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                   DANS LA PEAU D'AROLE

DIX NEUF ANS PLUS TÔT


           Le retentissement sec des balles heurtant le sol éveille brusquement mes sens, rompant ainsi l'harmonie du silence qui enveloppait ma lecture.

Mes prunelles abandonnent aussitôt les lignes de mon ouvrage pour se tourner vers la cour du palais, où les éclats de joie enfantine résonnent jusqu'à mon balcon.

Je dépose avec délicatesse mon livre sur le rebord de pierre et me redresse légèrement, happé par le spectacle qui se déploie sous mes yeux.

Mes regards scrutent avec attention ces enfants de mon âge s'adonner au jeu, suscitant en moi une envie presque envieuse. Car moi, je suis privé de ce divertissement...afin tant que je n'aurai pas achevé la lecture de cet ouvrage que ma mère m'a recommandé et dont je dois lui faire un compte rendu.

Au bruit de l'ouverture de ma porte, je regagne aussitôt ma place, mon livre entre mes mains tremblantes.

Sous l'effet de l'émotion, je m'empresse de retrouver frénétiquement la page où je m'étais arrêté.

___ Es-tu parvenu à conclure ta lecture?

Je me tourne timidement vers elle, secouant légèrement la tête en signe de négation. Son regard se dirige alors vers le livre et son visage se ferme brusquement. Elle se précipite vers moi et saisissait  le livre avec une certaine hargne.

Mère: Seulement quatre pages ? Cela fait déjà deux jours depuis que je t'ai remis le livre!

Me reproche-t-elle d'un ton cinglant.

Tremblant, j'ose à peine relever les yeux vers elle. Mon regard reste rivé sur mes chaussures, mes yeux s'embuant peu à peu de larmes.

Mère: Quel paresseux tu fais, incapable même d'assimiler les pages d'un si modeste ouvrage ?

Poursuit-elle avec un soupçon de mépris.

Je demeure muet, incapable d'articuler la moindre réponse.

Comment pourrais-je lui expliquer les embûches que je rencontre dans la lecture de ces mots imprimés, et combien terminer ne serait-ce qu'une seule page représente pour moi une montagne à gravir ?

Mère: Mais enfin, quel genre de prince espères-tu devenir si tu es incapable de me lire un si minuscule livre ? Les autres princes de ton âge maîtrisent déjà la lecture à quatre ans et dévorent les livres avec autant d'aisance et de rapidité. Bon sang, ne pourrais-tu pas prendre exemple sur eux ?

La comparaison, toujours cette comparaison, dès que je peinais à répondre à ses attentes.

Me repliant sur moi-même, je laisse mes larmes témoigner à ma place, substituant les mots que je ne peux prononcer.

Mère: Et arrête de geindre, ce n'est pas ainsi que ma colère envers toi s'apaisera. Fais-moi plaisir en achevant ces pages d'ici demain matin et assure-toi de préparer le résumé.

Elle jette brusquement le livre sur la table, me faisant sursauter. Les mains tremblantes, je récupère le livre sous son regard sévère.

Mère: lis ! Et je veux t'entendre !

Sous le poids de sa voix menaçante, je me résigne à fixer ces lignes de phrases laborieusement écrites sur les pages. J'essaie de lire, comme elle vient de me le commander.

le prince et la chrétienne [TERMINÉ] ( RÉÉCRITURE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant