Chapitre IV

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Axel Grenat

  Jamais je n'ai eu affaire avec ce genre de femme. Je suis encore sous le choc de ce qu'elle m'a dit. Moi ? Un mouton ? Sans blague. Je ne le suis pas, c'est complètement faux. Ça me fout la rage qu'une total inconnu se fasse de fausses idées de moi et ose me le dire en face, droit dans les yeux et sans cligner.
— Axel ! Détends- toi sinon tu vas casser le filet.
— Déso, j'avais pas fait gaffe, lâché-je avant de m'essuyer la face avec mon t-shirt.
— Waw, quel BG ! Un vrai bad boy avec ton air énervé, s'exclame la nouvelle arrivante.
  Je lâche un rictus.
— Oh, arrête. Tu vas me faire rougir, rié-je. Tu fous quoi ici, Lexi ?
— Rien, je viens seulement chercher Matthias. Il fou quoi ?
— À la douche, comme d'hab. Tu veux le rejoindre ?
  Aussitôt, elle me donne un coup de poing sec dans le bras. Je rigole malgré la douleur.
— T'es con, lâche-t-elle. Tu vas faire quoi avec Inès ?
  Je la regarde sans comprendre alors elle lâche un soupir désespéré en levant les yeux au ciel.
— Pour fêter vos deux ans ! T'as déjà oublié ? Heureusement qu'elle n'est pas là, elle t'aurait plaqué direct.
  En retour, je regarde ailleurs. Je déteste qu'on se joue de moi comme ça.
— Rien de prévu.
— Sérieux ?
  Elle s'esclaffe soudainement.
— Oh c'est bon, part pas ! Reviens…
  Elle rigole de plus belle alors que je comptais m'arrêter dans mon ultime bonté.
— Je vous laisse…
  Avant même de claquer la porte, je place ma tête à l'entrebâillement pour lui balancer d'un air taquin :
— Et au passage, n'oubliez pas les capotes pour la baise sinon vous allez réveiller la ville entière.
  Je n'ai même pas le temps de l'imiter gémir qu'elle court me balancer sa longue alors je rigole.

  Je n'ai jamais été doué pour les actes romantiques. Après tout, je n'ai pas eu les meilleurs exemples du monde. En premier, mes parents. Aucun acte d'amour entre eux. C'était surtout des engueulades à chaque recoin de la maison. Leur baisé était glacé, aucun sentiment derrière. Puis, il y a mon frère. Chaque semaine, une nouvelle fille. Des bombes au cul d'enfer, à la poitrine développée et des hanches magnifiques. Seulement, j'aurai préféré ne pas les entendre chaque nuit et même le matin. Même aujourd'hui, mes fréquentations côtées romantiques ne sont pas terribles. Et encore, je crois qu'il y a de l'amélioration entre Lexi et Matthias.
  Quand j'y pense, j'ai totalement oublié nos deux ans. Je crois qu'il n'y a que les filles pour se rendre compte de ce genre de détails. Ce n'est pas ce qui m'importe. Et honnêtement, ces deux années, je ne les ai même pas vu venir. C'est étonnant. Je ne me souviens plus de notre première rencontre. Ce n'est pas le plus important après. Le mieux de vivre le moment présent même si j'admets que je le suis moins. Elle me soule de plus en plus je crois.
  Soudain, j'ai un message de sa part qui débarque sur mon téléphone. Je soupire dès que je le lis. Il va falloir que je fasse demi-tour.
 
J'hésite.
Je lui prends quoi ? Je me demande ce qui peut lui faire plaisir. Je n'y connais rien. J'envoie un message à Lexi et elle me recale aussitôt par un “Vas te faire foutre”. C'est ça les jeunes de nos jours, des impolis. Je ne peux même pas me décider entre ces deux magasins. Il y a bien la bijouterie derrière mais, c'est nul d'offrir ça. C'est trop bas de gamme. Le mieux c'est le classique. Un bouquet de fleur ou une bonne pâtisserie de la boulangerie. Et bien, je vais suivre mon ventre qui crie famine.

