Vingt huit

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Romy

- T'es déjà rentrée ?

Je ne dis rien et me déchausse. Je me dirige vers ma chambre et enlève ma veste. J'ouvre la fenêtre et récupère mon paquet ainsi qu'un briquet avant de me poser face à celle-ci.

- Romy ?

Je ne réponds pas et aspire la fumée toxique que dégage la cigarette. Les yeux dans le vide, je me repasse les mots du faux blond en boucle. Je me doutais que ça allait arriver à un moment ou un autre. Les gens ont peur des personnes comme moi. Une fois qu'ils sont au courant de ta maladie, ils gardent la face quand tu es là, mais dès que tu as le dos tourné, ils lâchent tout ce qu'ils ont à dire. Simplement je ne pensais pas que Mathieu serait le premier. Il avait l'air sincère dans ses mots quand on en parlait.

- Tu veux que je te laisse ?

- Non.

Je le vois s'installer à mes côtés et sortir à son tour une cigarette.
Je n'ai pas envie d'en parler à Elyo, je sais qu'il va s'énerver et aller s'embrouiller avec son ami. Je ne veux pas créer de problèmes, encore moins si c'est en rapport avec ma maladie. Je suis malade et très peu de personnes peuvent encaisser une telle chose. Ils n'y sont pour rien et je ne leur en veux pas. Mais je suis blessée que Mathieu ait fait semblant pendant autant de temps. J'aurai préféré qu'il m'ignore dès qu'il l'a su au lieu de faire semblant. Surtout qu'apparemment il en avait des choses à dire sur moi.

- Tu veux en parler ?

- Rien d'important.

- T'es sûre ?

- Oui.

Il dit rien de plus et se met à regarder l'horizon à son tour. On reste dans le silence pendant un certain temps, enchaînant les clopes. Je sais que mon cousin n'était pas quelqu'un qui restait calme longtemps et j'appréciais l'effort qu'il faisait pour moi.

- Promets moi de rester sincère.

Du coin de l'œil, je le vois froncer les sourcils. Il se tourne vers moi et j'en fais de même.

- J'ai toujours été honnête avec toi Romy, et je le serai toujours.

J'hoche la tête puis lui souris timidement. Je m'approche de lui dans le but de lui faire une étreinte. Depuis un bon moment j'avais besoin d'un câlin. Les gestes affectueux et moi n'avons jamais été de grands amis mais il m'arrive quand même d'avoir besoin d'affection. Surtout dans mes moments de solitude où j'avais l'impression de tout perdre. Parce que c'était le cas. J'avais l'impression que tout autour de moi était entrain de s'effondrer et que tous les efforts que j'avais faits n'avaient mené à rien. J'avais construit peu à peu des repères, commencé à tracer un chemin mais tout était réduit à néant et j'allais devoir tout recommencer. Tout ça parce que j'ai appris que le Polak se jouait de moi et qu'il me voyait exactement comme tous les autres et ça m'a fait mal de l'apprendre. Maintenant j'allais devoir avancer et reconstruire ce que j'avais commencé sans lui. Et c'était bien mieux ainsi, je ne voulais pas de la pitié des gens et encore moins des hypocrites qui te mentent en te regardant dans les yeux.

Au fond d'ma tête - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant