Ilona Lazykwart
Ça fait déjà cinq jours et je n'ai même pas vu son ombre passée une seule fois devant moi comme s'il ne restait plus que moi dans cet appartement. C'est devenu vide, inanimé depuis le combat. Au final, je crois que je m'en moque un peu pour le moment. Ce n'était pas reposant. Cette soirée était éprouvante au point où j'ai recommencé à enchaîner les insomnies. Cependant, je décide de franchir le pas. Mes pensées ne doivent pas penser à Axel Grenat, il n'avait qu'à pas frapper aussi fort. C'est à cause de lui tout ça.
— Bonjour, je viens voir Enzo Sawyer.
— Chambre 942, mademoiselle.
J'acquiesce avant de m'y diriger. Même si j'essaie de marcher avec assurance, dans le fond je reste nerveuse. J'ai peur d'être influencé par ses bleues, ses égratignures et ses aveux.
J'inspire à fond avant d'expirer en même temps de cogner deux fois contre la porte. Une voix me répond. Enfin je crois, c'était assez flou.
— Salut, bredouillé-je en refermant la porte derrière moi.
— Salut…
— Ça va ?
Il acquiesce et le silence revient plomber l'atmosphère pour nous étouffer quand soudain sa main tapote doucement le matelas, me laissant voir sa perfusion puis lorsque je remonte à son visage, c'est un sourire qui m'invite chaleureusement.
— Ce n'est rien de grave, dit-il les yeux baissés avant d'inspirer à plein poumon. Je savais que je n'aurais pas dû participer…
Mes mots ne viennent pas comme si la folie de l'inspiration disparaissait pour m'abandonner face à lui telle une enfant qui n'a pas appris un seul mot.
— Tu as dû avoir peur, je suis désolé. Mais Axel doit être encore plus terrifié que toi en ce moment.
Mon cœur se serre à la seconde où il prononce son nom mais ma voix, elle, se réveille.
— Il t'a pourtant battu, murmuré-je. Pourquoi tu t'en fais pour lui ?
— Ne dis pas ça, lâche-t-il sèchement pour un ton plus sérieux. Ce n'est pas de sa faute.
Sa voix me perturbe mais pas plus que ses mots qui me rendent perplexe. Il a pourtant été battu. Est-il à ce point généreux pour pardonner son adversaire ? Après que les urgences soient passées, les gens ont murmuré et comme une souris j'ai entendu. C'est Axel qui a eu le dernier coup, c'est lui qui l'a blessé et c'est à cause de lui qu'il s'est écroulé. Pourquoi prend-il sa défense ? Et moi, avec ce qu'il me dit, voilà que je ne sais plus où me mettre à nouveau. Et ça me prend la tête.
— Tu penses que c'est à cause de lui que je suis là, murmure-t-il. Mais tu as tout faux car tout est entièrement de ma faute.
Je n'arrive plus à bredouiller un seul mot, perdu par ce qu'il me dit. Alors il continue sur sa lancé :
— Je me suis mis la pression. Je voulais vraiment gagner ce soir-là alors… pour mon corps j'ai…maigri en quelques jours.
— Je ne comprends pas, murmuré-je.
— C'est simple… au moment où Axel a porté le coup, c'est pile à ce moment-là que mon corps à décider de lâcher. Ilona, je me suis évanoui. J'ai fait un malaise.
Ses paroles résonnent encore en même temps que mes anciennes pensées me giflent de plein fouet. Je me suis bêtement laissé influencer par l'interprétation des autres. Quelle connerie. Et c'est maintenant que je commence à m'inquiéter pour Axel qui est je ne sais où. Au moment où la porte d'entrée se claque, je saute sur le canapé pour regarder derrière moi. À la seconde où nos regards se croisent, il fonce s'enfermer dans sa chambre sans un mot. J'ai bien fait de m'inquiéter à ce que je vois. Il revient tard le soir en titubant comme Monsieur Gold sans sa canne et se braque dans sa grotte. Seulement, si Enzo dit vrai alors je dois lui laisser du temps même si ça me frustre au point de ne pas savoir quoi faire de ma nuit. Je ne sais pas si j'arriverai à dormir après ses aveux.~✧~
Ça suffit, j'en ai clairement marre de patienter sagement. C'est fini les crises d'ado. Il va rester enfermé dans sa chambre combien de temps ? Ça fait depuis hier soir que j'attends comme une cruche. Je suis plus que frustré à l'idée d'attendre qu'il daigne se montrer. Je toque une première fois, puis deux, puis trois avant de saisir la poignée.
Aussitôt, une chaleur étouffante se colle à ma peau. Ma main secoue mon haut tandis que je pénètre sa chambre avec une pointe de culpabilité. Seulement, il ne me répondait pas. Quand je vois son corps en sueur, ses yeux clos et ses joues rouges, j'admet que j'ai bien fait d'enfreindre la règle : Ne pas entrer dans la chambre d'un garçon. Lorsque ma paume se pose sur son front c'est comme si elle touchait une plaque chauffée. Alors, je retourne en arrière en étirant mes bras. Il va falloir que je me sers de mon petit savoir pour faire baisser sa température. Il a de la chance que je sois là. Quel petit veinard.
J'inspire, j'expire, j'inspire, j'expire, j'inspire profondément puis j'expire longuement avant de placer la serviette humide sur son front. Ça devrait aller comme ça. Je ne sais pas ce que je peux faire de plus. Sauf que mon regard descend plus bas jusqu'à voir le bas de son t-shirt légèrement remonté. Au-dessus du nombril, ce n'est rien. Et pourtant, mon rythme cardiaque en fait des caisses.
Doucement, mes pieds s'éloignent de son lit après avoir baissé son t-shirt avec le bout des doigts. Par mégarde, ma hanche percute sa chaise et arrête donc mes mouvements alors que mon visage lâche une grimace pour éviter de gémir de douleur. Seulement, mon regard est comme pris par curiosité lorsque je découvre un carnet. Je jette un coup d'œil furtif vers lui, il dort comme un bébé. Alors je me tourne vers l'objet de ma curiosité pour tourner les pages. Je suis comme figé, impressionné par ce que je découvre quand soudain une main ferme d'un seul coup en même temps qu'un torse vient se reposer sur mon dos. Mon corps frissonne quand une voix me murmure près de l'oreille :
— Arrête.
Mes mains commencent à trembler tandis que des bourdonnements résonnent dans le creux de mon ventre. Je déglutis avant de rire, gêné, mal à l'aise et profondément honteuse. Je veux m'échapper de son emprise seulement aucun de mes membres ne répondent comme si c'était mon destin de l'affronter. J'ai fait une connerie alors je dois l'assumer, c'est ça ?
Ma main se joint à mon collier pour y entremêlé mes doigts avant de déclarer :
— Désolée… je n'aurai pas dû…
Sans un mot, il s'en va et mes poumons parviennent de nouveau à capter l'air. Seulement, ça ne me suffit pas comme réponse. J'ai vu ce que j'ai vu. C'était rapide mais ça ravive ma curiosité.
Un ronflement perturbe mes pensées. Quand je pivote vers lui, c'est avec surprise que je découvre qu'il s'est à nouveau endormi. Je m'apprête à quitter sa chambre seulement, je reviens sur mes pas pour me poser à son chevet et murmurer :
— Ce n'était pas de ta faute.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...