Ilona Lazykwart
Mon souffle se coupe alors que mes yeux sont rivés sur l'écran, je ne cligne même pas mes paupières. Ça me pique un peu puis un cri de joie sort aussitôt de mes lèvres lorsque mon personnage est mis en avant.
— Alors ? Ça fait quoi de perdre ? le taquiné-je alors qu'il fait la moue.
— Juste la chance de débutant.
— Mais oui, lancé-je en roulant des yeux.
Je souris fièrement dans mon coin, sentant sa déception d'avoir perdu contre moi puis il démarre une nouvelle partie. Le combat commence. Mes doigts me brûlent dès qu'ils écrasent les boutons.
— Tu vas m'en parler de cette rumeur ?
Je soupire. Mon inattention m'a porté préjudice. Il a réussi à propulser mon personnage hors de la plateforme.
— Ça date. Pourquoi en parler ?
Il pince ses lèvres avant de passer ses mains dans ses cheveux après avoir mis la partie en pause.
— On t'a traité de garce, de croqueuse d'homme.
Ce mec a beau faire parti de mon passé, il ressurgit comme un virus. J'avais tort de croire que cette rumeur ferait partie de mon passé car visiblement, il n'a pas oublié. Je me rends maintenant compte que personne ne pourra fuir son passé éternellement car il y aura toujours ce fameux jour où il reviendra pour te défier. C'est la seule issue possible, lui faire face.
— J'ai juste rencontré des cons. Ça arrive, affirmé-je la tête baissée.
Il n'acquiesce pas, il me regarde longuement avant de regarder le sol à son tour.
— Donc tu n'es pas une…
— Non, pouffé-je. Ils se sont juste foutu de moi.
Ses lèvres s'ouvrent avant de se fermer, ravalant ses mots qu'il voulait libérer.
— Et toi ? Avec ta famille, tu vas y aller ?
— C'est vrai que t'as lu le message, soupire-t-il. Je ne compte pas y aller mais j'ai beau refuser, il insiste.
— Pourquoi tu ne veux pas y aller ? demandé-je, hésitante.
Il s'affaisse sur le canapé, la tête levée vers le plafond. Si mon passé est lourd, le sien doit être insupportable. Je ne sais pas ce qui me fait dire ça. Seulement, son visage est si vide, si déprimé lorsqu'il parle à voix haute de sa famille. Il s'est même mis en colère contre moi. Déjà parce que j'ai vu ce message puis parce qu'il ne voulait montrer ça à personne. J'ai le cœur qui se serre encore quand je pense à ma bêtise.
— Je n'ai pas envie de voir mon géniteur. Il m'insupporte avec son hypocrisie.
Je compte protester mais je me retiens surtout lorsqu'il se retourne vers moi.
— Si je vais le voir, ce serait juste pour réclamer mes droits.
— Je peux peut-être t'accompagner, suggéré-je alors qu'il hausse les sourcils. Tu ne veux pas y aller et je pense que t'aurais peut-être besoin de quelqu'un. Je ne sais pas. Peut-être qu'avoir un allié t'aiderai. Tu ne parles à personne de toi, donc je suppose que je suis là seule à savoir que tu as des problèmes avec ton père.
Il baisse la tête tout en acquiesçant. Il semble réfléchir puis se tourne à nouveau vers moi.
— Tu serais comme un soutien émotionnel ? murmure-t-il avant de déclarer. D'accord, viens avec moi ce weekend.
Il le sourit et je lui rends mais mes lèvres s'abaissent aussitôt.
— Comment ça ce weekend ? m’écrié-je.
Elle éclate de rire avant de se lever.
— Ouais c'est ce weekend. Je reviens, je vais confirmer que je débarque, annonce-t-il en allant dans sa chambre avec son téléphone à la main.~✧~
Je me demande pourquoi on se lève tôt. Mes yeux me piquent de sommeil et je baille au corneille. Lui, comme d'habitude, il est matinal même s'il soupire toutes les deux minutes. Je me frotte les yeux, ma main saisit le paquet de céréales pour les mettre dans mon sac.
— C'est loin ?
— Ouais, soupire-t-il en courant dans tout l'appartement.
Ça me fait bizarre de le voir aussi pressé car habituellement c'est moi. Personnellement, j'ai prévu le coup. J'ai préparé quelques affaires hier soir après la fac. Alors, pour une fois j'ai le temps de faire comme ses habitudes, me poser tranquillement sur une chaise à le regarder faire des vas et viens entre la salle de bain, la chambre et le salon.
— On y va, déclare-t-il avec deux casques à la main.
Je le suis et verrouille l'appartement. On se précipite pour sortir de l'immeuble, il me tend l'un des casques.
— On y va en moto ? murmuré-je en me plaçant derrière lui sur sa moto rouge et noir.
Avant de démarrer, il me dit :
— Tu ne viendras pas avec moi chez mon père. On dort dans un hôtel, je t’emmènerai là-bas.
J'acquiesce même si ça me fait bizarre, dans un sens ça me soulage car même si la curiosité me démange, les ambiances familiales peuvent être pesantes alors si lui ne voulait pas y aller au départ alors ça promet d'être lourd cette soirée.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...