Ilona Lazykwart
Si j'avais su, j'aurais amené Axel plus tard. Bien plus tard. Car ma mère est collée à son bras en pleurant à chaudes larmes. Il est mal à l'aise, ne sait pas où se mettre et m'envoi des signes de détresse. Malgré ça, je souris en face d'eux. Cette scène à beau être gênante, je la trouve assez drôle.
— Ma petite fille a tellement grandi, répète ma mère.
Je souris en les regardant alors que maman commence enfin à se calmer.
— Tu peux me passer un mouchoir ? demande-t-elle à Axel qui lui en donne un.
Cette dernière finit de se moucher avant de se tourner vers moi.
— Je suis désolé ma chérie. Je n'avais pas conscience que ma vie pourrait affecter la tienne. Tu as tellement souffert à cause de ces gamins. Si jamais je les revois je…
— Du calme maman, me précipité-je alors qu'elle commence à s'énerver. Axel s'en ai déjà chargé.
Je passe la main sur ma nuque en pensant à cette fois où il m'a défendu face à Nathan. Si je ne prends pas en compte la suite de l'événement, il était vraiment canon. Je regrette de l'avoir giflé. Et merde, j'ai pensé à ça. Il ne fallait pas. Enfin, maman est sur le point de pleurer à nouveau en regardant mon petit ami.
— Oh merci…Tu es un homme bien…
— Maman…
Elle se tourne vers moi avant de se moucher à nouveau.
— Je suis désolé d'être parti aussi froidement, bredouillé-je mal à l'aise.
— Ce n'est rien…Je te comprends. À cause de moi, les gens de ton âge ont eu une mauvaise opinion de toi. C'est normal…mais je suis heureuse que tu sois là aujourd'hui, que tu sois revenue.
Oh non. Je vais recommencer à pleurer. Mes yeux me brûlent et ma vue se brouille. Plus les heures passent, plus les larmes perlent sous nos yeux. On ressasse le passé, on ne doit pas l'oublier car c'est nos actions qui font ce que nous sommes. Ces événements, bons ou mauvais, sont à prendre et à garder malgré la douleur qu'on a pu ressentir. On ne doit jamais oublier notre parcours, même s'il est honteux. Ils sont notre effet papillon pour les instants futurs. Ç'a été difficile de dire au revoir à ma mère. Cependant, ceci n'est pas un adieu mais un : à bientôt, sache qu'on se reverra.
Finalement, ça ne s'est pas passé si mal que je ne le pensais. C'était même libérateur de la revoir après cette séparation. Soudain, je pense à Axel. Alors je cri à travers le casque :
— Tu n'étais pas trop gêné ?
— Quoi ? hurle-t-il.
— Je disais, tu n'étais pas trop gêné ?
— Hein ?
— Tu n'étais pas mal à l…
Soudain on s'arrête à un feu rouge. Il se tourne vers moi.
— T'as dit quoi ?
— Ah…je voulais savoir si tu n'étais pas trop gêné, comme ma mère a beaucoup pleuré…
Il n'a pas le temps de répondre que le feu passe au vert alors il démarre avant que les voitures derrière se plaignent. Je resserre mon étreinte autour de lui et sursaute lorsque sa main caresse la mienne. Je souris derrière mon casque, le cœur battant la chamade.
Je reconnais vite notre immeuble. Celui où on a vécu ensemble. Tous ces moments défilent dans ma tête jusqu'à ce que je descende de la moto. Et alors que j'enlève mon casque, dès que mes lèvres sont à l'air libre, les siennes viennent s'y poser. Je réponds à son baiser en mouvant les miennes. Puis, je le rompt en mordillant ses lèvres.
— Aïe, se plaint-il alors qu'un petit rire se libère de mes lèvres.
— Tu ne m'as pas répondu.
Il fronce les sourcils quand soudain, il acquiesce.
— J'étais gêné, ouais…
Je mordille mes lèvres mais il soulève ma tête vers lui en ajoutant :
— Mais ce n'est rien. Pour toi, je peux le supporter puis j'étais surtout heureux que tu retrouves ce lien avec ta mère.
Aucune réponse ne me vient à l'esprit, aucun mot, aucune phrase, aucune lettre. Il n'y a que mes bras qui répondent en entourant sa taille. Son attention réchauffe mon cœur et apaise mon esprit qui regorgeait de regrets. J'aime cet homme, je ne veux pas me séparer de lui. Ses lèvres embrassent les miennes puis sa main vient s'entrelacer avec mes doigts pour me guider dans l'appartement.
— Je ne veux plus que tu sois ma colocataire, avoue-t-il.
Mon coeur se presse. Puis un sourire vient apparaître sur son visage. Il me guide soudainement dans la chambre que j'occupais avant que je m'en aille. Je fronce les sourcils et lorsqu'il ouvre la porte, ma bouche s'ouvre en grand et mes yeux s'élargissent.
— Mais t'es fou !
Il n'y a plus de lit, seulement plusieurs bibliothèque vide avec un tapis et un pouffe. Seulement, sur la petite table, je reconnais ce livre.
— Je pensais l'avoir perdu, murmuré-je en le prenant dans mes mains.
— Tu l'avais oublié et… j'avoue, je l'ai lu donc je ne te l'ai pas rendu tout de suite.
— Axel Grenat qui lit des romances ? lâché-je étonnée.
Ce dernier s'approche de moi pour m’encercler par derrière et me chuchoter à l'oreille :
— Ça te plaît ?
— Oui mais t'es fou ! Ça doit coûter cher !
Il hausse les épaules tandis que je fais la moue.
— J'ai seulement vendu tout ce qu'il y avait dans cette chambre et mon père m'a rendu la fortune que m'avait légué ma mère…alors j'ai légèrement dépensé… après, c'est surtout grâce à l'argent que j'ai mis de côté.
— Comment veux-tu que j'utilise cette bibliothèque maintenant que je suis au courant ? bredouillé-je.
Mon corps sursaute lorsqu'il mordille mon cou pour ensuite me parcourir de baisers sur l'épaule.
— Tu n'as pas le choix.
— Tu es fou, pouffé-je tandis qu'il m'interrompt avec un baiser.
Lorsque ses bras m'entourent, j'enroule les miens autour de son cou et répond à son baiser. Je ne pense toujours pas le mériter malgré tout ce qu'on a vécu mais il me l'a dit, il me pardonne et m'aidera à me pardonner. Axel Grenat. Il est mon effet papillon. Sans l'avoir rencontré, sans être partie de chez moi. Nous serions nous rencontrer ? Si j'avais choisi une autre université plutôt que celle-ci ? Et si j'avais refusé de vivre avec toi ? Et si j'avais assez d'argent pour vivre correctement et choisir une colocataire ? Ce qu'on a vécu était un coup d'aile de papillons pour nous amener ici. Et même si j'ai des regrets, j'ai compris avec ces erreurs que ça doit rester dans le passé au risque de nuire à l'avenir. Alors c'est avec lui que je décide de les affronter pour mieux avancer et cette fois je peux le dire. Je commence enfin à tracer ces traits. En commençant par Garce.
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GARCE
RomantizmLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...