Chapitre LXXIV

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Ilona Lazykwart

   J'ai beau avoir vécu avec lui durant plusieurs mois, ça me fait très étrange d'être avec lui. Sauf que cette fois, c'est dans ma chambre d'hôtel. Je n'ai pas réfléchi à ce moment-là. J'ai simplement suggéré que ça pouvait nous éviter des allers retour si l'on dormait ici. Attends…je l'ai invité à dormir ? Maintenant je ne sais plus comment réagir. Le silence plombe l'ambiance, le malaise aussi. C'est lorsque mes yeux volent à côté que je remarque notre posture similaire. Les poings serrés sur nos jambes. Je reviens aux miennes, puis je bégaie :
— Du coup…nous sommes en couple ?
— Je crois…enfin, j'en ai envie. Et toi ?
— Je…j'ai envie mais…ça ne paraît pas égoïste après la manière dont je t'ai traité ?
  Nos yeux se croisent, un sourire doux s'affiche sur son visage. Mon cœur bondit d'un seul coup d'ailleurs.
— Je t'ai pardonné. T'as été curieuse ? Ok mais c'est dû passé. Je ne t'en veux pas puis…je crois énormément en l'effet papillon. Imagine si ce que tu définis comme des erreurs, ne nous avait pas amené jusqu'ici ? J'ai eu mal et…toi aussi. J'en ai conscience mais…
  Sa main se pose sous la mienne puis ses doigts s'entrelacent avec les miens. Son regard posé sur nos mains liées, il ajoute :
—  Il y a ce dicton qui dit qu'après la pluie vient le beau temps et même si c'était orageux, je ne veux pas te laisser partir à nouveau.
Mes joues rougissent lorsque son visage s'approche de moi, son regard enchaînant des vas et vient entre mes yeux et mes lèvres. Puis il continue:
— Je t'aiderai à effacer tes erreurs, te prouver que le meilleur arrive car je suis fou amoureux de toi et…je sais que tu m'aimes aussi.
  Il continue de s'approcher, une douce chaleur commence à grimper en moi et ça me perturbe. Je deviens muette face à lui. Un petit cri s'extirpe de mes lèvres lorsque mon dos se trouve coller au matelas, lui au-dessus de moi. Mon cœur tambourine dans ma poitrine sauf que son corps se redresse. Je demeure silencieuse, mon corps ne bouge pas malgré qu'il se soit éloigné. Son visage s'est assombri. Je dois admettre que je suis surprise. Je pince mes lèvres. Il s'est reculé, est-ce de ma faute ? Il a perdu son sourire, sa confiance. Alors que je m'apprête à lui demander, il me devance.
— Je peux pas. Je ne veux pas…que tu partes comme cette nuit là et que tu regrettes.
— Je n'ai pas regretté !
  Je me suis redressé d'un seul coup, mes pensées se sont précipitées pour s'évader de mes lèvres. Il est intrigué, perplexe. Il ne sait pas quoi répondre. Il doit sûrement penser que je mens pour le rassurer mais…
— C'est faux. Tu as tort. Cette nuit-là, je ne l'ai pas regretté. J'étais pompette au réveil…surprise mais je ne me suis pas sentie mal. Au contraire, je me sentais bien. Je me suis souvenue de…ce moment et je m'en suis surtout voulu car…je ne méritais pas tes baisers…
  Alors que je comptais prononcer de nouveaux mots, ses lèvres atterrissent aussitôt sur les miennes. Son corps surplombant le mien, le pouls qui s'accélère, sa main chaude sur ma joue et ses lèvres qui commencent à mouver sur les miennes. Je crois que je perds la tête. J'avais bu la dernière fois. Comment on embrasse déjà ? Au pire, tant pis. Je suis le mouvement, je l’imite. Un petit cri s'échappe de ses lèvres et notre baiser s'interrompt. Il touche sa lèvre alors je pince les miennes.
— Désolé, je…
— Ce n'est rien.
  Un rire s'échappe de sa bouche, me laissant perplexe. Puis, des rougeurs apparaissent sur ses joues. La tête baissée, il m'avoue :
— Ilona…j'en ai…vraiment envie…
  Je rougis aussitôt. Cependant, malgré mon malaise, je crois que moi aussi j'en ai envie. Vivre notre véritable première fois sans alcool où nous sommes complètement sobre et que cette première gravera notre esprit comme un tatouage.
