Ilona Lazykwart
Les mots de Sarah ont ravivés le doute dans mon esprit. Alors que je pensais être sûr de moi, convaincu de mon choix, persuadé d'être obligé de m'éloigner de lui. Me voilà entre deux opposés, la raison ou l'égoïsme. D'un côté, je me refuse à lui. Ce n'est pas une décision prise à la légère bien sûr. Seulement, j'ai la sensation que je ne le mérite pas, qu'il est trop bien pour moi. Est-ce que je confond passé et présent ? Sarah m'a affirmé que je bloque là-dessus. Je ne vois même pas ce mur alors comment puis-je le briser ? De l'autre côté, l'égoïsme, c'est bien à cause de mon cœur. Cependant, et s'il me rejette pour la manière dont je l'ai traité ? Rien que d'y penser, j'ai honte. Ma poitrine se serre et lorsque je revois ces instants, je ne me reconnais pas. C'est comme être une autre personne. Alors, je n'ose même pas affronter son regard. Je pince mes lèvres. Mes yeux me brûlent. Ça fait si mal que ça d'être amoureuse ? Non…c'est seulement à cause de moi. Est-ce que je mérite de le voir au moins ? De lui présenter mes excuses ? C'est certain qu'il va me rejeter, ou bien je suis trop paranoïaque. Ma valise est déjà prête depuis plus d'une heure mais l'appréhension sème toujours ses graines en moi au point que je ne parviens pas à faire le moindre mouvement. Je devrais essayer de me lever, de réparer ma faute. Je lâche un soupir à mesure d'entendre le discours de Sarah se répéter en boucle dans ma tête. Il me suffit d'un mouvement pour me décider. Rien qu'un seul. Un petit doigt qui bouge, un bien qui s'avance ou bien mon corps qui se hisse hors de ce lit cocon. Mon cœur bondit de plus en plus lorsque mes jambes bougent peu à peu après que mes mains aient tapoté mes joues. Mes yeux me brûlent mais je dois essayer.
Je saisis ma valise avant de me presser dans les escaliers quand soudain, la silhouette de Lexi apparaît devant moi. Elle est essoufflée et me regarde d'un œil étonné.
— Pourquoi tu pars…avec ta valise ? bégaie-t-elle encore essoufflée.
Alors que je descends les marches pour la rejoindre, je murmure en me grattant la nuque :
— Je veux voir Axel…
Son sourire est éclatant. Elle pourrait presque bondir sur ses deux jambes si elle n'était pas épuisée. Alors qu'elle compte dire quelque chose, une musique parvient à mes oreilles. Ce qui me surprend d'ailleurs car dans cette rue, il y a rarement de la musique. C'est souvent silencieux dans cette rue sombre et étroite comme un nid douillet. Mes lèvres se dérobent vers ma joue gauche alors que mes pas se dirigent vers la sortie. Du côté de Lexi, elle n'a même pas eu le temps de prononcer un mot, qu'elle sourit lorsque je franchis la porte. J'ignore pourquoi mais le son me transporte au point que je ne contrôle plus les battements de mon cœur. Il s'affole tandis que des milliers de feux d'artifice explosent dans le creux de mon ventre. Habituellement, il n'y a personne. Seulement, là, il y a comme un petit attroupement alors je m'approche. La curiosité me dévore à nouveau jusqu'à ce que sa voix franchisse ce mur.
— Hey Hamster, do you remember this ? Our first meeting?
I was an idiot, just a kid.
Taquinerie quotidien,
Je t'ai prise sous mon aile
et voilà notre chez nous, your place.
Mes lèvres sont aussitôt masquées par mes mains qui s'y sont posées tandis que mon corps tout entier frissonne. Cette voix, je n'y croyais pas au début. Jusqu'à ce que je le vois. Mon pouls s'accélère au son de sa voix, à chaque mot qu'il prononce dans ce micro, puis ses doigts qui grattent la guitare.
— Dispute et rire embaument l'appart.
Sans toi, rien n'est pareil, just empty.
Hear my voice, listen to my voice, read my heart that’s barking just for you and begs you on its knees to come back.
Come home
Come home, babe
When love was just a game,
Tu m'as donné un coup,
d'aile de papillons bleutés.
Mon cœur est tombé tout d'un coup :
And so here I'm in love.
Mon cœur bat à mille à l'heure tandis que les larmes commencent à couler. Je suis paralysé. Non de peur, c'est une tout autre chose. L'oiseau logé dans ma poitrine me contrôle totalement, me rendant captive de ses sentiments.
— Larme coulant à flot depuis,
ton départ obscurcit mes pas
J'entends les tiennes dévalées,
tes joues roses marquées par elles.
Hear my voice, listen to my voice, read my heart that’s barking just for you and begs you on its knees to come back.
