~ Across ~

Face À Cette Douloureuse Réalité

- Manges Tao, murmura Suho avec un regard triste pour son jeune ami.

Tao jouait, sans grande conviction avec sa nourriture, mais aucune miette n'avait pénétré sa bouche depuis le début du repas. Son estomac était serré, il lui était impossible d'avaler quoi que ce soit depuis quelques jours. Malheureusement ça n'avait que de mauvaises répercutions sur son corps, puisqu'il se sentait faible, aussi bien physiquement que mentalement. Lui-même savait que cela était dangereux, chaque cellule de son être le lui criait, mais il n'était plus capable de manger. Malheureusement il avait pleinement conscience d'inquiéter ses amis. Suho et Lay le regardaient avec des mines attristées, sans réellement savoir quoi dire pour le réconforter. Tao préférait ça, il n'avait aucune envie qu'on ne vienne lui susurrer des paroles "soi-disant" rassurantes.

Jamais auparavant il ne s'était senti aussi seul et perdu.
Même en compagnie de ses aînés, deux garçons pourtant extrêmement gentils et prévenants, et même s'il partageait son repas avec de nombreux autres mutants, qui ne lui importaient pas tellement. Le sentiment de solitude l'assaillait toujours sans contrôle.

Il ne désirait la compagnie que d'une seule personnes, mais celle-là jamais il ne l'a reverrait.
Cette vérité suffisait à remplir ses yeux d'un liquide âcre et salé.

- Il paraît que tu vas avoir un nouveau camarade de chambre Tao, fit soudainement remarquer le chef de la tablé.

Il releva la tête et avisa Jiyong en fronçant les sourcils, tout en essayant de ne pas paraître trop menaçant non plus. Le garçon lui offrit un grand sourire en ajoutant:

- J'ai entendu dire qu'un mutant venait d'être trouvé en ville, comme tu es seul dans ta cellule il sera certainement placé avec toi.

Tao sentit un souffle amer lui remonter à la gorge. Comment ça un nouveau camarade ? Il n'en voulait pas lui, rester seul lui allait très bien.

- Comment tu sais tout ça Hyung ? Demanda un adolescent rouquin attablé avec eux.

- Et bien Jaemin, tu devrais savoir que je suis très observateur et particulièrement doué pour écouter au porte.

Presque tout les mutants se mirent à questionner Jiyong avec un enthousiasme suffisamment discret pour qu'aucun gardien ne les remarques. Ils posaient sur lui des yeux chargés d'admiration, parfois à la limite d'un fanatisme malsain.
Tao, lui, ignora la suite de la conversation et continua son activité précédente. Cela consistait simplement à transformer son plat en une bouilli informe et répugnante. Un part un, il écrasait sauvagement chaque petit pois présent dans son assiette. Une manière bien à lui de se défouler, ridicule et pitoyable, mais qui permettait à son cerveau de cesser un instant de penser à sa tristesse et aux tremblement de peur qui ne cherchaient qu'a afflué en lui. Suho et Lay, qui prêtaient une attention curieuse à la conversation, lui jetait par moment des œillades inquiète, mais il les ignora volontiers.

Il sentit néanmoins un regard insistant sur lui et redressa la tête pour constaté qu'un garçon le regardait fixement. Il semblait jeune, très jeune, avec un visage fin, des traits juvéniles, des cheveux brun coupé court et la carrure d'un petit garçon. D'ailleurs, petit, il semblait l'être, puisque le haut de son crâne ne rivalisait en rien avec ceux de tout les autres, en particulier de ses voisins de table, le roux qui avait parlé plus tôt et un noiraud à l'air fatigué. Il paraissait minuscule entre eux, mais ne semblait même pas en être gêné. Tao affronta un instant le regard de ce gamin a qui il ne donnerait pas plus de 15 ans, puis afficha une grimace et baissa la tête quand il capta une lueur d'inquiétude dans ses yeux.

- Tu ne manges pas ? demanda doucement la petit.

Il releva la tête et lui offrit le regard le plus sombre dont il était capable. Son teint cadavérique et ses cernes devaient le rendre effrayant, bien plus qu'il ne l'imaginait, puisque le jeune garçon déglutit sans discrétion en pinçant ses lèvres. Personne ne faisait attention à eux, toute l'attention étant porté sur Jiyong, excepté le rouquin et le noiraud qui entouraient son interlocuteur. Les deux parurent capter l'air menaçant que Tao tentait d'aborder, puisqu'ils froncèrent les sourcils et serrèrent les poings. Allaient-il le frapper ? Ces deux-là devaient s'être entiché du petit, ils le collaient au point de presque l'étouffé entre leurs corps.