— Moi aussi, avoué-je à mon tour.
  Il déglutit.
— Toi aussi…c'est ta première ?
  Il baisse la tête.
— Oui, admet-il. Mais…j'ai l'expérience des films porno et des hentais, ça ne doit pas être sorcier.
— Je te crois, pouffé-je légèrement avant qu'il glisse la main sous mon t-shirt.
  Ma peau frissonne à mesure que ses doigts s'avancent sur ma peau. Il caresse mon ventre avant de glisser plus haut. Je n'ose pas le regarder, je suis focalisé sur mon placard. Je ferme les yeux quand d'un seul coup, ses lèvres prennent mes lèvres puis il me murmure à l'oreille :
— Regarde-moi…
  Comment veut-il que je le regarde avec ce qu'il vient de me dire ? Tout mon corps est en ébullition, celui d'une douce brise ardente qui parcourt mon corps. Je rentre le ventre tandis que ma poitrine se soulève à chacune de mes inspirations. Soudain, ma bouche s'ouvre lorsque sa main s'approche de ma brassière alors il en profite pour y glisser sa langue. En cet instant, c'est comme si mon cœur perce ma cage thoracique. Il bat si fort que mon corps frémit à chaque fois que son muscle rose caresse la mienne. J'arrête d'inspirer lorsqu'il frôle ma poitrine. Mes yeux s'ouvrent pour croiser les siens puis nos lèvres se détachent tout comme sa main qui s'éloigne. Je rentre mes lèvres quand je vois ses joues.
— Tu rougis, bégayé-je alors que ses rougeurs augmentent.
— Toi aussi…tu as le même rouge que les paquets de céréales.
  Je pouffe de rire d'un seul coup alors qu'il me regarde, perplexe en faisant la moue.
— Tu me compares vraiment à des céréales ?
  Il acquiesce de façon maladroite tandis que sa main passe dans ses cheveux bruns. Mes yeux défilent sur ses mèches et mes doigts suivent le mouvement.
— Ça te va bien les cheveux longs, murmuré-je.
— Toi aussi…avec tes cheveux courts…
  Son regard est ailleurs, alors j'en profite. Mon coude posé sur le matelas, je m'avance pour toucher mes lèvres. Il répond aussitôt et ma main finit par se poser sur l'arrière de son cou tandis que nos corps s'allongent à nouveau sur le lit. Le silence demeure mais le son de nos baisers résonne dans la chambre durant plusieurs minutes. Au bout d'un moment, on se sépare, essoufflés. Nos lèvres toujours aussi proches, nos souffles se mélangent entre elles. Son regard me désir. Sûrement une intuition de ma part mais j'en ai la certitude. Ils brillent et ne me lâchent pas d'une seule seconde. Ils ont cette lueur que je n'ai jamais connue et pourtant, j'ai l'impression de l'avoir déjà croisée.
— Tu préfère qu'on soit dans le noir ou non ? demande-t-il avec une once d'hésitation. Ce soir-là on était peut-être avec la lumière mais…comme on était pompette, on ne s'en souvient plus alors…
— On a…qu'à commencer dans le noir.
  Il acquiesce avant de se lever pour éteindre la lumière. Les palpitations de mon cœur s'accélèrent et des milliers d'aiguilles piquent mon ventre. Le lit s’affaisse puis je parviens à sentir ses bras se poser près de mes bras, son corps au-dessus de moi.
— Ça te dérange si…j'enlève mes vêtements ?
  Être dans l'obscurité à une chose positive, sourire en entendant Axel Grenat aussi gêné que moi. Ça lui donne un côté adorable, une nouvelle facette que je découvre et qui me plaît. Ça me rassure d'un autre côté car on est tous les deux perdus. Il n'y a aucun jugement lorsque deux ignorants se rencontrent et tentent quelque chose de nouveau.
  Je secoue la tête et lorsqu'il se redresse, je fais de même. Tous les deux assis, sa chemise qu'il déboutonne avant de glisser sur ses bras pour s'en aller. Sa ceinture dont il se débarrasse et ce pantalon qu'il enlève. En même temps qu'il se déshabille, je fais de même de mon côté. Mes joues deviennent chaudes assez vite. Mes pensées dérapent. J'imagine toutes sortes de choses. Son corps nu qui fusionne avec le mien.
