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        DANS LA PEAU D'AROLE

L'air frais de la pluie qui venait de cesser se répandait à l'horizon, insufflant une vivacité renouvelée à l'atmosphère, tandis que quelques gouttes rebelles continuaient de tomber, insoumises, du ciel d'octobre.

Ces perles d'eau, éparses et éphémères, ajoutaient une note poignante de nostalgie à ce paysage déjà chargé d'émotions. Et le ciel, autrefois obscurci par des nuages lourds, s'ouvrait lentement pour révéler une clarté naissante malgré l'obscurité de la nuit.

À mesure que l'obscurité envahissait le paysage, une myriade d'étoiles se dévoilait, scintillant comme des joyaux incrustés dans un velours d'encre noire.

Le doux murmure des vagues léchant mes pieds me détourna du spectacle céleste.

Mon regard se posa alors sur la mer sous moi, dont les flots tumultueux et assombris par la nuit tombante paraissaient animés d'une énergie sauvage et indomptable et dont les vagues, en une danse furieuse éclataient contre les rochers et s'étiraient sur le sable.

Adossé contre la barrière de fer de ce pont, mes pensées tourbillonnaient, inlassables et tumultueuses.

La révélation que Merveille venait de me faire au sujet de ma mère résonnait encore en moi, comme un écho douloureux.

Ses mots avaient agi comme un déclencheur, libérant une cascade d'émotions que je luttais désespérément pour contenir.

Lorsqu'elle m'avait avoué ce que je redoutais tant, un sentiment de dévastation m'avait submergé, bien que, quelque part au fond de moi, j'avais toujours espéré que cette vérité n'existerait pas.

Comment avais-je pu être si aveugle, si naïf ? Comme si je ne connaissais pas l'essence même de celle qui m'a donné la vie, celle qui a façonné mon existence de ses propres mains. Celle à qui j'ai souvent attribué le fardeau de mes peines et de mes tourments.

Comment avais-je pu croire, ne serait-ce qu'un instant, qu'elle ne serait pas capable d'atteindre de telles profondeurs de cruauté ?

Sachant qu'elle m'avait déjà infligé plus de souffrance que ce dernier affront, j'avais néanmoins osé espérer qu'elle me laisserait enfin goûter au bonheur, ne serait-ce qu'une fois. Un sentiment qui m'avait toujours été étranger depuis que le destin avait décrété que je serais son fils.

Malgré ses innombrables démonstrations de son opposition farouche à ma relation avec Merveille, jamais je n'aurais pu imaginer qu'elle irait jusqu'à la menacer, voire tenter de lui ôter la vie.

C'est une vérité choquante à admettre, que sa rancœur envers moi puisse la pousser à franchir le seuil de l'impensable, à endosser le rôle d'assassin rien que pour assouvir son désir de me voir misérable.

Et j'avais eu honte, une honte profonde qui me brûlait jusqu'au plus profond de mon être, à l'idée d'affronter le regard de cette fille qui représentait tant pour moi, cette fille que ma mère avait traumatisée à mon insu.

Pendant des mois, elle avait gardé pour elle la vérité sur la transformation de ma mère en un véritable bourreau à son égard, et je n'avais rien su, rien pu faire pour la protéger des abîmes de cruauté de ma propre génitrice. Moi qui croyais tout contrôler, qui connaissais le visage sombre de ma mère et sa capacité à semer la méchanceté et la discorde pour parvenir à ses fins, je me suis illusionné en pensant que j'étais assez fort pour protéger Merveille de son venin.

Mais je me suis trompé, tragiquement et amèrement trompé.

___ Excusez-moi, monsieur, mais je crains que la pluie ne s'abatte à nouveau. Vous feriez mieux de retourner dans la voiture.

le prince et la chrétienne [TERMINÉ] ( RÉÉCRITURE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant