Chapitre LXV

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Ilona Lazykwart

 
  La surprise devait sûrement se lire sur mon visage. Lexi ne m'a pas prévenu qu'il serait là. Je pense qu'elle a tout manigancé. Pourquoi ? Sûrement pour que lui et moi soyons comme avant. Je sais d'avance que son plan tombe à l'eau. C'est le malaise entre nous. On se regarde par-ci par là mais aucun de nous n’élève la voix et c'est mieux comme ça. Je n'ai pas envie de l'affronter après ce que je lui ai dit. Ces paroles transpercent encore mon ventre quand j'y pense. Voilà qu'il enchaîne encore un verre. Combien en a-t-il bu au juste ? Si ça continue, il finira ivre. Je n'en suis qu'à mon premier. Si j'en bois trop, ma tête va finir par exploser. Soudain, mon corps sursaute et mon regard se noie sur mon verre lorsqu'une main s'incruste sur ma cuisse.
— Et toi ma jolie ? C'est vrai cette rumeur ?
  Mon cœur tremble tout comme mes mains mais c'est plus fort que moi, je n'arrive pas à poser mes verres pour ne pas qu'il se brise sur le sol ou cet abrutis. Son haleine empeste l'alcool tandis que son nez est aussi rouge que celui d'un clown. J'essaie de me décaler mais il insiste.
— C'est vrai que tu es une croqueuse d'homme ? Apparemment tu voles les petits copains des autres. T'es une coquine toi. Tu nous veux dans ton lit ? se marre-t-il jusqu'à ce qu'il se retrouve arrosé d'alcool.
  Mon corps est tétanisé, bloqué tandis que mon cœur se serre. C'est comme être sourde, je ne perçois plus ce qui m'entoure. Il n'y a que moi. Ce qu'il se déroule à côté, je ne le vois pas ni ne l'entend jusqu'à ce qu'une main me relève brusquement en même temps de me sortir hors de mes pensées. Mes yeux tombent sur Axel, les sourcils froncés sur cet ivrogne.
— Lexi, vire le de là, s'écrit-il la mâchoire serré.
— Je m'en occupe, intervient Matthias avant que mon amie s'en charge.
  Le regard d’Axel est glacial. Son regard furieux sur ce type emmené par le blond jusqu'à la sortie. Son bras autour de moi, posé sur le mien et son autre main qui serre la mienne. Cette proximité étroit mon cœur. Avec regret, je m'en dégage mais il me ramène à lui où il m'emmène sur le canapé. Nos deux cuisses collées l'une à l'autre. Je parie qu'il me déteste pour ces paroles que je lui ai dites. Alors pourquoi se montre-t-il aussi protecteur ? Sans même un regard d'ailleurs. C'est sa mâchoire qui est sous mes yeux.
— Ça va ? s'enquiert-Lexi qui me réveil de mes pensées.
  Le regard du brun est sur moi, je tente de ne pas laisser mon regard filer sur lui. J'acquiesce à ma meilleure amie qui sourit avant de se rasseoir.
— Je n'aurai pas dû l'inviter celui-là, soupire-t-elle. Je suis désolée.
— Ce n'est rien, murmuré-je.
  La soirée continue, tandis que la tête rivés sur mes pieds. Je n'ai jamais porté de talon, je me demande comment j'ai fait pour réussir à descendre les escaliers avec ça. C'est un exploit. J'enchaîne sur un autre verre quand soudain une main vient me le prendre des mains. Lorsque je tourne le regard, la tête légèrement dans les vapes, mes yeux se focalisent sur sa gorge avec sa pomme d'Adam qui remue lorsqu'il avale le contenant. Je déglutis aussi sec.
— Et si on faisait un action ou vérité ? s'exclame Lexi, déjà bourré avec Matthias qui veille à ce qu'elle ne tombe pas.
  Je m'étouffe légèrement. Sa voix me réveille d'un seul coup. Tous les gens autour de cette table s'exclame sauf moi et Axel qui restons silencieux. Le jeu débute et Lexi fait tourner la bouteille. Ça commence simplement puis ça monte crescendo. Certains ont dû raconter des bobards aux ivrognes du bar, d'autres ont avoué leur pire honte, leurs histoires d'amour foireuses. Puis ça tourne sur Axel.
— Axel, murmure Matthias d'un ton malicieux. Action ou vérité ?
— Action.
  Mon rythme cardiaque s'accélère, mon ventre se crispe à mesure que les secondes passent.
— Embrasse la personne que tu aimes ou boit un shot.
  Mon cœur s'arrête aussitôt. Qui va-t-il embrasser ? Emma ? Qui ? Mes doigts s'entremêlent entre eux quand soudain les autres soupir. Dont un qui se plaint :
— Oh non ! Le premier à boire un coup. Trouillard !
  À l'entente de ces mots, je jette un coup d'œil sur Axel qui s’essuie la bouche du revers de la main avant de reposer son verre.
  La soirée continue jusqu'à une heure du matin. Je ne sais plus combien de verre j'ai bu mais tout est flou autour de moi. Ma vision se déforme à tel point que la tête des gens ressemble à ces filtres Snap qui déforment le visage. Je glousse dans mon coin quand soudain un mec prend mon bras alors je le pointe du doigt.
— Lâche-moi…salé courgette !
  Il glousse avant de me prendre dans ses bras et de m'emmener je ne sais où mais sa voix perce soudain mes oreilles et son emprise se desserre autour de ma taille. Je titube un peu quand soudain un bras me ramène contre un torse. Je lève le regard.
— Toi ?
— Allez viens, soupire-t-il.
— Axel… lâche-moi. Tête de pastèque.
  Il ne m'entend pas ? Est-il sourd ? On gravit les escaliers mais je perds ma chaussure.
— Oh non, murmuré-je en retournant sur mes pas.
— Laisse tomber, Cendrillon.
  Aussitôt son bras s'enroule autour de ma taille pour me faire voler jusqu'à son épaule. Ça me rappelle quelque chose. Une sorte de sensation de déjà vu sauf qu'à ce moment-là je n'étais pas bourré et il faisait jour. Il me dépose sur le lit, ses deux bras de chaque côté de mon corps alors qu'il tente de reprendre son souffle.
— Laisse-moi…
  Il bascule sa tête de droite à gauche.
— Toi aussi t'es bourré, gloussé-je tandis que sa tête heurte le haut de ma poitrine.
  L'oiseau bloqué dans ma cage thoracique est figé, observant la scène avec surprise tandis que mon corps refuse de bouger.
—Relève-toi, mumuré-je. Tes cheveux sont si longs qu'ils me chatouillent le nez.
— Non, bredouille-t-il. Je ne bougerai pas.
— Mais…je vais éternuer…
— M'en fiche…
  Sa tête se relève soudainement vers moi, ses yeux humides luisent à cause de l'éclairage de la chambre. Mon regard est concentré sur ses lèvres. Il se passe plusieurs secondes dans laquelle nos yeux s'apprivoisent et se dévorent en continu et inlassablement jusqu'à ce que nos deux visages se rejoignent et que nos lèvres s'entremêlent avec ferveur. Dans une danse endiablée, nos muscles roses se touchent entre eux. Mes mains passant autour de son cou tandis que son corps chavire sur le mien pour venir me caresser plus en profondeur.

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