Ilona Lazykwart
Une immense décharge qui part de mon cœur pour faire trembler mon corps. Il bat si vite que j'étouffe à moitié, recroquevillé dans ce couloir isolé. Ma poitrine se soulève toutes les secondes jusqu'au vertige. Mains sur les oreilles, mes yeux fixent le sol vertigineux tandis que mes dents pincent mes lèvres alors que certaines de mes larmes parviennent à passer. Je déglutis difficilement, le cœur lourd qui s'accélère à toute vitesse. Les pas qui résonnent dans le couloir ne parviennent même pas à mes oreilles comme si j'étais enfermé dans une bulle immense où le monde est sourd, et moi,seule. Parfois, il m'arrive de penser au désir d'être ni vu ni entendu par les autres. De n'être lié qu'à moi et non aux autres pour ne pas commettre d'erreur. Il y a des millions d'aiguilles qui se plantent en continu dans ma main droite avec ce même son qui se répète dans ma tête. Celui que j'ai créé. Pourquoi j'ai fait ça ? Je ne voulais pas. Je suis une personne horrible.
— Ilona…Ilona ? ILONA !
Mon corps sursaute lorsque deux mains se posent sur les miennes. C'est son touché qui me ramène brusquement à la réalité pour enfin croiser son regard après plusieurs minutes. Les bruits extérieurs refont surface, sa voix inquiète serrant un peu plus mon cœur fissuré. Et alors qu'une perle salée se déferle sur ma joue, ses bras s'enroulent autour de mon cou. Le menton sur son épaule, les dents serrées, je fond en larme dans ses bras avec le même son de cette gifle qui hante ma tête.
— Je ne voulais pas, tremblé-je. Je te le jure…je suis désolée… je suis horrible…
Malgré mes larmes, malgré ma salive qui s'entremêlent avec elles, malgré mon cœur en miette, malgré mes erreurs, malgré moi. Je me demande pourquoi me prend-elle dans ses bras en ayant vu ce que j'ai fait. Si je me voyais, je ne me pardonnerai pas. J'avale difficilement ma salive lorsque son corps se détache de moi. Il y a toujours cette lueur dans ses yeux, celui de l'inquiétude, celui qu'on fait sans le vouloir où nos yeux brillent comme un lac illuminé après la lune. Sa main caresse mon dos.
— Ça va mieux ? murmure-t-elle.
J’hausse les épaules. Comment pourrais-je le savoir après ce que je lui ai fait ? Il m'a aidé. C'est comme ça que je lui rend ?
— Je suis vraiment ingrate…
Sans un mot, elle se place à mes côtés, contre le mur avant de soupirer.
— Pourquoi tu te fais du mal ?
Je pince mes lèvres, serrant un peu plus mes cuisses contre ma poitrine.
— Je ne sais pas, bredouillé-je.
— Si…tu le sais…mais tu te mens à toi-même et…tu crois sûrement qu'en témoignant de lui, il ira mieux. Seulement, tu te trompes. Tu le brisés autant que tu broies ton cœur par tes actes.
Les larmes me montent aux yeux, piquent mes iris comme des lames aiguisées alors que ma poitrine se serre. Le silence demeure jusqu'à ce qu'il soit rompu par un long soupir, suivi de son corps qui se place debout.
— Ce n'est pas à moi de dire ce que tu dois faire mais bordel. Ilona, il t'aime et tu l'aimes. C'est une évidence.
Elle finit par s'en aller en voyant la tête bloquée entre mes bras comme une armure. Coincé entre mes paroles et les siennes, c'est un véritable champ de bataille qui se dresse et se défile dans ma tête. Je suis déchiré entre deux camps qui s'opposent. Leurs épées levées vers le ciel, me demandent de prendre une décision. Seulement, c'est plus fort que moi. Je suis incapable de faire un choix comme enchaîné au passé. Ces moments me hantent et broient ma poitrine. Il a essayé de m'en défaire en défiant Nathan et ses potes. Je ne l'ai pas écouté. je suis restée aveugle de ses actions. S'il m'aime alors qu'il aime cette belle fille car moi, je ne le mérite pas. La sonnerie de mon téléphone rompt le silence. Je décroche sans voir le nom ni le numéro qui s'est affiché. Quelle erreur.
