Cinquante sept

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Romy

Sans qu'on ait besoin de parler, on se comprend directement et on se dirige ensemble vers un endroit plus calme.

Il me semble que ça a toujours fonctionné comme ça entre lui et moi. On se comprenait avec un simple regard. Lorsque je suis arrivée en hôpital psychiatrique, j'étais remplie de haine et de folie que j'exprimais haut et fort. J'étais à la limite de l'incontrôlable. Puis on m'a attribué un traitement et j'ai commencé à me calmer. Le médecin qui m'avait prise en charge, m'avait donné l'autorisation de sortir de ma chambre une fois par semaine et c'est là que j'ai croisé Oscar pour la première fois. J'ai su au premier regard qu'on était pareil. Ses yeux reflétaient les miens et j'ai compris que lui aussi se battait contre lui-même, contre sa maladie. Oscar est bipolaire à tendance dépressive et j'ai vu ce jour-là  le reflet de ses pensées car j'ai les mêmes. Depuis on s'est toujours arrangé pour avoir notre autorisation de sortie en même temps.

- On va en parler ?

Je tourne les yeux dans sa direction avant de recracher la fumée de ma cigarette.

- C'est lui c'est ça ?

Je ne réponds pas et continue à fumer. Je sais qu'il a compris et il sait que j'ai compris.

- Je suis content tu sais ?

- Pour ?

- Pour toi. T'es entrain de t'en sortir.

Je lui souris et écrase le mégot dans le cendrier. Je sens que la tournure de cette conversation ne va pas me plaire.

- Je l'ai vue.

Je lui lance un rapide coup d'œil avant de me concentrer à nouveau sur le mur face à moi.

- Tu l'aimes ?

- Quoi ?

- Ce gars là, tu l'aimes ?

- Qu'est-ce que tu me racontes Oscar ? De qui tu me parles ?

Il hausse les sourcils et je sais que la tête qu'il fait signifie que j'ai intérêt à arrêter de faire celle qui ne sait pas. Malgré tout, je n'ai pas envie d'en parler avec lui. On a été un soutien mental et physique l'un pour l'autre dans nos moments les plus durs, mais je n'arrive pas à aborder le sujet avec lui. J'ai l'impression de le trahir si j'en parle alors je me contente d'hocher les épaules. Il secoue la tête avant de soupirer.

- Un jour, t'arrêteras de faire l'ignorante.

Je n'ajoute rien et sors une nouvelle cigarette. Je sais qu'il faudra que ça sorte un jour mais pas aujourd'hui, pas maintenant. Toujours dans le plus grand des silences, la porte de la chambre s'ouvre pour laisser apparaître Mathieu.

- Je dérange ?

Je le regarde simplement sans répondre. Il y avait une sorte de tension de sa part qui était montée. J'adorais être avec lui mais je ne pouvais pas supporter sa colère.

- Ok je vois. Bonne soirée.

Il referme tout aussi vite la porte et je lâche un soupire.

- Lui aussi.

- Oscar.

- Je viens de le voir dans ses yeux Romy. Ce que vous ressentez l'un pour l'autre est réciproque.

Au fond d'ma tête - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant