Axel Grenat
Je cours aussi vite que je peux, je peux même sentir mes poumons tellement je suis à bout de souffle. J'entre précipitamment, aussitôt aveuglé par la blancheur de l'établissement et tous ses gens en uniformes qui bougent de partout me donnent le tournis. Je respire à nouveau lorsque j'aperçois une silhouette qui m'est familière.
- Hé ! Que se passe-t-il ? Il t'est arrivé quoi ?
Je saisis ma sœur par les épaules, elle ne me regarde même pas, sa respiration est irrégulière et soudain, elle s'écroule à terre sous mes yeux.
- Hé, Sarah ! Crié-je.
Des infirmiers arrivent et m'aident à l'asseoir dans la salle d'attente tandis qu'elle se ronge les ongles. Je soupire, frustré. Je prends ses mains jointes dans les miennes et l'oblige à me regarder droit dans les yeux.
- Dit moi ce qu'il se passe. C'est papa ?
- Pourquoi toujours papa ? S'énerve-t-elle. Non. Ce n'est pas lui. C'est...
- Du calme, respire, tenté-je de la rassurer en passant ma main dans son dos.
Je n'aime pas quand elle est comme ça. C'est dans ces moments-là que j'aimerais lire dans les pensées pour pouvoir l'aider mais ce n'est pas possible. Je suis obligé d'être patient mais ça me frustre plus qu'autre chose. Et je devrais penser à reprendre ma respiration moi aussi. Je suis à bout de souffle. Lorsqu'elle m'a appelé, elle était en panique. Plus que maintenant. Alors j'ai foncé aussi vite que j'ai pu et j'ai galéré à trouver une place au parking de l'hôpital alors j'ai dû me garer plus loin. Donc, j'ai dû courir. Et bordel, je me rends compte qu'il faut que je reprenne la course.
Elle renifle et essuie ses larmes alors je me pose plein de questions. Mais je caresse son dos, les yeux sur le sol blanc scintillant de l'hôpital et j'essaie d'être patient.
- C'est...Ilona.
Je me retourne d'un seul coup vers elle, Sarah a les larmes aux yeux tandis que mon rythme cardiaque s'accélère et que mes doigts s'enfoncent dans ma peau.
- Quelle chambre ?
- Ils disent qu'elle a besoin de repos, murmure-t-elle à travers ses larmes.
- Quelle chambre, insisté-je.
Elle me regarde en face tandis que je me fonds à travers ses yeux rouges. Ma poitrine se serre lorsque je vois son corps étendu sur le lit, sous cette couverture d'hôpital. Ses yeux clos, la lumière du soleil à travers la fenêtre qui reflète ses bleus le long de son bras. Je ne sais pas pourquoi ça m'affecte autant ni pourquoi ça me met en colère de la voir comme ça. Mon poing se resserre à mesure que les secondes défilent alors que ses yeux sont toujours fermés.
- Comment t'as su qu'elle était à l'hôpital ? Demandé-je à Sarah qui s'approche de moi avec un café.
- Numéro d'urgence. Je ne savais pas qu'elle aurait mis le mien à la place de ses parents, de sa famille...
Je bois une gorgée.
- Ils t'ont dit ce qu'il s'est passé ?
Je ne sais pas pourquoi je demande. Ça sert à quoi ? Je l'entends déglutir et ça m'inquiète encore plus car j'imagine déjà n'importe quoi, des tonnes de scénario inédit qui font monter ma frustration. Je n'arrive plus à tenir en place.
- Elle...
Soudain, une dame en uniforme de police pose la main sur l'épaule de ma sœur.
- Ça va aller, je vais lui dire. Allez vous asseoir, lui dit-elle avec compassion avant de se retourner vers moi pour se poster à mes côtés.
- Alors ?
- Là au mauvais moment je suppose. Elle a été frappée par un homme avec un casier judiciaire, affirme-t-elle.
Aucun son ne sort. J'ai l'impression d'avoir perdu la faculté de parler. Je commence à ronger mes ongles sans regarder cette femme.
- Continuer, insisté-je malgré tout.
