers l'autre. 

— Alors…c'est super, non ? demande-t-elle, hésitante.

  Je pince mes lèvres.

— Ce n'est pas…ce que je voulais…mais pas dans le sens que tu crois. Lexi…je…

  Sa main se place sur mon épaule, elle me sourit avec compassion tandis que j'inspire un coup avant de continuer.

— J'ai fait une erreur avec lui. Deux même et je ne me le pardonne pas…

— Qu'est-ce que… tu as fait ?

— Je me suis immiscé dans sa vie, j'ai vù le message de son père et il était fou de rage, j'ai vu son carnet et…j'ai rencontré son frère qui m'a raconté des bobards…j'ai cru son frère plutôt que lui et je l'ai incité subtilement à voir son père… Et là… il doit me détester parce que je suis partie après qu'il m'ait embrassé. J'ai fui… je ne le mérite pas…

— Attends, attends…il t'a embrassé ? s'écrit-elle.

  J'acquiesce, me remémorant ce baiser. 

  Je me souviens comme si c'était hier. Des mains chaudes sur les joues, l'élan qu'il a pris pour venir poser mes lèvres. C'était si soudain que j'étais incapable mettre en ordre mes pensées. Tout ce à quoi je pensais, c'était l'erreur d'avoir cru son frère plutôt sur lui. Il avait l'étincelle dans son regard quand il m'avait remercié mais mon cœur s'est fissuré en plusieurs morceaux. C'était ce sentiment de honte qui découlait dans ma veine et qui y coule encore surtout lorsque je l'ai repoussé une deuxième fois. Ces mots sont sortis sans mon consentement. J'aurai aimé l'embrasser moi aussi. Lui donner un baiser pour qu'il puisse pardonner ma naïveté d'avoir cru un inconnu plutôt que la personne avec qui j'ai vécu durant plusieurs mois. 

— Ilona…murmure-t-elle sans savoir quoi dire.

  Dans le ton de sa voix, ça sonne comme une évidence, ses pensées ont des paroles à prononcer mais ces derniers ne parviennent pas à sortir. Je me redresse en sortant hors du lit avec difficulté puis j'annonce :

— Je vais me changer.

  Elle acquiesce et lorsque je suis à nouveau dans cette salle de bain, la couverture s'échoue jusqu'à atterrir à mes pieds. Je prends une profonde inspiration avant de croiser mon regard, mon corps nu comblé par ses baisers avec quelques traces rouges sur mon cou qui font frémir le creux de mon estomac jusqu'à faire palpiter mon cœur. Il serait trop pénible et trop égoïste de prononcer ces mots mêmes dans mes pensées. Le rouge à lèvre posé sur l'évier me fait face comme le trésor d'un pirate. D'une main tremblante, j'écris ces quelques mots :

Je suis amoureuse

  Le cœur lourd, j'attends quelques secondes. Le regard levé vers ces mots déposés sur le miroir comme un baiser. Mon regard soutient cette cible qui étreint ma poitrine, puis dans une profonde inspiration. Ma respiration se coupe. J'ai la marque de ses baisers sur chacune de mes mèches, la sensation de son regard sur chacune d'elle. Alors c'est aujourd'hui que je décide de prendre la lame pour laisser ces brindilles de mon existence s'étaler sur le sol avant de saisir le rouge à lèvre à nouveau.

Je/suis/am/ou/reu/se/

(NDA: barré)

~✧~

  Le vent frôle désormais ma nuque. Je n'ai jamais coupé aussi court. Ça me va plutôt bien les carrées mais ce n'est pas le moment pour m'attarder dessus. Alors que j'arrive à la fac, une silhouette m'est familière et aussitôt mon cœur de presse lorsque je vois cette femme magnifique assise à des côtés, la main posée sur son épaule. Je déglutis avant de contourner le regard avec horreur pour aller à l'amphithéâtre où je pourrais oublier ce tableau d'amoureux. 

GARCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant