Au fond d'ma tête - PLK

Dix-neuf

Mathieu

Je reste stoïque face à sa révélation. Je le vois dans ses yeux que sa maladie est entrain de la réduire en miette. C'est la première fois que je perçois quelque chose à travers ses yeux et j'me sens anéanti en voyant cette seule émotion. Je voudrais l'aider mais je ne sais pas comment. Je suis pas médecin et je suis maladroit dans mes mots alors ça va être compliqué.

- Elle est là en ce moment ?

J'ose demander. J'ai peur de sa réponse. Si elle me dit que oui, je ne sais pas si je serai en mesure de faire quelque chose. Quand j'ai ouvert la porte, j'ai vu le cendrier voler sous mes yeux pour atterrir à coté de ma tête. On aurait dit une autre personne et je ne sais pas si j'arriverai à gérer ça.

- Non. Je crois qu'elle est partie. Mais elle va revenir.

Je soupire et l'aide à se relever.

- Aller viens, on va soigner ta main.

Elle baisse les yeux vers sa main blessée et je l'entends soupirer. Je l'entraine vers la salle de bain et cherche de quoi nettoyer la plaie. Il y a juste un peu de sang, mais sa main m'a l'air vraiment fracturée vu la couleur de celle-ci.

- Peut-être que tu devrais aller à l'hôpital ?

- Non.

Je suis surpris par son ton catégorique. Sa main est complètement éclatée mais non, aller à l'hôpital n'est pas une option ? J'suis pas sûr de suivre là.

- Comment ça non ?

- Ils vont encore me faire interner. J'veux pas y retourner.

Je me pince les lèvres et hoche la tête. Je comprends sa décision mais si c'était le mieux pour elle ?

- Je dois prendre mes médicaments.

Elle ne me laisse pas en placer une qu'elle sort de la salle de bain tandis que je reste planté devant le lavabo, le désinfectant dans les mains, prêt à appuyer pour que le produit sorte. Je l'entends passer devant la salle de bain sans pour autant s'arrêter. Je repose tout et sors à mon tour pour voir ce qu'elle est entrain de faire. Je la retrouve dans la cuisine, sur le plan de travail entrain de fumer une clope, et une poche de glace sur sa main blessée.

- Est-ce qu'il y a quelque chose que je peux faire ?

Je m'approche doucement d'elle et sors à mon tour une clope.

- Garder ce qu'il s'est passé pour toi. Elyo ne doit pas être au courant.

J'hoche la tête. Je ne sais pas si je pourrais mentir à mon pote mais je sais qu'elle a besoin d'entendre que je ne vais rien dire.

- Il n'a pas besoin de s'inquiéter plus que ça.

Je ne dis rien et continue à tirer sur le cylindre qui se consume peu à peu.

- Je ne veux pas que t'aies peur de moi.

Je fronce les sourcils. Je relève le regard vers elle mais le sien est toujours en direction de la fenêtre.

- J'ai pas peur de toi. J'ai peur pour toi.

Elle tourne son visage vers le mien et j'y décèle une lueur d'espoir. Elle murmure un merci avant de détourner à nouveau son regard.