Chapitre LXXV

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Axel Grenat

  Mon cœur a failli céder lorsque je l'ai vu sortir de l'hôtel. L'appréhension prenait possession de mon corps. Et pourtant, j'ai réussi. Mes paroles ont su l'atteindre malgré le doute qui planait dans le creux de mon ventre. Je souris tout seul comme un imbécile. Son visage si paisible, endormi alors que le bout de son nez est caché sous la couverture. Je pince ma lèvre inférieure, les images de cette nuit ont beau être obscures, les sensations laissent des traces sur mon épiderme.
— Hey, murmuré-je alors que ses paupières s'ouvrent lentement. Bien dormi ?
  Elle acquiesce, une mine fatiguée sur le visage et pourtant, je désire à nouveau ses lèvres. Doucement, j'approche mes lèvres et entre en contact avec les siennes. C'est furtif mais à peine que je me sépare d'elle, qu'elles s'approchent comme un aimant. Un petit grognement, qui fait chanceler mon cœur, s'extirpe de ses lèvres. Les miennes, partant explorer son cou. La sensation de mes dents sur sa peau lui lâche un petit gémissement.
— Pas maintenant, bredouille-t-elle avec un petit rire matinal.
  Je fais la moue avant de poser mon bras sur le matelas pour relever mon avant bras afin que ma tête se repose sur la paume de ma main.
— Ça me va aussi. Je peux te dévorer du regard.
  Les yeux clos, elle émet un petit sourire qui bascule sur le mien. Son corps bascule sur le dos puis elle étire son corps. Je pince mes lèvres.
— Merci de me laisser cette vue au réveil, la taquiné-je.
  Aussitôt, ses mains saisissent le bout de la couette pour cacher sa poitrine à deux doigts d'être découverte. Puis, ses joues prennent une teinte rosée.
— Ferme les yeux, je dois m'habiller.
  Je soupire en faisant la moue mais je cède à son ordre, mon cœur vibrant dans ma poitrine.
— Je dois aller voir ma mère, bredouille-t-elle avec une once d'hésitation. Tu veux m'accompagner ?
  J'ouvre les yeux subitement. J’ai le temps d'apercevoir son dos nu, son jean qu'elle enfile sauf qu'avant même de réfléchir, je me prends un tissu sur la tête. Ma vue est cachée par ma sombre chemise.
— Tu devrais te changer toi aussi, à moins que tu veux arriver à poil devant ma mère ?
  Je déglutis avant de me débarrasser de cette chemise pour la jeter plus loin sur le lit.
— Non, bredouillé-je. Je vais m'habiller…
  Cette période sombre où l'on était séparé s'est effacé cette nuit en un rien de temps. Je pince mes lèvres quand je repense à ça. On a couché ensemble. On l'a fait et on était sobre cette fois. J'aimerais crier au monde que c'était la meilleure soirée de ma vie, je dois être fou. Une fois habillé, je me faufile dans la salle de bain. Elle se brosse les cheveux alors j'en profite pour enrouler mes bras autour de sa taille, mes mains sur son ventre qui rentre aussitôt, ma tête sur son épaule.
— Merci. Merci de ne pas m'avoir rejetée à nouveau.
  Je vois ses yeux qui brillent, sa lèvre inférieure qu'elle mordille.
— J'arrive encore à penser que je ne te mérite pas, bredouille-t-elle. Je t'ai blessé je…
— C'est bon, Lexi m'a expliqué.
  J'embrasse son épaule de quelques baisers avant de lui murmurer :
— Si tu m'aimes aussi alors ne pense plus à ça. Je t'aime, je veux passer le reste de ma vie avec toi…et toi ?
— Suis-je égoïste de dire oui ?
  Un sourire se dessine alors que ma main tourne son visage vers moi pour que mes lèvres puissent se joindre aux siennes.
— Soit égoïste autant que tu le souhaites.
  Mes mains saisissent son visage pour l'embrasser en profondeur, plus longtemps pour ne pas la laisser partir. Mon cœur jaillit hors de ma poitrine lorsqu'elle répond au baiser, ma main se pose sur le bas de son dos. Nos deux corps collés ensemble jusqu'à ce que je rompt le baiser.
— Je t'ai déjà pardonné et je t'aiderai à le faire envers toi-même si tu en as besoin.
  J'arrête d'inspirer dès qu'elle se blotti contre moi mais je souris, heureux de ce rapprochement qui réchauffe mon coeur alors j'encercle mes bras autour d'elle en retour.

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  Même si l'on descend de la moto, j'ai encore la sensation de ses bras autour de ma taille. Depuis qu'on l'a fait, je ressemble à un de ses bookboyfriend mielleux. Je l'admets. Pendant qu'elle est partie, j'ai retrouvé un de ses livres qui restait chez moi. Non. Chez nous. Je dois laisser place au nous. Enfin, j'ai lu le roman. Et jamais je ne me serais douté qu'un jour je lirai de la romance alors que je la taquinais souvent là-dessus.
  On arrive face à un immeuble imposant, gris, sombre, où la peinture ne donne pas tellement envie de s'y installer. Lorsqu'elle commence à soupirer, je m'approche d'elle.
— Ça va aller ?
— Oui, acquiesce-t-elle. C'est juste…que je ne l'ai pas revu depuis plusieurs mois. Presque un an je crois. Je suis partie l'été dernier avant la première année universitaire pour vivre à l'hôtel mais on ne s'est pas trop parler, même par message. Je suis un peu nerveuse.
  Mes bras se posent sur ses épaules, collant son dos à mon torse.
— Ça va aller. Ça sera juste un peu bizarre au début, je pense.
  Elle acquiesce avec un petit sourire qui fait battre ma poitrine.
— T'as besoin que je t'accompagne ou je t'attends là ?
— Non, je veux que tu viennes… sauf si ça te dérange, murmure-t-elle en serrant mes mains.
— Ok. Alors je viens, sourié-je avant de me détacher d'elle.
  Elle saisit ma main et nous montons voir sa mère. J'aurai dû lui dire que je suis aussi nerveux qu'elle, seulement, elle l'est suffisamment. On vient seulement de recoller les morceaux, de se mettre en couple et d'assumer nos sentiments que je dois déjà rencontrer sa mère.
  Ilona soupire avant de toquer, se prépare mentalement à revoir la femme qui lui a donné la vie. J'admire son courage adossé à ce mur. La porte s'ouvre à peine que deux bras entourent ma copine. Mes yeux s'agrandissent face à la scène jusqu'à ce que des larmes viennent résonner dans le couloir.
— Tu m'as tellement manqué… Ma petite fille…
  Les yeux de sa fille s’inondent à leur tour de perles salées qui coulent à flot.
— Toi aussi maman, soupire Ilona de satisfaction.
  Avant, j'aurais été mal à l'aise. Seulement, la voir me fait sourire. Je ne sais pas ce que j'ai mais je m'émeus facilement depuis hier. Au bout de plusieurs minutes, elles se détachent quand soudain un long frisson me parcourt l'échine.
— Qui est-ce ? bredouille sa mère.
— Mon petit ami, Axel Grenat.

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