Ilona Lazykwart
J'ai encore mal à l'estomac, la nuit n'aide finalement pas à atténuer les douleurs. J'ai encore ses éclats de rires dans mes oreilles qui résonnent comme une musique entraînante qu'on ne parvient pas à oublier. On a tellement ri hier qu'on a galéré pour reprendre notre souffle. La moi du début d'année aurait dû mal à se dire qu'un jour je rigolerais avec lui.
Mon rêve s'estompe lorsque je tombe sur la télé, encore allumé sur Michael Kyle et sa famille. Il me faut quelques secondes pour commencer à me lever. Alors que ma main fouille les alentours à la recherche de mon téléphone, c'est une tignasse que je touche. Un poid est installé tranquillement sur mon ventre. Seulement, je ne supporte pas être collé alors ma jambe se redresse et d'un coup ce poid tombe lourdement sur le sol suivie d'un gémissement plaintif. Il se met tout à coup à marmonner tandis que sa main passe sur son visage sans délicatesse. C'est le regard furieux qu'il se tourne vers moi. Un rire s'échappe soudainement de ma gorge. Il me dévisage.
— Pas mal la coiffure…
Aucune réponse de sa part, excepté le fait qu'il s'en va dans la cuisine avec une moue collé au visage.
— Oh ça va…Tu t'es bien moqué de moi quand je me coiffais les cheveux.
Je fais la moue à mon tour en remarquant son ignorance. En silence, je prépare mon bol de céréales.
— Tu as changé de céréales ? remarque-t-il.
J'acquiesce.
— J'en avais marre de me tromper entre nos deux paquets.
Ses yeux s'écarquillent soudainement.
— Alors c'est pour ça qu'il en restait moins dans mon paquet ? murmure-t-il.
Je fuis son regard, aussitôt son regard est suspicieux tel celui d'un faucon.Alors que je mange mes céréales, à ses côtés sur ma chaise habituelle, je le sens nerveux. J'ai beau être sur mon téléphone à regarder Samantha oups je sens qu'il n'est pas comme d'habitude. Il était lent, mais désormais il l'est bien plus. Il fixe plus son téléphone que ses céréales. Il ne me remarque à peine, trop concentré sur son écran. D'un geste furtif, ma cuillère plonge dans son bol pour piquer une céréale.
— Eh ! Si t'en voulais tu n'avais qu'à t'en acheter !
Son regard furieux est posé sur moi tandis que sa céréale, désormais émiettée, glisse dans ma gorge. Il me lâche un soupir, et même si j'ai dû mal à l'admettre, son comportement m'agace. On s'amusait bien hier pourtant. C'était sympa, drôle. Et là, il y a comme un froid. Et ça me dérange.Je n'ai jamais été doué pour les relations sociales. Mes précédentes relations, je les ai ratées. Alors, je ne sais pas ce que je dois faire pour Axel. C'est mon ami, même si c'est difficile à l'admettre car c'est encore irréaliste à mes yeux. Son visage est assombri. J'en ai conscience, tout le monde cache des secrets alors dans la logique, je devrais lui laisser le temps de se confier. Je ne peux pas le forcer à me parler. Alors ce sentiment d'impuissance me pèse sur l'estomac. J'ai comme envie de l'aider, de comprendre ce changement d'humeur soudain. Je ne peux pas me permettre d'être trop intrusive. J'ai déjà essayé avant. Je ne veux pas briser de nouveaux verres avec ma voix.
Sans un mot, je me dirige vers la porte d'entrée en jetant un dernier regard sur la porte de sa chambre.
— Je t'accompagne ?
Une porte se claque suite à sa question. Lorsque je me retourne, il s'avance vers moi en mettant sa veste et saisit un casque. Une petite boule dans mon ventre me fait hésiter tandis que je pince mes lèvres.
— Alors ? insiste-t-il.
