Axel Grenat
Lorsqu'on commet une erreur, c'est dur de l'admettre. On se sent souvent bête alors la première chose que l'on fait c'est fuir et ignorer le problème. La vérité c'est qu'on ne l'ignore pas vraiment car lorsqu'il n'y a rien pour nous occuper l'esprit, qu'on se retrouve seul face à nous même, c'est à cette erreur que vont toutes nos pensées. Seulement, là, même si Ilona dit vrai et que je n'ai peut-être pas blessé Enzo. Ça me fout quand même mal et je reste assis là, sur mon lit à battre du pied, face à mon téléphone où est affiché son profil dans mon répertoire. J'inspire un bon coup puis au moment où je clos mes paupières, le bout de mon index touche l'écran. La sonnerie fait trembler chaque partie de mon corps.
— Allo ?
— Allo, c'est Axel.
— Ouais, je sais lire, t'inquiète.
Je pince ma lèvre et serre le poing en regardant le plafond.
— C'est Ilona qui t'a dit de m'appeler ?
— Ouais, lâché-je difficilement.
— Écoute, ne t'en veux pas pour le match.
— Alors explique moi ! Je t'ai frappé et tu es…t'es tombé devant moi.
— J'ai fait un malaise.
— Comment ça ? T'as… ne me sort pas d'excuse. Tu n'as pas à me protéger comme avant.
— Axel. C'est la vérité.
J'ai l'impression que tout s'écroule autour de moi lorsqu'il m'avoue tout. La pression, le stress, l'envie d'être meilleure pour une fois. J'ai pitié de moi d'avoir été aussi aveugle et égoïste. Il a été là pour moi sauf que j'ai été incapable de reconnaître ce qu'il endurait.
— T'avais pas à te mettre autant de pression, murmuré-je.
— Je voulais…je crois que j'étais jaloux… J'ai vu tes matchs, t'es doué et…je ne sais pas. Je voulais avoir ma place sur le podium.
— Mec, c'est qu'une petite salle de rien du tout dans une ville paumée. Pourquoi te mettre la pression pour si peu ? Pense à ta santé, merde. T'es à l'hôpital là.
Au fond, je dis ça mais c'est à moi que j'en veux. Aveugle, voilà ce que je suis. Je me sens minable. Me ressembler ? Je ne comprends pas. Il y a des types plus doué que moi au combat. Surtout que, ce n'est pas mon but ces combats. Avec ce qu'il me dit, j'ai envie de tout lâcher pour céder ma place à cet homme.
— C'est vrai, t'as raison, admet-il. Je n'ai pas assez réfléchi. J'aurai dû.
— Évidemment que tu aurais dû ! Pense à toi maintenant…ne pense plus aux autres, soit un peu plus égoïste pour ton bien-être à toi.
J'entends son sourire à l'autre bout du fil. Il me lâche donc un soupir nerveux.
— D'acc…
Aussitôt, je raccroche avec un léger sourire. Mon téléphone rebondit légèrement sur le lit tandis que mon corps se déplace jusqu'à la salle de séjour où Ilona, ma colocataire, me saute immédiatement dessus.
— Alors ?
Voir sa bouille curieuse me donne sans cesse envie de la taquiner. Ses pupilles s'agrandissent comme la flamme de la curiosité qui grandit en elle. On dirait une enfant. Le bout de mon doigt se pose sur son front, aussitôt elle hausse des sourcils lorsque mon visage s'approche du sien.
— La curiosité est un vilain défaut, murmuré-je avec un sourire en coin.
Immédiatement, mon corps se redresse et c'est lorsque je m'approche du canapé qu'elle reprend ses esprits pour venir encore vers moi.
— Aller, dit moi. C'est pas juste, je t'ai encouragé…
— Incité.
— Incité, soupire-t-elle, à l'appeler en plus. Du coup, ça s'est bien passé ?
Alors que le poid de mon corps s'affaisse sur le canapé, mes pensées dérivent à cause de la sensation de faim qui se creuse dans mon estomac puis l'image d'un délicieux panini poulet curry ravive mes papilles gustatives. Alors que je m'apprête à composer le numéro, la flemme m'emporte et empêche mes doigts de faire le moindre mouvement.
— Je sors, lâché-je en m'approchant de la porte.
Un soupir s'échappe de ses lèvres et un sourire amusé apparaît sur les miennes. Je jette un dernier coup d'œil derrière moi, je m'apprête à dire un mot mais mes lèvres se ferment aussitôt avant que mon corps ne franchisse le seuil.~✧~
Ma main frotte nerveusement le haut de ma tête tandis que je prends un croc de mon panini. Je jette un coup d'œil dans le sac en plastique en me pinçant légèrement les lèvres. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je ne connais même pas ses goûts et ça se trouve, elle a des allergies. J'espère que ça va passer. Alors que j'attends que le bonhomme passe au vert même si aucune voiture ne passe, une drôle de chose se frotte à ma jambe. Lorsque ma tête s'abaisse, c'est sur un chat que mes yeux s'arrêtent. Automatique, mes jambes baissent pour être à son niveau tandis qu'une sensation de déjà vu frôle mon épiderme et une image net défile lorsque ma main caresse lentement le chaton qui lâche des ronrons à tout va. Ça me revient. Ce chat ne m'est pas complètement inconnu. C'est toi qu'elle a caressé ce jour-là, alors que je revenais de moto à la fac. C'est comme si j'étais en train de revivre cet instant à nouveau, basculer dans un monde parallèle où mes souvenirs sont plus nette et où mon univers se transforme pour devenir ce souvenir en particulier. Sa capuche relevée, ses mèches brunes qui flottent dans l'air mais il y a une chose que je n'avais pas remarqué avant.
— Lorsque je me suis arrêté pour enlever mon casque, c'est là que je t'ai vue, murmuré-je. Toi, ce chat et les étoiles qui longeaient tes joues une à une alors que ton sourire rayonnait comme un soleil…
Elle affiche une mine si triste et pourtant souriante comme si elle se bloquait, ou plutôt, elle enferme sa peine dans sa poitrine pour ne pas le dévoiler. Le revoir à nouveau plus clairement me donne envie de réagir comme elle. Bondir devant elle et lui demander la cause de ses larmes. Et quelque chose me dit que ce petit chat peut m'aider.
Alors que je repousse la porte avec mon pied, les bras chargés, le chat saute hors de mes bras puis ma colocataire surgi de la salle de bain, les cheveux humides en chemise de nuit. Ses lèvres s'entrouvrent mais je saisis le chat aussitôt. Sa bouche se referme aussitôt pour laisser place à un visage animé par la surprise lorsque son regard se pose sur le chaton aux poils noirs.
— Tu as adopté un chat ?
— Oui, tu ne trouves pas adorable ? Avoué-je en caressant le chat.
Elle hausse les épaules avant de se précipiter maladroitement dans sa chambre alors au même moment, je saisis son avant bras. Elle ne se retourne pas vers moi. Cette fois j'en suis sûr, je le sens au plus profond de moi. Une plaie est ouverte.
— Raconte moi, demandé-je tout bas tandis que le chaton lâche un miaulement en cognant sa tête sur mon torse.
Son poing se serre et soudain, elle se tourne face à moi. Les yeux rouges, les lèvres baissées. Une plaie peut se rouvrir à l'instant même où des souvenirs refont surface à cause d'une scène, d'un lieu, d'une tenue, d'une personne ou plutôt…tout être vivant.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...