~✧~

  Lorsque je débarque, c'est vêtu d'une chemise et d'un bermuda. Classique. Après, quand je vois tous les gens classes qui sont dans ce resto, je me dis que ma tenue n'est pas faite pour cet endroit. Que des gosses de riches ici. Deux frère et soeur courent partout dans la salle et me percute. Je vais tenter de rester calme.
  Je l'aperçois enfin alors je réajuste ma chemise et marche fièrement jusqu'à elle.
— Madame, me présenté-je tel un gentleman.
— Tu es en retard, lance-t-elle. Mais bon, assis-toi je t'en prie.
  L'ambiance est glacial. Elle ne sourit pas mais ne me regarde pas non plus. Je me demande pourquoi je suis venu. Je commence à m'ennuyer.
— D'ailleurs, je t'ai apporté quelque chose.
  Les filles aiment qu'on leur offre des cadeaux. Je préfère commencer là-dessus, l'atmosphère sera moins pénible à vivre et peut-être qu'elle sourira parce que là elle me sort une tête de déprimée trop sérieuse. C'est moi qui vait être déprimé au final.
  Sans un mot, elle accepte et prend la boîte sauf qu'en même temps de l'ouvrir, elle devient soudainement rouge de colère comme si le diable en personne avait prit possession de son âme.
  Un sourire sarcastique et là, je crois que j'ai réveillé quelque chose de très dangereux. Je n'ai même pas pu dire adieu à ce monde.
— T'es sérieux là ? D'abord le crouton que tu me laisses et maintenant tu m'offre ça ?
— T'aime pas les cookies ?
— Mais bordel !
  Je sursaute d'un seul coup.
— On offre pas un putain de cookie à sa copine à un jour important !
— Ça va…l'important c'est qu'on soit ensemble…
  Elle pouffe d'un seul coup. Je ne l'ai jamais vu comme ça.
— Bordel, Axel… Je suis ta copine, on est amoureux.
  Elle déglutit puis s'assoit difficilement, les poings serrés contre le tableau. Puis ce qui m'effraie, c'est lorsqu'elle prend une grande inspiration pour après me regarder droit dans les yeux.
— Si tu m'aimes, tu es censé te souvenir du premier jour de notre rencontre ou bien l'instant même où l'on a acté notre couple. Ce sont des souvenirs importants, ils comptent pour moi car ce sont les premiers jours qui m'ont fait te connaître, puis on s'est rapproché… Je ne sais plus comment te parler depuis quelques mois mais je me suis montrée patiente envers toi car je t'aime et que je suis prête à tous les efforts qu'il faut pour que notre couple dure… Seulement, ce n'est pas tout seul qu'on le construit mais à deux…
— Tu veux dire quoi par là ? Et ce n'est qu'un date, ce n'est pas si grave. Oui, j'admets, je l'ai oublié mais le principal c'est qu'on soit ensemble.
— Axel. Ce n'est pas qu'une date et ça, j'espère qu'un jour tu le comprendras quand tu tomberas amoureux.
— Hé, tu veux dire quoi par là ? Je t'aime.
  Elle pouffe.
— Axel. Tu le sais tout comme moi que tu n'es pas amoureux. Tu n'as pas ce regard d'un type fou de moi, prêt à tous les sacrifices pour notre couple. C'est moi qui fait toutes les démarches. Ce rendez-vous ? C'est moi qui t'ai invité, moi qui l'ai organisé et moi qui paie. Pareil au sujet de la dernière fois au bar. Tu ne fais rien. Pour toi, couple, c'est comme un statut de jeux vidéo. Ça n'a aucune valeur. Tu ne ressens rien quand tu me vois et je parie que là, tu n'as même pas mal au cœur. C'est moi qui souffre là !  Tu n'es même pas capable de me regarder en face. C'est terminé, j'en ai marre.
Je ne bouge pas, comme paralysé par ses paroles.
  Je n'ai pas bougé d'un centimètre depuis qu'elle est partie, depuis qu'elle m'a laissé en plan. Je soupire en même temps de m’avachir sur le siège.
— Monsieur ?
  J'ouvre les yeux. Un majordome, brun avec une moustache italienne, est penché vers moi.
— Excusez-moi mais, on va bientôt fermer.
  J'acquiesce.
  Je ne peux même pas profiter de ces sièges moelleux le jour où je me fais larguer. Je suis à deux doigts d'en parler à mes potes mais, à tous les coups, ils se foutent de ma gueule. Je les connais.
  J'ai besoin de rentrer chez moi et de dormir. Elle m'a crevée cette nana. Adieu mon rêve de coucher 100 fois avec la sosie d’Ariana Grande. On ne l'aura même pas fait une seule fois. C'était mon fantasme.
  Arrivée devant chez moi, je suis soulagée. Je vais enfin pouvoir dormir après avoir gâché mon temps. Elle aura finalement pris le cookie avec elle. J'aurai aimé me consoler avec. Ils sont bons, leur cookies, dans cette boulangerie en plus.
  Je déverrouille la porte mais je m'arrête d'un seul coup. Il y a quelque chose de pas normal. D'habitude, je ne fais que deux tours de clés, là, il y en a trois. Ce n'est pas normal.
  Je marche sur la pointe des pieds et mon cœur arrête de battre quand je vois la lumière de ma salle de bain allumée. Putain. Ça écoute Taylor Swift en plus. C'est tellement niais. C'est qui ce foutu clochard qui ose écouter des chansons niaise dans mon appartement ?
  Alors que mon bras est levé pour défoncer la porte, la porte s'ouvre aussitôt sur une femme enroulé dans une serviette. Je n'ai même pas le temps de réagir que mes tympans saignent dès qu'elle commence à hurler à la mort suivi d'un claquement de porte.
— Putain. Casse pas ma porte ! Et t'es qui bordel !
— Toi tu fous quoi ici ?
— Je reconnais cette voix, murmuré-je. La fille du bahut qui traîne sa valise et lit des bd cochonne ?
— C'est des manhwa abrutis ! Et c'est pas érotique ! T'es le mec qui m'a fait chier le premier jour je parie ! Bordel tu fous quoi ici !
— Sors de ma salle de bain ! crié-je en cognant la porte.
— Laisse-moi !
— T'en fais pas, il n’y a rien à voir donc sort !
  D'un seul coup, la porte s'ouvre. Je me la prends en plein dans le menton. Et je n'ai même pas le temps de lui gueuler dessus qu'elle me bouscule et une autre porte se claque. Super. La chambre d'amie. Je n'ai même pas eu le temps de la voir courir, la seule chose que j'ai eu d'elle c'est une bousculade et l'odeur de son shampooing.
  Je soupire.

GARCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant