Ilona Lazykwart
C'est lorsque j'ouvre mes yeux que mes cauchemars s’évanouissent et pourtant, il fait toujours aussi sombre. Et si la nuit n'est pas terminée, que ce rêve qui n'était pourtant pas si traumatisant que les précédents n'était que l'épilogue. Il est vrai que ça m'a semblé un peu court, mais c'est bien connu, les rêves sont connus pour être éphémères tandis que les cauchemars vivent comme une éternité. Seulement, c'est étrange, car je ressens les choses sur ma peau. Mes mains peuvent bouger. Soudain me vient une idée. Mon buste se redresse tandis que mes mains l'aident. Une masse chaude et douce retombe sur mes cuisses. J'étais bien réveillée au final, juste sous ma couette. Au fond, ma mémoire a beau être fouillée de fond en comble, à aucun moment je ne me vois aller dans mon lit pour dormir. Le dernier souvenir que j'ai, c'est lorsque j'étais sur sa moto.
Mes bras grimpent le plus loin possible au-dessus de ma tête tandis que mes jambes, malgré elles, m'emmènent à la sortie. La cafetière résonne à mes oreilles et ce n'est pas normal. Aucun de nous ne prend le café. Mes poings frottent doucement mes yeux tandis qu'ils cherchent à s'habituer à la luminosité de la salle de séjour. Une odeur de pain grillé vient chatouiller mes narines et appeler mon ventre à crier famine.
— Depuis quand tu bois du café ?
— S’lut ! Lance-t-il sans me répondre. Jolie coupe au passage.
Un soupire s'extirpe de mes lèvres en grande pompe tandis que je m'affale sur le canapé, les yeux endormis. Avant même d'atterrir, deux mains me retiennent par les épaules.
— Oh putain t'es qui ? Crié-je, les yeux grands ouverts et m’éloignant le plus possible de l'individu.
— C'est pour lui le café, me répond enfin Axel qui apporte la tasse à son ami.
— Toi t'es qui ? Me répond ce dernier.
Mes yeux me scrutent de haut en bas et mon cœur panique instantanément. Sans plus attendre, je me faufile en vitesse jusqu'à ma chambre. Instantanément, mon dos contre la porte, mes yeux observent mon corps à travers le reflet. Cette tenue est pire que la rentrée. Mes pas m'amènent jusqu'à mon miroir, le retard euphorique. Je suis pas nunuche à ce point. C'est lui qui m'a mise dans mon lit. Mais quand même. Pourquoi avoir passé mon pyjama au-dessus de mes vêtements d'hier ? Il pouvait très bien ne rien rajouter. Je comprends mieux pour je gigotais dans tous les sens cette nuit, j'avais trop chaud avec tout ça. Au fait, c'était qui ce type ? Je ne comprends pas. Il m'a pourtant dit qu'il voulait que personne ne soit au courant pour notre colocation alors, qui est-ce ?
Il s'esclaffe tous les deux. Je les ignore même si ça me fait relever les lèvres pour faire la moue. Alors que j'ouvre le placard, je tombe sur un post-it sur lequel est noté un mot : Ton petit déj est sur ta place, l’hamster. Je me retourne et mes yeux secquarquillent. Un chocolat chaud ? Avec, une petite tranche de pain ? Quel radin. J’hausse les épaules et saisis le paquet de pain de mie pour m'en faire cuire.
— Hé !
Je me tourne vers eux, les sourcils froncés pour croiser le regard de cet inconnu qui me fait signe.
— Vient ! M'invite-t-il.
Je reste quelques secondes à me demander si c'est une bonne idée. Je ne me sens pas à l'aise à l'idée de m'incruster comme des milliers d'aiguilles et des chaînes qui me retiennent. Une gorgée de mon chocolat vient me réchauffer la gorge pour glisser jusqu'à mon estomac. D'un pas léger, j'accepte de venir pour poser mes fesses sur le seul siège individuel de l'appartement. Contrairement à son frère, il n'a pas une touffe éparpillée sur la tête. Sa coupe sans le gel à plein nez, il met en valeur le contour de sa tête qui est rasé. Un sourire en coin apparaît sur ce mec dont je ne connais pas le nom. Soudain, sa main se tend vers moi puis il l'accompagne d'une présentation :
— Logan Grenat, enchanté.
Je joins ma main à la sienne qui électrise mon bras instantanément et fait bourdonner le creux de mon ventre. Mes yeux ne se détachent des siens, qui sont d'un marron électrique, mais pas de manière positive. C'est comme si quelque chose en moi me prévenait de faire attention.
— Ilona Bell, lâché-je sèchement.
Lorsque nos deux mains se séparent, cette sensation disparaît aussi mais soudain il éclate de rire. Ma mâchoire se serre tandis qu’Axel sourit comme un abruti.
— Pardon, soupire-t-il.
Soudain sa main s'abat sur le crâne du brun qui grimace instantanément.
—Merci de prendre soin de mon frangin. C'est vraiment cool de ta part !
— Arrête ça, se plaint son frère.
Il acquiesce en riant avant de se redresser. Soudainement, j'ai l'impression d'avoir rétréci.
— Sur ce, je dois y aller. Et toi, se tourne-t-il avec Axel. Pense à ce que j'ai dit. Bye !
La porte claque sur lui et fait naître un blanc imposant. La tête baissée, mes yeux ne peuvent s'empêcher de l'observer quand même. Son regard est rivé sur le sol, comme perdu mais soudain il s'abat sur moi comme une décharge. Mais moins violente que celle de son frère. Sans un mot, il se lève pour se terrer dans sa chambre.
Face à sa porte de chambre, j'hésite à y entrer. Voir même toqué comme si une puissance cosmique allait m'en éloigner. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça mais ça ne me ressemble pas. Sans que je ne le veuille, l'image de notre première interaction se reflète dans mes yeux pour m'éloigner de la porte.
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GARCE
RomanceLorsqu'une nouvelle débarque à la fac, elle ne perd pas de temps pour faire sensation. Mais est-ce réellement ce qu'elle voulait ? Des rumeurs défilent avant même qu'on ne lui adresse la parole. Aussitôt, Axel Grenat vient à elle, la taquinant sur c...