J'acquiesce sans pour autant le regarder dans mes yeux. Après m'avoir passé un casque, il démarre. Ma tête repose sur son dos tandis que mes pensées se noient sur lui. Ma conscience me hurle de laisser faire les choses, de lui laisser du temps pour s'exprimer seulement un vilain défaut envahit le creux de mon ventre. Celui de la curiosité. Ce sentiment qui te pousse à faire des erreurs pour mieux les regretter. C'est sûrement privé, un privé très important. Cette limite à ne pas franchir. Je n'ai pas le droit de m'emmêler. Sinon qu'arrivera-t-il si je m'emmêle ? Il m'en voudra probablement.On arrive rapidement à l'université, seulement, je descends à peine qu'il semble énervé. Seulement j'ignore la raison et ma tête me pousse dans les illusions. Alors je me questionne et rejette la faute sur moi. Je me pince les lèvres. Je ne peux pas penser ça de moi. C'est bien trop cruel envers moi-même. Si j'ai fait quelque chose, qu'il vienne me le dire.
Même assise dans l'amphithéâtre, je continue de le regarder. Les mêmes questions se bousculent dans ma tête et je n'arrive pas à penser à autre chose. Je tente d'écrire quelques paroles sur mon cahier mais rien. Ces mots sont vides. Soudain, une présence féminine s'assoit sur la place d'à côté. Je regarde dans sa direction et tombe nez à nez avec Lexi.
— Ça va mieux ? demandé-je sans passer par quatre chemins.
Elle acquiesce avec un profond soupir.
— Désolée, tu n'aurais pas dû voir ça.
— J'imagine, laché-je sans un regard.
Elle croisé aussitôt les bras sur la table.
— Merci quand même de…m'avoir écoutée…
Je suis assez surprise par ses paroles. Disons que je m'attendais à ce qu'elle m'en veuille pour l'avoir surprise. Cependant, dans son regard j'y lis de la sincérité. D'habitude, je reste méfiante. Cependant, c'est épuisant de se poser des barrières sans limite. Alors j'acquiesce.
— Ce n'est rien. C'est normal, tu n'as pas à me remercier.
— Je ne savais pas à qui en parler. J'ai des amies mais je ne sais pas pourquoi, je n'arrive pas à le leur dire.
— Peut-être que… tu n'es pas tant que ça amie avec elle, supposé-je. Ou alors, tu t'es imposé des limites alors qu'elles sont probablement capables d'être à l'écoute.
Son regard dans le vide, son regard se tourne vers cet homme pour qui elle pleurait il y a quelques jours. Puis elle ferme ses yeux avant de hocher la tête.
— Tu as peut-être raison…
À mon tour, je regarde Axel.
— Que se passe-t-il entre vous ? demande-t-elle.
— Pas grand chose, dis-je aussitôt. Nous sommes…seulement amis.
Elle hoche la tête avec une question en tête.
— C'est quand même curieux…murmure-t-elle. Vous êtes amis mais on ne vous a jamais vu parler ensemble à la fac excepté en début d'année. Surtout que…vous ne risquiez pas de vous entendre à ce moment-là.
Sans me regarder, j'imagine déjà un regard suspicieux sur moi comme celui d’Axel ce matin. Soudain elle se tourne vers moi, un sourcil levé.
— Vous…faites des trucs dans un hôtel c'est ça ?
Mes joues rougissent aussitôt, mon corps se crispe et mes mains se resserrent sur ma paume.
— Non, t'es folle ! crié-je presque.
Elle acquiesce avec un faible rictus tandis que certains étudiants me regardent d'un œil intrigué par ma remarque.
— T'es un peu folle toi, murmure-t-elle en lâchant un petit rictus. Donc, je suppose que vous allez dans la même boulangerie…
Je lâche un soupir de soulagement avant de poser mon menton sur la paume de ma main pour tenter de calmer mon cœur qui s'était affolé lorsque j'ai élevé la voix. Cependant, elle ajoute une chose :
— Dit, tu ne veux pas qu'on soit amie ?
Je la regarde, étonné par sa demande soudaine tandis qu'elle me sourit.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...