Ilona Lazykwart
Je regrette. Je regrette tellement. Je savais que c'était mal, alors pourquoi j'ai fait ça ? La curiosité m'a possédé, la curiosité m'a dévoré, la curiosité m'anéantit à mesure qu'il esquive mon regard à répétition. Les larmes glissent de temps en temps alors que je rentre mon ventre jusqu'à broyer mon cœur. Je n'ai pas le choix, je vais quand même à l'université. Seulement, mon regard s'attarde sans cesse sur lui et lorsqu'il tourne le regard, c'est moi qui fuit. Je suis lâche, trop honteuse pour oser défier son regard sur moi qui est noyé par la déception qu'il me porte. Je suis coupable. Coupable de curiosité. C'est de ma faute. Désormais, même si le futur était incertain, j'ai la sensation qu'il l'est d'autant plus depuis ma bêtise. Il va sûrement me renvoyer à l'hôtel. Il va falloir que je me tienne prête seulement, je ne crois pas que je le serai.
Quand je m'approche de l'appartement, un gouffre se crée dans mon estomac. J'en ai le souffle coupé lorsque je touche la poignée. Lorsque j'entre, il n'y a personne. Et même si l'ambiance est vide, j'ai dû mal à respirer. Soudain, la sonnerie de mon téléphone rompt le silence et fait sursauter mon cœur.
— Allô ?
C'est Lexi.
— Ilona ? Grouille ! C'est Axel ! Il est à l'hôpital !
Mon bras se relâche complètement tandis que mes jambes flanchent, mes mains se rattrapent aussitôt au comptoir alors que mon cœur est en arrêt.
— J'arrive, m’écrié-je.
Je sors de l'appartement, verrouille la porte et court à toute vitesse jusqu'à l'hôpital. Mes jambes me font mal, je commence à avoir des courbatures ainsi que des points de côtés mais malgré ça, les jambes ne s'arrêtent pas. Arrivée à l'hôpital, je fonce dans sa chambre après l'avoir demandé à une réceptionniste.
— Je t'avais dit de mettre ton casque, j'entends avant d'ouvrir la porte.
La porte s'ouvre sur moi, essoufflée et le buste penché vers l'avant pour reprendre ma respiration. Je crois le regard d’Axel, un pansement à la tête. Je n'ai même pas le temps de scruter son visage longuement qu'il change radicalement de visage pour une expression froide et sans couleur, ce visage si dur et si ferme qui broie notre cœur. Ma voix tente de se frayer un chemin seulement, il me devance avec un regard si glacial que je pourrais tomber sur place comme une feuille.
— Qu'est-ce que tu fous là ?
Je me pince la lèvre.
— Je l'ai appelé, affirme Lexi assise sur l'un des fauteuils.
Il la toise du regard. En fuyant son regard, je remarque Emma qui est posée à l'opposé de Lexi. Elle me sourit tristement avec un signe de la main que je lui rend avec un hochement de tête. Soudain, il commence à se lever mais Lexi l'en empêche aussitôt.
— Le docteur a dit que tu te casses demain, presse pas les choses.
— Je veux qu'elle parte, déclare-t-il.
Mon ventre se creuse tandis que je fais un pas en arrière, la tête toujours baissée.
— Qu'est-ce que vous avez foutu pour être en froid bordel ? s’exclame Lexi.
— T'as qu'à lui demander, rétorque-t-il énervé.
Alors que Lexi compte parler, je la devance.
— C'est pas grave, j'y vais.
Je prends aussitôt la porte pour marcher à toute vitesse dans les couloirs de l'hôpital alors que mes yeux me brûlent au point que ma gorge se serre. Je le regrette amèrement. Maintenant, il me déteste. C'est sûr. Ça se voit dans son regard. J'ai si mal comme dans le passé seulement là, la douleur est plus forte. J'ignore pourquoi d'ailleurs.
— Ilona ! Attends !
Je ralentis la cadence puis la brune à la peau chocolat s'arrête devant moi légèrement essoufflée.
— Il se passe quoi entre vous bordel ?
Je craque complètement, les souvenirs se mélangent tandis que ma vision se trouble.
— J'ai merdé, Lexi.
Mes larmes se libèrent, je ne parviens plus à les maîtriser. Elles se déversent sur mes joues comme la mer en plein orage. Ses mains viennent se poser sur mon dos pour me caresser tandis que ma tête se pose sur son épaule. Ma respiration est irrégulière et ma salive se fond dans mes larmes.
L'air frais du vent calme ma respiration. Sa main continue de caresser mon dos tandis qu'on s'est posé dans le parc de l'hôpital sur un banc. Au bout de quelques minutes, elle arrête ses mouvements pour quitter mon dos et fouiller dans ses poches pour sortir un paquet de cigarettes.
— T'en veux une ?
Je balance ma tête de droite à gauche tandis qu'elle hausse les épaules avant de s'en griller une.
— Tu n'es pas obligé de m'en parler, dit-elle en regardant l'horizon. Même si, je suis assez curieuse.
— Je veux bien t'en parler…
Elle éteint sa cigarette pour me regarder attentivement après avoir lâché un soupir, je finis par lui avouer ma boulette. Elle ne me regarde pas avec jugement ou pitié. Elle affiche un air compréhensif.
— T'as sacrément bien merdé, rigole-t-elle. Je commence à me vexer.
Je fais la moue en haussant un sourcil alors elle continue :
— Tu es curieuse pour Axel mais pas pour moi ?
Elle fait la moue même si le bout de ses lèvres sont relevées.
— J'en sais rien. Avec toi, c'est comme une évidence. Je n'ai pas besoin de t'entendre pour te comprendre.
— En gros, je suis un livre ouvert ? blague-t-elle avant de sourire. Sans déconner, c'est la même chose pour moi.
On s'échange un sourire
— Tu devrais lui forcer la main. Il restera braqué sur lui si tu ne forces pas la parole alors, ne lâche rien.
Ses paroles me rassurent un peu, seulement, je me demande combien de temps je vais devoir essayer de parler avec lui pour que tout redevienne comme avant.
Le lendemain, c'est le cœur en alerte que j'arrive à sa chambre d'hôpital. Par la petite vitre, je remarque qu'il range ses affaires. Cependant, je n'ai pas le temps d'expirer que la porte s'ouvre sur lui. Il est surpris mais regagne vite son visage froid. Sans un mot, il me passe devant alors je le suis à bonne distance, le cœur fissuré et mes lèvres muettes. Mon rythme s'accélère dans les escaliers mais le son du moteur résonne dans mon corps puis de loin, je l'observe partir à toute vitesse alors que la pluie commence à tomber.
C'est le cœur lourd et le corps trempé que je marche sur le trottoir pour rentrer à l'appartement.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...