Come home
Come home, babe
Fait appel à ta mémoire,
de nos rires passés à deux,
nos moments forgés dans l'abysse,
de nos yeux étoilés, perdus
I could never say this,
Goodbye to our "us", ni
oublier nos instants, et toi ?
Moi non plus, je ne peux penser ces mots ni les prononcer sinon ça serait un mensonge.
— Mes tripes me hurlent ces mots :
Make her come back.
Do you know the sound of the obvious ?
Hear my voice, listen to my voice, read my heart that’s barking just for you and begs you on its knees to come back.
Come home
Come home, babe
Son cri me déchire intérieurement autant qu'elle m'apaise. Sa détresse, je la ressens et elle ne m'est pas inconnue car moi aussi je l'ai sentie. Cette douleur atroce de ne plus se voir, se parler, rire, échanger ces moments avec l'autre bien qu'ils étaient probablement banales. J'ai vraiment été une ordure.
— Tu m'aimes et puis je t'aime
et s'en ai une, d'évidence.
I read in your eyes like a book,
You don’t know how to lie.
Ton regard me supplie de te,
libérer de tes chaînes d'or.
La flamme de mon cœur s'embrase
me consume lentement, vient.
Je t'en prie, reviens pour nous deux.
J'ai conscience de ton passé,
Don’t let yourself be consumed,
Breaking our future love.
Hear my voice, listen to my voice, read my heart that’s barking just for you and begs you on its knees to come back.
Come home
Come home, babe
La cause de mon égoïsme
c'est mon cœur qui s'enflamme pour,
Toi et se serre loin du tien.
So come back home baby.
I feel in love with your blue eyes…
Soudain, il lâche sa guitare sans abandonner son micro. Il s'avance à travers cette mini foule qui est apparue. Les gens s'écartent un à un, son regard m'empêche de bouger. Le micro à ses lèvres, il chante ses dernières paroles alors que nos deux corps sont proches :
— So, Can I kiss you Babe ?
Je ne méritais pas tant. C'est la seule chose à laquelle je pense en cet instant. Avant de le prévoir, je fond en larmes d'un seul coup sans donner de réponse évidente mais il décide de s'avancer. Sans une once d'hésitation, je me trouve logé dans ses bras en train de pleurer à chaude larme sur sa chemise noir alors que ses mains passent sur mon dos.
— Chut…, murmure-t-il en caressant mes cheveux.
Lorsque je lève la tête pour passer la main se mes yeux, ses larmes pendent en dessous de ses yeux. Mon nez commence à renifler à force de pleurer.
— Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu m'aimes après ce que j'ai fait, avoué-je péniblement.
Ses doigts chauds passent sous mon menton pour me relever vers lui alors que je pince mes lèvres.
— Ilona, je suis fou de toi. Je sais que toi aussi. Ne fait pas gaffe au passé et…regarde l'avenir. Est-ce que tu veux bien le passer avec moi ?
À cause de mes larmes, je déglutis, ce qui laisse apparaître l'angoisse dans ses yeux. Il y a encore une parcelle de moi qui me dit que je ne le mérite pas. Suis-je prête à être égoïste.
— Est-ce que tu m'aimes ? insiste-t-il à voix basse.
Je pince mes lèvres avant d'acquiescer, le regard baissé.
— Alors regarde moi, s'il te plaît.
Mes yeux finissent par se lever au bout de plusieurs secondes. Son pouce passe sur ma joue puis je l'entend me murmurer :
— Quelle est ta réponse…à ma première question ?
Les perles salées que je pensais pouvoir contenir finissent pas couler. Je n'ai pas le droit de fuir alors qu'il insiste autant et que mon cœur s'accroche à lui comme un aimant. Je n'ai qu'à être égoïste que pour cette fois. Je l'aime aussi et malgré mes erreurs, je ne vois pas ma vie sans lui. En quelques mois, je me suis accroché à Axel Grenat. Ce gars que je trouvais immature malgré son âge adulte. Finalement, on a passé de bons moments. Ce sont ces choses dont je ne peux m'en débarrasser, car je suis tombée amoureuse de lui. Et lorsqu'on aime, il est difficile de partir. Alors il n'y a qu'une chose que je fais malgré ma voix qui s'étrangle, c'est acquiescer. Son sourire resplendit malgré les gouttes de perles salées qui menacent de tomber, sa main se pose sur ma joue et je n'ai pas le temps de compter les secondes que ses lèvres rencontrent les miennes. Les gens applaudissent sans chercher à comprendre tout ce chemin parcouru. Son autre main se pose sur ma taille, approchant mon corps près du sien. Je frissonne quand sa langue caresse mes lèvres, quelques secondes après on se sépare et un sourire taquin se dessine lorsqu'il aperçoit les rougeurs sur mes joues.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...