- Cet homme a été en prison et a déjà reçu des amendes pour mauvaise conduite mais aussi pour attouchements sexuels.
- Vous allez me dire qu'elle a subi...
- Oui, confirme-t-elle.
Je passe ma main sur mon visage avant de faire les cents pas dans le couloir.
- Je dois frapper quelque chose, chuchoté-je à moi-même.
- Je vous conseille de vous calmer.
- Me calmer ? Hurlé-je en saisissant son col. Elle a été touchée bordel ! Vous voyez ses bleus sur son corps ou vous êtes aveugle ? Comment vous pouvez être aussi...insensible, bordel !
Elle lève les yeux au ciel avant d'enlever mes mains dans un calme olympique. Tout mon corps tremble. Je l'imagine, la peur dans ses yeux et touché par un inconnu. Ça me répugne.
- Calmez-vous. Il a été arrêté et sera jugé en conséquence.
Je m'écroule contre le mur, la main sur ma jambe, je regarde celui d'en face. Je n'arrête pas d'imaginer son corps qui tremble, sa voix qui supplie la terre entière de lui venir en aide tandis que ce connard est en train de la frapper.
Je me lève précipitamment de là.
- Ne la quittez pas et appelez-moi quand elle sera réveillée.
Je me précipite vers la sortie, en même temps, je vois ma sœur recroqueviller sur sa chaise. Ça me serre la poitrine de la voir comme ça.
Je fonce à ma moto, je prends une dernière bouffée d'air avant de mettre mon casque puis je pars le plus loin possible. Là où je pourrais mettre des coups sans gêner personne, sans poser aucun problème.~✧~
- Bien joué, Grenat !
Ma poitrine se soulève en même temps que j'inspire l'air pour nourrir mes poumons tandis que j'essuie la sueur avec la serviette. Quand soudain je reçois un message de Sarah. J'arrête aussitôt de respirer. J'ai peur de ce qu'elle va me dire. Et si elle m'annonce une mauvaise nouvelle ? Et la colocataire tombe dans le coma ? Putain. Je n'ose pas ouvrir ce putain de messages, mes mains tremblent. Elle m'empêche de bien appuyer sur la notification. Je souffle, ferme les yeux et je clique. Lorsque j'ouvre les yeux, je bondis aussitôt des marches pour le relever. Je cours au vestiaire pour me changer en vitesse avant de regagner ma moto.
Il n'y a toujours pas de place sur le parking alors je fonce me garer devant l'entrée de l'établissement et quand j'enlève mon casque, je la vois en haut des marches. Mon sang bouillonne quand je vois ses bleus sur son corps. Sa cheville est bandée et quand je remonte jusqu'à son visage. Je lâche un faible sourire avant de descendre de ma moto.
- T'as l'air de galérer, affirmé-je.
Elle s'arrête et ses yeux croisent les miens.
Lorsqu'elle lâche un soupir, j'ai le plaisir de sourire.
- Sans blague, rétorque-t-elle.
Je monte les marches, les mains dans les poches, jusqu'à arriver à elle mais son regard me fuit,, je me retiens de partir en vrille en voyant ses lèvres abîmées. Elle me contourne soudainement, sauf qu'elle ne marche pas très vite.
- Hé ! Cri-t-elle lorsqu'elle se retrouve sur mon épaule, en lâchant ses béquilles.
- Quoi ? T'es trop lente, je ne vais pas t'attendre jusqu'à noël, dis-je en me baissant pour prendre ses deux autres jambes.
Je la pose sur ma moto, lui mets le casque malgré son mécontentement puis je m'installe.
- Accroche-toi cette fois.
Aucun son ne sort de ses lèvres abîmées et elle ne m'obéit pas. Je n'ai pas envie de me retrouver encore une fois à l'hôpital alors je prends ses mains et place ses béquilles, je les referme.
- T'es coincé maintenant, murmuré-je fièrement avant de démarrer.
La voir dans cet état me rend ivre. Je suis bourré sans alcool, à la seule vue de ces blessures qui me font vriller et de mon imagination qui n'arrête pas de me torturer. Je croise cette ordure, je pars en prison avec lui.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...