  Le lit s'affaisse à nouveau. Cette fois-ci, notre corps est à l'air libre alors ça me rend nerveuse. À mesure qu'il embrasse mes lèvres avec tendresse, cette nervosité s'en va pour me laisser consumer par ses baisers quand soudain, il change de direction. Ma poitrine se soulève puis se bloque lorsque ses lèvres frôlent mon cou puis je frissonne lorsque sa langue la parcourt. Et même si l'on ne se voit pas, je sens qu'il se retient alors je décide d'oser car mon corps bouillonne. Il réclame plus. Pas seulement ses baisers, je veux qu'il me touche, me parcourt, découvre mon corps qui ne veut que lui. Et moi, s'il est d'accord, je désire découvrir le sien à mon tour.
  Alors ma main s'empare de la sienne. Ses mouvements s'arrêtent. Sa respiration résonne à mes oreilles tandis que je fais toucher sa paume contre ma peau. Pour seule réponse, il m'embrasse. Un baiser doux dont je ne me lasse pas. Ma peau frémit lorsque sa main glisse sur ma peau, avec moins d'hésitation, désormais certain de mon accord. Alors que ses lèvres descendent pour rejoindre sa main, cette dernière frôle ma poitrine à découvert qui fait frissonner ma peau.
— Je peux ? murmure-t-il dans l'obscurité.
  L'inconvénient d'être dans le noir c'est que je n'ai plus le droit d'acquiescer.
— Oui…
  Alors je suis obligé d'assumer.
  Le calme occupe l'espace le temps de quelques secondes avant que mes yeux se ferment aussitôt lorsque sa bouche se pose à la naissance de ma poitrine. Sa bouche doit sûrement sentir les battements de mon cœur. Puis sa main se pose sur ma poitrine, l'enveloppe avant de passer légèrement ce qui me fige malgré moi.
— Tu me le dis si…
— Non. Continue…
  Il continue ses massages, ses baisers qui laissent s'évader mon esprit hors de mon corps. Ma respiration devient saccadée. J'ai dû mal à l'accepter, l'assumer mais j'aime ça. Ça me fait du bien. Mon corps tout entier explose à ses touchés. Soudain, sa langue frôle le dessus de mon sein. Celui qu'on surnomme le bouton rose dans les romans. Mon ventre entre dans mon corps tel une autruche alors que ma poitrine se soulève, que je lâche un petit souffle hors de mes lèvres. Mes yeux sont fermés alors ils imaginent son corps, son visage, sa langue qui me parcourt. On a beau être dans le noir, l'imagination fait tout. Puis, j'imagine aussi le mien avec cette étincelle lubrique dans le regard qui me consume. Dire qu'on l'a déjà fait, que j'ai déjà senti nos peaux moites se rencontrer, nos langues danser. Je peine à y croire, trop aveugle à cause de ses gestes.
  Ma main passe sur sa nuque tandis que l'autre s'avance sur son dos, le rapprochant un peu plus sur mon corps. Ses mouvements restent doux mais il est plus confiant dans ses gestes. Ma respiration s'accélère, on devient moites. Ma tête penche en arrière lorsque sa main descend vers mon entrejambe. Lorsqu'une vague de frisson parcourt mon corps, sa main s'arrête. Il hésite encore. Mes lèvres se joignent à elle tandis que ma main gauche descend sur son torse. Cette fois, c'est sa peau qui frémit sous mes gestes. La chaleur monte sur mes joues lorsque mes doigts passent sur ses abdos.
— Tu es plus lente…qu'est-ce qui t'arrive ?
  Son sourire à beau être invisible, je distingue son sourire en coin.
— Je ne m'attendais pas à ce que tu es…des abdos. C'est tout.
  Sa main s'entrelace avec la mienne et me guide sur son corps, augmentant la cadence de mon cœur. Mon pouls s'accélère tout comme ma respiration. Puis il s'arrête sur sa poitrine où les battements de son cœur résonnent sur la paume de ma main. Le mien s'agite dans ma cage thoracique puis il embrasse ma main.
— Je peux descendre plus bas ?