— Allô ?
— Ilona ? C'est le pote d’Axel, Matthias. Viens au bar en face de la discothèque, il est bourré et je ne sais pas où il habite.
— Tu n'as cas lui demander, suggéré-je en ravalant mes larmes.
— Il ne dit rien, cet abruti. Il n'arrête pas de répéter ton prénom.
L'univers se fige, les voitures ralentissent et les gens s'arrêtent autour de moi. Le monde s'est arrêté, serrant un peu plus mon cœur entrelacé dans ma cage thoracique tel un oiseau qui tente de sortir en essayant de ne pas se briser les ailes.
— Alors viens, s'il te plaît. Je dois ramener les autres.
Je lâche mon téléphone par mégarde. Une dame m'interpelle mais mon corps refuse de s'arrêter dans sa course. L'oiseau s'agite alors que mes pieds cognent contre le sol, que mon rythme s'accélère tandis que je commence à peine à m'essouffler. Ce fantôme qu'on appelle le passé me poursuit et me hurle de m'arrêter, que je fais une erreur et que je finirai brisé à nouveau. Seulement, je reste sourde à ses sermons. Puis cet oiseau s'arrête lorsque mon regard croise les siens. Je peine à déglutir, même à bouger. C'est seulement au bout de quelques secondes que mes jambes se décident à avancer vers lui malgré mes larmes menaçantes.
— Tu es là, pouffe-t-il en titubant jusqu'à moi. Laisse-moi te prendre dans mes bras.
Je sursaute lorsque il saisit mon poignet pour embrasser ma main, une larme se posant sur son dos.
— On doit y aller… je te ramène.
— Tu reviens à l'appart ? s'exclame-t-il avec un sourire qui me transperce le cœur.
Lorsque je secoue la tête, c'est comme un coup de poignard quand son sourire s'efface.
— S'il te plaît reviens…je suis désolé… Ta chambre était vide comme si c'était éphémère… mais bordel ! Revient à l'appart, c'est chez toi aussi et… je te veux chez nous…
Mes yeux me brûlent. Tandis que ses yeux me supplient et que sa main me tend les clés que j'ai laissées sur la table. Puis son espoir diminue avec ses lèvres et ses yeux qui luisent soudainement.
— Je n'aurais pas dû…je n'aurais pas dû…
Il s'effondre devant moi, j'essaie de le rattraper. Sa tête baissée vers le sol, ses poings serrés, il murmure à nouveau :
— Je suis désolé… je n'aurai pas dû…tu me déteste… à cause de moi…j'ai pris ta virginité… j'ai brisé ta vie. Je suis comme lui.
Il tombe dans mes bras, assommé par l'alcool. Mes lèvres tremblent quand elles chuchotent ces mots :
— C'est moi… c'est moi, c'est de ma faute. Tu…tu es trop bien pour moi.
Je le bordel dans son lit, les larmes qui tombent sur se draps pour s'y loger tandis que je lui lâche un dernier regard avant de quitter l'appartement pour foncer sous la pluie froide qui glace ma peau et mouiller mes vêtements pour me coller la peau comme ce sentiment en moi qui comprime mon cœur.
Mes doigts forcent sur la sonnette sous la pluie battante, sous les cris de cet oiseau qui s'est coincé les ailes dans cette cage. La porte s'ouvre sur mon amie qui écarquille les yeux. Sa main tente de m'amener à l'intérieur mais je recule pour ouvrir les lèvres et sortir ce passé qui s'est étouffé trop longtemps en moi jusqu'à empoisonné mon esprit. Ce poison a débordé sur cet homme. Celui que je pense aimé sans le savoir car ma tête est un véritable labyrinthe à cause de ce liquide dangereux.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...