  Mon réflexe est d'acquiescer. J'en oublie que l'obscurité inonde la chambre, qu'il ne peut me voir. Cependant, il me rend muette. Il m'est impossible de parler face à lui. Surtout lorsque sa main descend plus bas, me faisant lâcher un petit cri dont j'ignorais l'existence. Je l'entend sourire avant que ses lèvres viennent à nouveau cajoler les miennes. Doucement, il enchaîne sur des caresses. Des vas et viens. Mon intimité me brûle. Cette chaleur augmente à mesure que son index taquine mon clitoris, cette boule de plaisir dont j'ai tant entendu parlé et que j'ai taquiner aussi. Seule dans ma chambre. Sauf que cette fois-ci, ce n'est pas moi qui mène la danse mais l'homme que j'aime. Ma respiration s'accélère, ma tête s'allonge sur le côté, mes jambes tremblent jusqu'à ce qu'il cesse ses mouvements en douceur. Il déglutit. Lui aussi inspire puis expire par les lèvres. Je pince mes lèvres. Dans le creux de la cage thoracique, je sens que c'est le moment. Son corps s'écarte légèrement sans descendre du lit.
— T'as tout prévu ? deviné-je au son du papier qu'il déchire.
  Aucun son, seulement ses cheveux qui atterrissent sur mon nez.
— Je vais éternuer, relève la tête s'il te plaît !
  Il s'exécute d'un seul coup. Un petit silence surplombe l'espace alors que la chaleur de nos corps augmentent.
— Je peux ? demande-t-il.
  Mes bras s'enroulent autour de lui alors que je ferme les yeux, je sens ses jambes frôler les miennes et son sexe toucher mon intimité.
— Il est où le trou ? murmure-t-il tandis que je rougis. Je ne vois rien.
  Il n'arrête pas de gigoter et je laisse échapper un rire.
— Pourquoi tu rigoles ? Je suis trop gêné. Je pensais que je savais…
  C'est plus fort que moi, je n'arrive pas à être sérieuse. En fin de compte, ce genre de situation n'arrive que dans la vie réelle. Dans les bouquins, c'est sensuel et sans erreur. Je ne parviens pas à contrôler mon rire alors qu'il est gêné.
— Désolé, attends…
  Ma main encercle la sienne tandis qu'on cherche ensemble quand soudain, un petit cri de surprise s'échappe de mes lèvres. Il souffle un bon coup avant de s’immiscer. Mes paupières se ferment, mes sourcils sont froncés tandis que je pince ma lèvre inférieure puis ma respiration se bloque avant que ma poitrine se soulève.
— Ça va ? demande-t-il.
— Oui, soupiré-je.
  Ça y est, c'est dedans. C'est étrange. Son corps n'a jamais été aussi proche du mien, à un point où je me pose une question. Est-ce réel ?
— Je peux ?
  Je n'ose même pas parler. Il me rend muette, timide. J'ai toujours détesté ce mot et pourtant, dans cette situation, il faut que je l'assume. Au moins dans ce contexte car je le suis réellement. Mon corps bouge légèrement, je n'aurai pas dû car il lâche un gémissement rauque qui me fait frissonner. Je cherchais simplement à être à l'aise mais j'ai augmenté la chaleur de nos corps. Soudain, son bassin se rapproche du mien. Mon corps se cambre aussitôt, laissant échapper un faible soupir. Il accélère petit à petit et même si c'est douloureux au début, je finis par lâcher prise. D'un coup, ses lèvres se jettent sur les miennes et aussitôt mes doigts passent entre ses mèches tandis que nos respirations saccadées se mélangent. Sa main gauche vient saisir ma cuisse pour l'amener à sa hanche. Le rythme nous approche de l'orgasme, jusqu'à ce que nos corps se cambrent pour se relâcher dans un soupir profond. On est essoufflée, mais malgré moi : je souris avant d'embrasser ses lèvres jusqu'à ce qu'il se joigne à ma droite.
   Je me redresse légèrement avant de m'étirer. Lorsque je reviens dès toilettes, le calme demeure dans la chambre. Je ne vois rien, je lâche sans savoir où aller et j'essaie de ne pas trébucher sur nos vêtements étalés sur le sol. Aucun bruit, rien. Puis je m'arrête lorsque un ronflement résonne dans la pièce. Je me retiens de rire avant de monter sur le lit, de placer la couverture sur son corps avant de m'y glisser et tomber aussitôt dans les bras de morphée.

GARCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant